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Jardin des supplices

Comme d'habitude, comme toujours, tout est une question de timing. Cela tombe bien, disent les uns, mal, rétorquent les autres ; l'initiative est tout à fait opportune, insistent les premiers, totalement malvenue, ripostent les seconds, mais tous, unanimes, reconnaissent que la visite, préméditée ou innocente, fera des vagues, beaucoup de vagues.
Que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, vienne au Liban en visite officielle, il n'y a là, bien évidemment, rien de répréhensible. Le chef de l'État libanais, Michel Sleiman, a, lui-même, passé quelques jours en Iran en novembre 2008 et il était tout naturel que son homologue iranien réponde à l'invitation qui lui avait, alors, été adressée.
Mais là où le bât blesse, concours de circonstances ou volonté délibérée, c'est que cette visite intervient alors que le Liban traverse une situation de crise où l'antagonisme intercommunautaire, sunnito-chiite plus précisément, est à son comble.
Que ce séjour soit perçu par certains comme une provocation, tant par sa programmation que par la mobilisation populaire qu'il est appelé à générer, n'est nullement étonnant, d'autant qu'il se déroulera au plus fort de la polémique au sujet de l'éventuelle implication d'éléments du Hezbollah dans l'assassinat de Rafic Hariri.
D'ores et déjà, des calicots sont apparus dans plusieurs régions, notamment à Tripoli, fief sunnite par excellence, pour dénoncer une « provocation du wali el-fakih », une réaction qui est loin d'être anodine eu égard au climat malsain qui enveloppe le pays.
Mais le problème ne se limite pas au seul volet interne, il englobe également des facteurs externes liés au conflit israélo-palestinien et, par ricochet, au différend entre l'Iran et l'Occident.
Ahmadinejad, ne l'oublions pas, est coutumier de sorties ahurissantes, d'emportements frisant l'incident diplomatique. Ainsi, après avoir mis en doute la réalité des chambres à gaz dans l'Allemagne nazie, d'un holocauste « inventé de toutes pièces », il a, en plein New York, dénoncé une affabulation liée aux attentats du 11-Septembre...
Côté provocation, il n'a, de toute évidence, rien à envier à Mouammar Kadhafi qui, lui, entend islamiser toute l'Europe par le biais d'une démographie galopante, de naissances de bébés musulmans... à la vitesse de la lumière.
Ça, c'est pour le côté anecdotique ! Le danger est ailleurs, il est dans le conflit sur le nucléaire iranien, dans les pressions, dans les sanctions imposées à Téhéran, dans le fait accompli d'une frontière iranienne avec Israël, avant-poste créé, bétonné, clairement affiché à travers un Hezbollah superpuissant, surarmé, un allié indéfectible, viscéralement intégré à la stratégie de longue haleine d'une Perse aux ambitions expansionnistes, carrément impérialistes.
Que les Israéliens s'en inquiètent, qu'ils voient d'un très mauvais œil l'irruption d'Ahmadinejad à quelques encablures de leur frontière, est tout à fait naturel : après tout, le président iranien, à défaut de jeter une pierre sur le territoire israélien par-delà les barbelés, pourrait bien, à partir du « Jardin d'Iran » à Maroun el-Rass, revenir à son antienne et appeler à la disparition de l'entité sioniste de la carte du Proche-Orient.
Le défi de proximité achevé, le spectacle clôturé, Ahmadinejad de retour chez lui, le Liban sera de nouveau confronté à ses vieux démons : discorde sunnito-chiite, dérives sécuritaires, hantise d'une nouvelle aventure sanglante au Liban-Sud.
Du Jardin d'Iran au Jardin des supplices, il n'y a, après tout, qu'un pas, qu'un faux pas à accomplir. Nombreux sont ceux qui ont hâte de le franchir...

Comme d'habitude, comme toujours, tout est une question de timing. Cela tombe bien, disent les uns, mal, rétorquent les autres ; l'initiative est tout à fait opportune, insistent les premiers, totalement malvenue, ripostent les seconds, mais tous, unanimes, reconnaissent que la visite, préméditée ou innocente, fera des vagues, beaucoup de vagues.Que le...
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