Rechercher
Rechercher

Devoir de mémoire, devoir de justice

La surprise était double : réconfortante, rassurante pour les uns, énervante, inquiétante pour les autres. Double surprise, mais aussi double message : quatre ans plus tard, malgré les erreurs de parcours, malgré les chantages politiques, les dérives sécuritaires, le pouls du bon peuple du Liban bat toujours au rythme du slogan de la révolution du Cèdre : liberté, souveraineté, indépendance.
Quatre ans plus tard, c'est toujours ce bon peuple du Liban qui rythme la cadence, qui donne le « la », qui bouscule les préjugés, les idées préconçues.
Non, la lassitude, le découragement, distillés dans les esprits au fil des années noires, n'ont pas anéanti les énergies, n'ont pas brisé les volontés.
Non, les campagnes de dénigrement, les insultes, les atteintes aux plus hautes autorités morales n'ont pas flétri les âmes pures, n'ont pas éloigné les ouailles de leur bon pasteur.
Samedi 14 février, cette foule immense venue des divers horizons musulmans, druzes et chrétiens, les centaines de milliers de Libanais rassemblés place des Martyrs, cette place si bien nommée, n'ont pas investi le cœur de Beyrouth pour prêter allégeance à tel leader ou tel autre zaïm. Ils sont « descendus » dans la capitale pour manifester leur ras-le-bol, pour dire « assez » aux assassins de la légalité, aux prédateurs, aux destructeurs de l'État de droit.
Du Akkar déshérité, de la Békaa déchirée, du Chouf convalescent, du Kesrouan, du Metn, de Jbeil entraînés dans les tourments de la division, ils ont élevé la voix pour hurler « halte à l'imposture, halte au mensonge ».
À deux semaines du tournant historique de La Haye, à des encablures du bûcher apprêté pour exécuter l'impunité, le devoir de mémoire s'imposait, le droit à la justice se devait de s'exprimer. C'est chose faite depuis samedi, mais il reste à savoir si toutes les parties en tiendront compte, si tous les protagonistes du « delirium tremens » qui emporte le Liban en tireront les leçons nécessaires, dresseront le constat qui s'impose.
Il va de soi qu'à quatre mois des législatives, toute remise en question, toute modification de calculs longuement cogités seront lourdes de conséquences, notamment dans les régions chrétiennes où se concentre l'essentiel de la bataille.
Mais il est tout aussi vrai que l'obstination dans les mêmes dérives, la constance dans la fracture imposée à ces mêmes régions auront des résultats encore plus fâcheux, induiront un prix exorbitant à payer, les vents ne soufflant plus dans la direction souhaitée.
Hier le ras-le-bol a été exprimé bien haut place des Martyrs, la réplique viendra rapidement, inévitablement du cœur même de la banlieue sud, une réplique qui déterminera le ton des discours qui s'élèveront alors de Rabieh. Entente cordiale oblige...
Une réplique qui ne sera que le miroir du clivage national, de la fracture politique, la consécration d'un morcellement délibéré préservant les arsenaux de l'illégalité, du non-droit.
Tribunal international le 1er mars, élections générales le 7 juin : cruciales sont les échéances, dramatiques pourraient être les perspectives. Au jeu de qui gagne perd, l'empêcheur de tourner en rond ne se cache même plus, fort qu'il est des fortins établis sur les ruines de l'État de droit...
...Mais oublieux d'une vérité qui l'interpelle, qui le poursuit : le ras-le-bol, l'exaspération qui se sont exprimés samedi 14 février place des Martyrs, place de la Liberté ■
La surprise était double : réconfortante, rassurante pour les uns, énervante, inquiétante pour les autres. Double surprise, mais aussi double message : quatre ans plus tard, malgré les erreurs de parcours, malgré les chantages politiques, les dérives sécuritaires, le pouls du bon peuple du Liban bat toujours au rythme du slogan de...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut