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Décompression

Nul besoin de porter des binocles ou d'utiliser des jumelles pour s'en rendre compte, pour réaliser que les choses bougent et que de nouvelles donnes s'installent dans la région.
Nul besoin d'un télescope pour suivre l'évolution des missives qui traversent les continents, véhiculent la « bonne parole » américaine, assaisonnée à la sauce Obama. « It's obvious », diraient les Britanniques qui viennent de prendre langue avec le Hezbollah par médias interposés.
Nul besoin, enfin, du « téléphone arabe », ce fameux bouche à oreille qui colporte les rumeurs les plus folles, pour comprendre que de Damas à Riyad, du Caire à Doha, le « khamsin » du désert, celui qui obscurcit la vue et alourdit l'esprit, cède progressivement la place à des vents doux, ceux de l'apaisement, de la réconciliation.
Les choses bougent, changent, et les divers acteurs avancent déjà leurs pions en fonction de l'équation en gestation. À défaut d'abattre le fauve, de le neutraliser, on tente donc de l'apprivoiser, de le ramener à de meilleurs sentiments.
En clair, faute d'avoir réussi à mettre en place le « nouveau Moyen-Orient » issu de l'imagination des « grands penseurs » de l'administration Bush, on « fait avec » ce qui existe déjà, on se convainc que ce qui n'a pu être réalisé avec le bâton pourrait bien l'être avec la carotte.
Et c'est ainsi que l'on voit débarquer en Syrie émissaire américain après émissaire, que l'on entend murmurer dans les couloirs du département d'État qu'un nouvel ambassadeur serait nommé sous peu à Damas. L'éclaireur, le démineur, souvenons-nous en, était français et le chemin avait été pavé, au fil des mois, par diverses délégations européennes.
Une reconversion qui s'accompagne d'ouvertures sur le Hezbollah et le Hamas, des perches tendues aux « terroristes » d'hier avec l'assentiment des États-Unis. Le changement, admettons-le, est important, il s'agit, maintenant, de réussir l'apprivoisement. Deux facteurs peuvent y contribuer : la réconciliation interarabe et le retrait annoncé des forces américaines du piège irakien.
Deux interrogations essentielles à ce stade de la réflexion : qu'en sera-t-il des relations futures entre Damas et Téhéran ? Quand sonnera l'heure des négociations directes entre la Syrie et Israël sous l'égide de la Turquie, principale puissance amie des États-Unis dans la région, que le président Obama honorera, bientôt, de sa première visite à un pays musulman ?
Reste, bien évidemment, le nœud du nucléaire iranien, mais, là aussi, Washington entend se lancer dans une nouvelle approche qui pourrait jeter les bases d'un dialogue serein. Dans le lexique de la diplomatie, ne l'oublions pas, le mot impossible n'existe pas, quoique avec Téhéran, on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise surprise, d'une décision inconsidérée.

*****

Et le Liban dans tout cela, me diriez-vous ? Sans conteste, il a tout à gagner d'un apaisement des tensions au Proche-Orient, d'une réconciliation entre l'Arabie saoudite et la Syrie, d'un rapprochement entre Damas et Washington et, au finish, d'une paix globale avec Israël.
Pour rappel seulement : c'est de Beyrouth que l'ouverture US sur Bachar el-Assad a été entamée, et c'est à Beyrouth que Jeffrey Feltman est retourné pour réaffirmer les constantes de la politique américaine : un Liban indépendant, démocratique et souverain, définitivement libéré du fardeau syrien après le retrait des forces de l'infamante tutelle.
Et en accompagnement, en arrière-plan, la réalisation de l'objectif principal de la révolution du Cèdre : le coup de grâce donné à l'impunité avec la création du Tribunal spécial de La Haye.
Des fauves potentiellement apprivoisés et un parapluie protecteur international : les Libanais auraient tort de rechigner, de faire la fine bouche. Il leur restera, toutefois, à conforter les acquis obtenus ; ce sera le 7 juin prochain, le dimanche de la vérité électorale.
Chaque voix comptera et toute abstention portera la marque de l'indignité ■
Nul besoin de porter des binocles ou d'utiliser des jumelles pour s'en rendre compte, pour réaliser que les choses bougent et que de nouvelles donnes s'installent dans la région. Nul besoin d'un télescope pour suivre l'évolution des missives qui traversent les continents, véhiculent la « bonne parole » américaine, assaisonnée...
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