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Pendules de mai

l n’y a pas à dire : c’est un sans-faute qu’il a déjà accompli et, Taëf ou pas Taëf, il redonne à la présidence le lustre perdu au cours des années écoulées. Médiateur en coulisses, arbitre dans les situations conflictuelles, décideur quand l’impasse s’installe, il est loin d’affectionner les coups d’éclat, mais entend bien mener à terme les objectifs qu’il s’est assignés, qu’ils aient été pris au piège des querelles de clans ou de partis, ou vitriolés par les bonzes du clientélisme.
En transférant du Sérail au palais de Baabda la réunion ministérielle de samedi dernier, le président Sleiman a désamorcé la bombe que l’opposition, celle-là même qui participe au pouvoir (mais on n’est pas à un paradoxe près), entendait faire exploser à la face de Fouad Siniora et de la majorité.
Sorti du placard lors du vote au Parlement, « dans le strict respect des règles démocratiques », selon les propres termes du chef de l’État, le Conseil constitutionnel n’est plus qu’à quelques encablures de son port d’attache, et les derniers mètres, le président est résolu à ce qu’ils soient franchis sans encombre, sans remous.
Les nominations judiciaires intervenues samedi semblent d’ailleurs paver la voie à une entente à ce niveau, alors même que le comité de dialogue reprend aujourd’hui même ses travaux sous la houlette du chef de l’État.
Et là, on est automatiquement confronté à une autre réalité, celle qui trace la ligne de séparation entre le possible et l’impossible, les points d’accord et ceux du désaccord. Si, à quelques mois du scrutin législatif, la mise en place des structures propres à la justice est incontournable, le débat, ce lundi, à la table de dialogue sur la stratégie de défense ne peut que se heurter au mur d’intransigeance édifié par le Hezbollah dès lors qu’il est question du sort de ses armes.
Mais, là aussi, quoique la réunion d’aujourd’hui soit condamnée à être de pure forme, le parti de Dieu ne pourra qu’applaudir, à son corps défendant, au doublé réalisé par l’État libanais pour renforcer son armée : des Mig 29 russes et des chars américains M 60, en sus d’armes de précision pour les forces aériennes et terrestres. Une compétition russo-américaine, autant inattendue que bienvenue, qui doit laisser pantois plus d’un cacique du Hezbollah…
Lequel parti, rappelons-le, a toujours justifié son existence même et la pérennité de son arsenal par la quasi-neutralisation de l’armée, qu’elle soit d’ordre logistique ou induite de l’extérieur par la constitution d’un État « d’ordre divin » dans l’État.
Des données nouvelles, donc, qui ne manqueront pas d’animer les discussions d’aujourd’hui à Baabda, de centrer le débat autour du point essentiel : l’intégration de la Résistance dans l’armée, sa soumission à la seule autorité de l’État.
Une vue de l’esprit dans l’état actuel des choses, le Hezbollah se donnant désormais une mission extranationale : continuer à se battre jusqu’à la libération de toute la Palestine. Dans cette optique, Chebaa ne représente plus qu’un détail au service d’une plus grande cause.
On est loin, bien loin des propositions de Michel Aoun d’une guérilla populaire disséminée dans tous les coins et recoins du paysage géographique chrétien en appui à la Résistance. On est loin, bien loin des aspirations légitimes de tout peuple, de toute nation à un État fort, doté d’une armée forte, celui que tente de mettre en place le président Sleiman en accord total avec le Premier ministre.
Les électeurs libanais, les chrétiens d’entre eux tout particulièrement, sauront-ils, en mai prochain, séparer le bon grain de l’ivraie ? De la réponse à cette question dépendra l’avenir du pays : le maintien de l’impasse, du gel des institutions, des tiers de blocage, ou l’émergence d’un courant véritablement majoritaire, susceptible de remettre les pendules à l’heure.
L’heure qui fera la différence, celle de l’État de droit, du progrès tout simplement.
l n’y a pas à dire : c’est un sans-faute qu’il a déjà accompli et, Taëf ou pas Taëf, il redonne à la présidence le lustre perdu au cours des années écoulées. Médiateur en coulisses, arbitre dans les situations conflictuelles, décideur quand l’impasse s’installe, il est loin...
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