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Le 7 juin, l’électeur s’en souviendra…

Que cela plaise ou non, dérange ou pas, que cela fasse sortir les uns de leurs gonds ou ricaner les autres dans leurs chasses gardées, le topo est déjà bien tracé, bien ficelé, et tous n'ont d'autre choix que de s'y faire, de s'y adapter.
S'estimer agressé, floué ou victime d'une vaste machination pour la simple raison que la bipolarisation pourrait battre de l'aile équivaut à rejeter le jeu démocratique, à s'enliser dans un manichéisme primaire dont le seul résultat est de consacrer la cassure nationale, de rendre le pays ingouvernable.
L'épouvantail, tenez-vous bien, a pour nom centrisme : il fait blanchir les cheveux de certains, fait perdre les leurs à d'autres. Annonciateur du changement, animé par la seule ambition de rendre ses droits à l'État, il est, pour ses contempteurs, le glaive qui trucide le tiers de blocage, qui décapite l'obstructionnisme.
Les jeux sont, évidemment, loin d'être faits, mais chaque jour qui passe, chaque aube qui se lève ajoutent de nouvelles pierres à l'édifice, gonflent le réservoir des voix dissidentes, celles qui sont revenues de bien loin, qui ont longtemps été aux laveries bien connues du cerveau.
Ironie du sort : ceux-là mêmes qui « descendent » le courant centriste et l'accusent de tous les maux contribuent le plus à son essor, à l'élargissement de son assiette populaire. Ceux-là mêmes qui multiplient les déclarations intempestives, font de leurs discours des cours d'anatomie et œuvrent inlassablement à affaiblir l'autorité de Bkerké tracent de leurs propres mains les chemins de l'incompréhension, du divorce.
N'y allons pas par mille chemins : les chrétiens, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, ne comprennent pas que leur rôle ait pu être autant marginalisé par ceux-là mêmes qui prétendent défendre leurs intérêts.
Ils ne comprennent pas que la fidélité à l'Église maronite doive suivre le chemin tortueux de Damas pour s'y manifester, comme si l'intention était de « booster » une autre référence maronite sous bonne garde baassiste, une référence qui serait acquise au nouveau dépositaire de la bonne parole !
Mais ne nous égarons pas : c'est au Liban que les élections prendront place et c'est aux électeurs libanais que les enfonceurs de portes ouvertes auront à rendre compte un jour ou l'autre.
Et là, les questions s'entrechoquent, s'élèvent comme autant de flèches longtemps contenues : qu'a donc amené aux chrétiens le document d'entente signé avec le Hezbollah ? Les prisonniers libanais, les nombreux disparus dans les geôles syriennes sont-ils réapparus au grand jour grâce à l'intercession du parti de Dieu auprès de ses amis baassistes ?
Les agendas étrangers, iraniens plus précisément, ont-ils été éliminés du lexique du Hezbollah ? Les moyens de persuasion, dont certains se gargarisent, l'ont-ils convaincu de se ranger sous la seule férule de l'État ? L'ont-ils amené à s'en remettre au seul État pour ce qui est des décisions de guerre ou de paix, l'ont-ils persuadé de totalement « libaniser » ses options, de les mettre au seul service du pays du Cèdre ?
Les questions s'entrechoquent, s'élèvent comme autant de flèches longtemps contenues : les visites en Syrie, chez ceux-là mêmes qui couvrent l'aberration de l'État dans l'État, ont-elles modifié l'équation de base, celle faite de chantages et de mensonges ? Est-ce à la saint-glinglin que l'ambassadeur syrien pointera à Beyrouth, est-ce à la même date que les bases palestiniennes inféodées à Damas disparaîtront du territoire libanais, que la délimitation des frontières sera effectuée, que Chebaa sera, officiellement et par écrit, consacrée libanaise pure souche ?
Il est des flirts, des ouvertures, des blancs-seings accordés à l'imposture dont l'électeur se souviendra le jour venu. Un réservoir de voix libres, d'yeux dessillés, de mémoires épurées, qui pèsera lourd dans la balance, qui fera tout simplement la différence.
Que certains s'en inquiètent ou s'en irritent, c'est fort compréhensible, mais que les campagnes délétères puissent s'accompagner d'incidents sécuritaires, d'une déstabilisation rampante s'étendant du Nord au Sud, de l'intérieur à la frontière avec Israël, cela en devient suspect, cache peut-être des intentions inavouées.
« Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras », dit le proverbe. À défaut d'une victoire garantie en juin prochain, certains planifient-ils déjà de préserver le statu quo actuel, de pérenniser le tiers de blocage salvateur, au nom de l'intérêt supérieur de la République, celle qu'on s'évertue à vider de son sang, de son âme ?
Cent jours pour en avoir le cœur net. Combien d'attentats, combien d'agressions, combien de missiles anonymes tirés vers Israël d'ici là ? 
Que cela plaise ou non, dérange ou pas, que cela fasse sortir les uns de leurs gonds ou ricaner les autres dans leurs chasses gardées, le topo est déjà bien tracé, bien ficelé, et tous n'ont d'autre choix que de s'y faire, de s'y adapter.S'estimer agressé, floué ou victime d'une vaste machination pour la simple raison que la bipolarisation...
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