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Labyrinthes

Terrifiante, la haine, insoutenable, la détestation qui mine les esprits, investit les cœurs, dynamite les ponts du dialogue, de la convivialité.
Hallucinantes, les dérives qui prennent naissance dans des foyers murés dans leurs convictions, dans leurs exclusives, qui s'incrustent dans les écoles, s'étendent aux universités, un long fleuve tumultueux qui charrie griefs et frustrations, colères et soifs irrépressibles de vengeance.
Cela a été dit et redit, écrit noir sur blanc dans ces mêmes colonnes : le passé honni, les fantômes hideux du passé taraudent toujours les âmes et le relais du déshonneur passe de main en main, de génération en génération, véhiculant les mêmes inféodations, les mêmes rancunes et ressentiments. Les réalités du terrain nous le rappellent tous les jours, les déclarations des bonzes politiques nous le confirment sans arrêt, les partisans les plus excités nous en fournissent quotidiennement la preuve.
Ainsi, à titre d'exemple, L'Orient-Le Jour reçoit, dans le cadre du courrier des lecteurs, des réactions, heureusement peu nombreuses, tellement venimeuses que leur simple publication serait une incitation à la guerre civile. La haine, le rejet de l'autre y sont exprimés avec une telle violence qu'on en reste pétrifié, glacé d'horreur.
Leurs auteurs, systématiquement, ressassent les atrocités du passé pour justifier les dérives d'aujourd'hui, exhibent les détails les plus odieux pour annoncer les cruautés à venir. Un verbe pernicieux, destructeur, subrepticement infiltré dans les milieux universitaires supposés, pourtant, en être immunisés.
« Des dérapages inadmissibles se sont manifestés ces derniers temps : on ne se respecte plus, on s'insulte ; on ne s'insulte plus, on se frappe. Les auteurs de tels actes, quels qu'ils soient et quels que soient leurs prétextes, sont indignes et méprisables. » Ces propos sont ceux qu'a tenus, il y a quelques jours, à l'occasion de la Saint-Joseph, le recteur de l'USJ. Un cri de conscience, dans un monde devenu fou, un cri d'alarme reflet d'une inquiétude croissante, d'une interrogation pressante : les jeunes sont-ils donc condamnés à relayer les erreurs de leurs aînés, à se fourvoyer dans les mêmes fractures, dans les labyrinthes de l'ostracisme et du rejet ?
Interrogation cruciale alors même que ces jeunes se voient offrir le plus beau des cadeaux : le vote à 18 ans.
En seront-ils dignes alors qu'ils sont soumis à la plus perverse des intoxications, qu'ils sont entraînés dans la pire des opérations de lavage de cerveau ?
Nos nuits blanches sont désormais faites de pensées noires : et si l'avenir devait ressembler à notre présent, qu'adviendrait-il alors de nos rêves passés, ceux qui ont accompagné la naissance du Liban ? Qu'adviendrait-il de notre pluralité, de notre diversité, de l'unicité qui nous distingue du reste du monde arabe ?
Balayées par les vents de l'intransigeance, assassinées par les forcenés de l'exclusion... 
Terrifiante, la haine, insoutenable, la détestation qui mine les esprits, investit les cœurs, dynamite les ponts du dialogue, de la convivialité.Hallucinantes, les dérives qui prennent naissance dans des foyers murés dans leurs convictions, dans leurs exclusives, qui s'incrustent dans les écoles, s'étendent aux universités, un long fleuve...
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