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Six mois après, le printemps arabe face à de lourdes menaces - Analyse

La Turquie se veut « source d’inspiration » pour les Arabes, mais craint pour son influence

Pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, « la Turquie a démontré que l’islam et la démocratie peuvent parfaitement coexister ».
La Turquie se veut « source d’inspiration » pour le changement dans les pays arabes, tout en craignant de voir tomber un à un les dirigeants en place avec lesquels elle a patiemment noué des liens, du Libyen Kadhafi au Syrien Assad, développant d’importants échanges.
« Nous n’essayons pas d’être un modèle pour qui que ce soit, mais on peut être une source d’inspiration (...) car la Turquie a démontré que l’islam et la démocratie peuvent parfaitement coexister », déclarait fin février à l’AFP le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, alors que la révolte grondait en Libye. « Le fait d’avoir une croyance religieuse ne vous empêche pas de vivre une démocratie, et la démocratie ne vous empêche pas d’avoir des croyances religieuses, et dans ce pays, cela fait des années que nous arrivons à vivre ces deux situations, et nous sommes contents comme cela », avait ajouté le chef du gouvernement islamo-conservateur turc.
La veille, M. Erdogan avait jugé que le régime libyen ne devait pas commettre « l’erreur » d’ignorer les demandes de son peuple, pour plus de démocratie. Une première étape, dans une lente évolution qui devait finalement l’amener à demander, à contrecœur, le départ du colonel Mouammar Kadhafi.
C’est que la Turquie a perdu, au moins provisoirement, d’énormes intérêts économiques dans l’insurrection libyenne. Environ 25000 Turcs, 200 entreprises, pour la plupart spécialisées dans le bâtiment et la construction avec des marchés représentant environ 15 milliards de dollars, étaient présents en Libye avant la crise.
Fin novembre dernier, le dirigeant turc était venu à Tripoli recevoir le prix Kadhafi des Droits de l’homme, une visite critiquée par l’opposition.
Depuis plusieurs années, M. Erdogan et le président Abdullah Gül ont noué des liens, parfois personnels, avec de nombreux dirigeants arabes, du Golfe à la Jordanie, de la Libye à la Syrie ou au Soudan, développant du même coup les échanges commerciaux.
La compagnie Turkish Airlines a ouvert de nombreuses escales ou multiplié ses vols dans ces pays, les entreprises turques s’y sont installées, et le tourisme arabe s’est développé en Turquie, notamment à Istanbul.
M. Erdogan est devenu une sorte de héros à Gaza, pour ses virulentes charges contre Israël et son soutien à la cause palestinienne et au Hamas.
C’est cette diplomatie hyperactive, et commerciale, qui est aujourd’hui confrontée au printemps arabe.
Face à la grave crise syrienne, M. Erdogan est aujourd’hui contraint de réclamer avec insistance « des réformes urgentes » au président Bachar el-Assad, dont il répétait auparavant qu’il était un « ami », après avoir supprimé les visas entre les deux pays voisins.
Et de tenter au plus vite de nouer des liens avec ceux qui, demain, pourraient succéder aux leaders contestés au Proche-Orient.
La Turquie a ainsi pris langue avec le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion libyenne, et le président Gül a été le premier chef d’État à se rendre au Caire après la chute de Hosni Moubarak le 11 février.
Au cours de cette visite, le 4 mars, il a rencontré les chefs de tous les principaux partis, et les jeunes de la place Tahrir auxquels il a vanté le « modèle » turc.
« Le modèle turc est une réussite, car il réunit la modernité, les fondements de l’islam et le respect de l’identité de la société musulmane », déclarait pour sa part la semaine dernière à l’AFP Ali el-Aryadh, porte-parole officiel du parti islamiste Ennahda, en Tunisie, pays lui aussi en plein bouleversement.
(Source : AFP)
La Turquie se veut « source d’inspiration » pour le changement dans les pays arabes, tout en craignant de voir tomber un à un les dirigeants en place avec lesquels elle a patiemment noué des liens, du Libyen Kadhafi au Syrien Assad, développant d’importants échanges.« Nous n’essayons pas d’être un modèle pour qui que ce soit, mais on peut être une source d’inspiration (...)...