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Dépendance...

Dur, dur d'entamer un article avec un mot qui est une atteinte flagrante au libre arbitre. Et pourtant, il suffirait de deux petites lettres pour renouer avec la liberté, pour redynamiser les rêves longtemps caressés. Deux petites lettres pour un simple rajout, un in non pas de mode ou de circonstance mais un plus qui permettrait à la dépendance égarée de retrouver le chemin de l'indépendance.
Un jeu de mots pour un sujet existentiel : il ne suffit évidemment pas de deux lettres pour redonner de l'espoir aux gens, pour rétablir une dignité trop souvent bafouée, mais cela laisse la porte ouverte au débat, à la réconciliation avec le moi, celui que se sont appropriés les rapaces des nuits sans lune.
1943-2010 : c'est progressivement, morceau après morceau, que les anthropophages de service ont opéré, que le phagocyte s'est répandu, a dévoré les cellules rebelles, les a réduites à l'impuissance.
Dépendance veut dire aussi accoutumance, un asservissement à des drogues létales sous la supervision bienveillante, toujours fraternelle, de gourous formés aux meilleures écoles du totalitarisme.
67 ans que cela dure, que l'infamie se prolonge : les protagonistes changent, les tireurs de ficelles se passent le relais, la scène reste la même : un pays voué aux rites sacrificiels, puni pour s'être distingué de son environnement, pour avoir cru que sa différence pouvait être son meilleur bouclier, son meilleur antidote.
C'est d'ailleurs dans la douleur que s'est déroulé l'enfantement, dans un déni de grossesse qui n'a été transcendé qu'à coups d'assurances répétées mais, aussi, de reniements institutionnalisés. Le résultat en a été des équilibres confessionnels précaires, des assujettissements communautaires et, au finish, des double, triple, parfois quadruple allégeances externes, toutes assumées sous l'absurde, le fallacieux prétexte de garantir, de préserver les équilibres internes.
1943-2010 : du « pansyrianisme » au nassérisme, d'une cause palestinienne fourvoyée, salie, utilisée dans l'arène libanaise, à un ordre syrien pyromane autant que pompier, la dépendance a eu ses « heures de gloire », a connu des moments « ineffables » quasiment sanctifiés parce que toujours au service de grandes causes...Celles-là mêmes qui ont amené le loup israélien dans la bergerie, l'ont enraciné des années durant dans la terre libanaise, l'ont introduit dans les méandres de la politique politicienne. Mémoire trahie, amnésies préméditées : que de crimes sont commis au service d'allégeances renouvelées !
Hier, l'Égypte de Nasser, la Syrie de Hafez el-Assad, l'OLP de Yasser Arafat, aujourd'hui, l'Iran d'Ahmadinejad, la Perse impériale aux ambitions clairement affichées, aux visées concrétisées à travers un Hezbollah qui lui est dévoué corps et âme.
Une Perse qui fait de l'ombre à la Syrie, qui s'installe aux portes d'Israël, qui crée les conditions de graves conflits à venir en raison même du jumelage avec le Hezbollah, à cause même de la cassure qui s'approfondit entre un chiisme triomphant et un sunnisme sur la défensive.
Des décisions de guerre ou de paix qui lui échappent, des visions d'apocalypse qui lui sont imposées : l'État libanais, lui, se retrouve sur le carreau, placé en position forcée de suiviste. Un État libanais que l'on veut contraindre à cautionner l'impunité, à laisser le champ libre aux assassins, ceux qui tuent depuis 1943 et qui veulent enfouir dans l'oubli les martyrs des sursauts de conscience...
La boucle serait alors bouclée : sans justice, point d'immunité ; sans état de droit, point de légitimité. Au bout du chemin, la loi de la jungle, celle de milices qui s'entretuent, qui se partagent les lambeaux d'un pays dépecé.
Qui a dit que la Syrie et l'Iran sont les seuls bénéficiaires des allégeances multiples ? En Israël, on se tord déjà de rire...Et on attend patiemment les dividendes ■
Dur, dur d'entamer un article avec un mot qui est une atteinte flagrante au libre arbitre. Et pourtant, il suffirait de deux petites lettres pour renouer avec la liberté, pour redynamiser les rêves longtemps caressés. Deux petites lettres pour un simple rajout, un in non pas de mode ou de circonstance mais un plus qui permettrait à la dépendance...
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