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Couverture spéciale de la révolte au Yémen - Papier d'angle

Ryad pourrait détenir la clé de la solution

L'Arabie saoudite, où le président yéménite Ali Abdallah Saleh est hospitalisé, pourrait détenir la clé d'une solution au Yémen, en encourageant le chef de l'Etat contesté à signer sur place un accord de transition ou en entravant son retour à Sanaa.
M. Saleh, qui se trouve depuis samedi soir dans un hôpital de Ryad après avoir été blessé dans un attentat, refuse de quitter le pouvoir malgré une vague de contestation populaire dans le pays et des pressions internationales.
Mais sa présence à Ryad "pourrait constituer une occasion pour le royaume" de relancer ses efforts en vue d'un règlement au Yémen, pays frontalier et dont la stabilité constitue "un intérêt stratégique pour Ryad", estime l'analyste Ibrahim Sharqieh.
"Chaque jour qui passe affaiblit la position de Ali Abdallah Saleh et amenuise ses chances de retourner à Sanaa", ajoute M. Sharqieh, directeur adjoint du Brookings Doha Center.
Le vice-président yéménite, Abed Rabbo Mansour Hadi, a déclaré lundi que M. Saleh, opéré à Ryad où les soins sont meilleurs qu'à Sanaa, se portait bien et qu'il rentrerait au Yémen dans "les prochains jours".
Mais l'opposition parlementaire s'est déclarée déterminée à empêcher son retour et les jeunes contestataires qui campent sur la place du Changement à Sanaa ont appelé à une manifestation mardi dans la capitale pour s'opposer à ce qu'il regagne Sanaa.
"Je pense que l'Arabie saoudite va fortement le dissuader de retourner au Yémen", estime pour sa part Olivier Da Lage, auteur d'une "Géopolitique de l'Arabie saoudite", soulignant que Ryad "est l'acteur qui détient le plus de clés" dans ce pays voisin, parent pauvre de la péninsule arabique.
Les relations de Ryad se sont améliorées ces dernières années avec le chef de l'Etat yéménite, notamment après le règlement d'un contentieux frontalier en 2000 et en raison de la détermination affichée de M. Saleh de lutter contre le terrorisme.
Mais Ryad entretient également de bonnes relations avec les tribus, dont celle des Hached que des combats ont opposé depuis mai à Sanaa aux forces fidèles à M. Saleh et qui reçoivent une aide financière du royaume selon les analystes.
M. Saleh a fortement irrité Ryad en refusant à plusieurs reprises de signer à Sanaa le mois dernier un accord de transition élaboré par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) dont l'Arabie saoudite est le chef de file.
Il avait même envoyé des centaines de ses partisans encercler le secrétaire général du CCG et les principaux ambassadeurs occidentaux en poste à Sanaa, qui étaient réunis au siège de l'ambassade des Emirats arabes unis pour attendre sa signature sur le texte.
Le plan prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard du président en échange de l'immunité pour le chef de l'Etat et ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.
Abdel Aziz al-Sager, directeur du Gulf Research Center basé à Dubaï, estime que l'Arabie saoudite pourrait "demander au président Saleh de signer pendant son séjour à Ryad l'accord sur la transition".
Cette signature pourrait avoir lieu dans le cadre d'une prochaine réunion prévue dans la capitale saoudienne des chefs de diplomatie du CCG, ajoute-t-il.
Un haut responsable saoudien qui a requis l'anonymat a souligné pour sa part que le royaume avait accueilli le président yéménite "à sa demande et pour des raisons strictement humanitaires".
Mais il ajoute qu'une issue possible serait de lui trouver un pays d'asile et de "lui éviter des poursuites judiciaires".
M. Saleh, qui se trouve depuis samedi soir dans un hôpital de Ryad après avoir été blessé dans un attentat, refuse de quitter le pouvoir malgré une vague de contestation populaire dans le pays et des pressions internationales.Mais sa présence à Ryad "pourrait constituer une occasion pour le royaume" de relancer ses efforts en vue d'un règlement au Yémen, pays frontalier et dont la...