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Et vogue la galère...

L'Iran mène l'Occident en bateau, la Syrie, très bon élève et expert en la matière, lui emboîte le pas... et Israël, tranquillement, tire les marrons du feu. Le Hezbollah, lui, récolte les dividendes de l'impasse annoncée et se permet, en toute arrogance, de signifier ses volontés à une république menacée de foudres divines.
Constat affligeant d'une noire réalité, de desseins nullement camouflés : c'est à une danse infernale au bord d'un précipice que les Libanais sont conviés, une prestation présentée comme un privilège pour la simple raison que le chef d'orchestre a, forcément, toujours raison.
C'est la saison des dupes, des époux trompés et sommés d'en tirer fierté, c'est la saison des chantages, des contraintes, des extorsions mafieuses : le Liban, aujourd'hui, est un laboratoire, un site d'essai pour des expériences fondamentales, le reflet de batailles existentielles entre la dignité et l'infamie, entre la reddition des comptes et l'impunité. Le Liban est aussi un microcosme, le reflet de combats universels entre les démocraties et les dictatures, entre la pensée plurielle et le totalitarisme.
Ne nous y trompons pas : des libertés publiques aux droits de l'homme, d'un libéralisme foncièrement humaniste à une politique de tolérance et de respect des différences, le terrain est propice aux intrusions criminelles, au travail de sape mené méthodiquement à plusieurs échelons : individus, groupes organisés ou régimes emmurés dans leurs certitudes.
Entre terrorisme meurtrier et terrorisme intellectuel, entre passage à l'acte et menaces de passage à l'acte la marge est étroite, la différence inexistante : c'est un même cerveau malade qui planifie et qui exécute, qui agite l'épée et qui l'enfonce dans le corps de sa victime.
Ben Laden est passé à l'acte un certain 11 septembre, a pulvérisé l'idée classique qu'on se faisait de l'ordre mondial et ses émules continuent sur le même chemin, qu'ils soient implantés en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen ou tapis dans leurs tanières en Europe ou aux États-Unis, profitant largement des libertés de pensée et d'action ou des recours démocratiques qu'ils sont loin, bien loin, de connaître dans leurs pays d'origine.
Sans être excessif, il n'est pas faux de dire qu'il s'agit là d'une troisième guerre mondiale, plus dangereuse, plus pernicieuse que les précédentes parce que ses combattants sont des hommes de l'ombre, ses armes des kamikazes, son théâtre d'opération la planète entière, là où se trouvent des « mécréants », des hommes libres, des êtres qui pensent différemment.
Pourquoi l'évocation de cette plaie de l'humanité, de cette menace qui se nourrit de l'ignorance, de la misère des gens ? Pour la simple raison qu'elle existe également chez nous, qu'on l'a vue se déchaîner à Nahr el-Bared et qu'elle tire sa force de l'intolérance, de l'arrogance de la partie qui lui dispute le terrain, d'un Hezbollah tout aussi fanatiquement religieux, tout aussi imbu de sa Vérité, de la pensée divine qu'il croit être la sienne.
Un Hezbollah, qui s'escrime à mettre le Liban au ban de la légalité internationale et qui veut en faire un État rebelle, un État paria, à l'image de l'Iran ou de la Corée du Nord. Haro donc sur l'Occident, sur les valeurs de tolérance, de diversité et d'ouverture qui sont les siennes.
Quelle est la différence entre le réseau d'el-Qaëda et le Hezbollah ? Le premier affiche clairement sa vocation terroriste, le second le voue aux gémonies, mais sème, tout autant, les germes des graves discordes à venir. Dans les deux cas, c'est d'une irakisation impitoyable qu'est menacé le Liban, au nom d'un Dieu qui ne reconnaît plus les siens.
Il nous reste, quand même, un motif de satisfaction : dans les dictionnaires, le mot irakisation pourrait bientôt remplacer le terme libanisation : une virginité retrouvée dans un surcroît de malheurs... Mission accomplie ■
L'Iran mène l'Occident en bateau, la Syrie, très bon élève et expert en la matière, lui emboîte le pas... et Israël, tranquillement, tire les marrons du feu. Le Hezbollah, lui, récolte les dividendes de l'impasse annoncée et se permet, en toute arrogance, de signifier ses volontés à une république menacée de...
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