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Culture - Concert

« Dans la présence de l’absence », Marcel Khalifé chante Darwish à la salle Pleyel

Qui mieux que Marcel Khalifé pouvait rendre ce vibrant hommage à son ami et complice de toujours, le grand poète palestinien disparu Mahmoud Darwish ? Ce fut chose faite à Paris, dans une salle Pleyel survoltée, lors d'un concert unique et exceptionnel intitulé « Dans la présence de l'absence ».

À la salle Pleyel, Marcel Khalifé accompagné de l’excellent ensemble al-Mayadine. (DR)

Dans le cadre du cycle de concerts Mare Nostrum, sous l'œil totalement médusé des vigiles de la salle Pleyel qui n'avaient sans doute jamais assisté à pareil délire, Marcel Khalifé a offert à deux mille personnes en totale ébullition un moment d'une rare intensité. Il est des musiques qui portent les mots, leur donnant soudain une signification nouvelle, une couleur impromptue, une lecture différente. Que serait Aragon sans Ferrat et que serait Darwish sans Khalifé? Ce long parcours du musicien et du poète, dont la longue et fructueuse collaboration a constitué un répertoire unique et engagé au service de la cause palestinienne, a réussi à captiver un public qui, des années après, est toujours fidèle au poste.
Tour à tour chanteur, récitant, instrumentiste ou chef d'orchestre, Marcel Khalifé a montré toute l'étendue de son talent, de sa diversité, de son universalité. Pour l'accompagner, l'excellent ensemble al-Mayadine, mélange d'instruments du «takht charqi» et de ceux de l'orchestre de chambre occidental, dans une harmonie fusionnelle totale, communion de l'Orient et de l'Occident dont seuls les Libanais sont capables. Les poèmes et les chants s'enchaînent, souvent introduits par des solos instrumentaux, oud, violon, piano, percussions, clarinette, violoncelle, contrebasse, faisant entendre à quel point chacun de ces musiciens est un grand soliste à part entière. La performance pianistique de Rami Khalifé, lui-même compositeur et excellent improvisateur, déchaîne encore un peu plus un public qui connaît tous les morceaux par cœur et ne se prive pas de les entonner: Rita wal boundoukia (Rita et le fusil), al-Asfour (L'Oiseau), que Marcel Khalifé dédie aux révolutionnaires du Printemps arabe, al-Jawaz (Le Passeport), etc. Mais au moment du bouleversant et mythique Oummi (Ma mère), l'artiste demande le silence total et celui-ci s'abat comme une chape sur une salle brusquement submergée par l'émotion. Deux grandes chanteuses, tantôt choristes, tantôt solistes, complètent ce tableau: Oumaïma Khalil qui d'une voix au timbre sombre et déchirant chante a cappella Ouhibbouka aktar (Je t'aime encore plus) et Yolla Kiriakos qui offre avec Marcel Khalifé un duo très émouvant.
Outre son activité de chanteur engagé, Marcel Khalifé est un grand compositeur de musique savante. Son catalogue comprend aussi bien de la musique de chambre que de la musique symphonique et il a été le mentor de grands compositeurs libanais, tels que Charbel Rouhana ou Mahmoud Turkmani.
Ce soir-là, salle Pleyel, par la grâce de la musique et de l'interprétation de Marcel Khalifé et d'al-Mayadine, et par la constance d'un public toujours fidèle à Mahmoud Darwish et à son engagement, l'absent était bel et bien
présent.
Zeina SALEH KAYALI
Chargée de mission à
la Délégation libanaise
près de l'Unesco
Dans le cadre du cycle de concerts Mare Nostrum, sous l'œil totalement médusé des vigiles de la salle Pleyel qui n'avaient sans doute jamais assisté à pareil délire, Marcel Khalifé a offert à deux mille personnes en totale ébullition un moment d'une rare intensité. Il est des musiques qui portent les mots, leur donnant soudain une signification nouvelle, une couleur...

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