Alep, bastion du régime et centre économique de la Syrie, avait jusqu’ici été relativement épargnée par la vague de colère contre le régime du président Bachar el-Assad qui secoue le pays depuis le 15 mars. « Les révolutionnaires, venez des provinces d’Alep et d’Idleb et entrez dans le cœur d’Alep demain jeudi pour manifester et allumer l’étincelle de la révolution », avaient appelé les militants des droits de l’homme sur leur page Facebook, moteur de la contestation.
Dans la province d’Idleb dans le Nord-Ouest, les troupes ont par ailleurs pénétré dans de nouvelles localités au lendemain d’une intervention dans la même région au cours de laquelle dix civils ont été tués par les forces syriennes. « Environ 60 chars et 100 transports de troupes sont sortis du village d’al-Barra se divisant en deux groupes, l’un se dirigeant vers le village de Kfar Nabl et l’autre allant vers Kansafra », a déclaré Rami Abdel Rahmane, président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à Londres. Selon SNN, Kfar Nabl était assiégée et des hélicoptères tiraient sur la foule.
Toujours selon SNN, plusieurs manifestations ont eu lieu dans le plateau du Houran. Parallèlement, Mohammad Sleimane Khalif al-Rifai est mort après avoir été torturé en prison, a rapporté SNN.
À Deraa, des protestataires scandaient : « La mort est mieux que l’humiliation ».
À la faculté d’économie de Damas, trois étudiants ont été arrêtés par les forces de l’ordre alors que des chabbiha étaient vus dans la soirée à Moadamia, dans la capitale, toujours selon la page Facebook.
La violente répression des manifestations réclamant libertés et démocratie a fait, selon les ONG, plus de 1 300 morts civils et provoqué l’arrestation de 10 000 personnes en trois mois et demi de révolte.
Dans ce contexte, un élu démocrate américain en déplacement officiel en Syrie a déclaré que le président Bachar el-Assad lui avait promis qu’il « retirerait ses troupes des villes ». « Il m’a assuré qu’il le ferait et aujourd’hui, on vient d’apprendre qu’il a tout juste commencé à le faire », a expliqué le député de la Chambre des représentants Dennis Kucinich dans un communiqué. L’élu a ajouté qu’il a également rencontré des membres du peuple syrien qui pensent que chasser du pouvoir Bachar el-Assad sans savoir au préalable qui le remplacera risque de « rendre les choses démesurément plus graves ».
Parallèlement, dans une tentative d’unifier les rangs de l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur, le militant syrien Hassan Abdel Azim a fait état de la mise en place « d’un comité de coordination national qui a rédigé un document politique soumis à l’examen des opposants et personnalités ». Ce comité, dont l’objectif est la transition démocratique en Syrie, est constitué de plusieurs formations – kurde, communiste, socialiste et de gauche – et regroupe des opposants connus tels Michel Kilo, Haitham al-Maleh (en Syrie), et Bourhane Ghalioune et Rami Abdel Rahmane (à l’étranger). L’interdiction pendant 40 ans de toute contestation politique par ce régime, qui a jeté les opposants en prison ou les a contraints à l’exil, « a empêché la formation de véritables partis », selon l’avocat des droits de l’homme Anouar Bounni, qui espère que « la pression de la rue » y parviendra pour ensuite trouver des « issues vers un État démocratique ».
La création de ce comité intervient après la réunion sans précédent lundi à Damas d’une centaine d’opposants indépendants et d’intellectuels qui ont appelé à la poursuite du « soulèvement pacifique » jusqu’à l’avènement de la démocratie en Syrie, gouvernée par le Baas depuis près de 50 ans.
(Source : AFP)