Rechercher
Rechercher

Couverture spéciale de la révolte en Syrie - Interview

Libéré après 5 ans de prison, Anwar al-Bunni veut poursuivre la lutte

Entouré de bouquets de fleurs et de partisans dans son appartement de Damas après sa libération de prison, le dissident syrien Anwar al-Bunni s'affirme plus que jamais déterminé à continuer sa lutte en faveur de la démocratisation.
"Ma première préoccupation aujourd'hui est que l'on trouve un règlement pacifique aux troubles en Syrie, avec le moins de victimes possible", affirme M; Bunni dans une interview à l'AFP.
Avocat et défenseur des droits de l'Homme, M. Bunni, 52 ans, a été libéré au terme de sa peine dimanche après cinq ans de détention dans la prison de Adra, près de la capitale.
Dans sa cellule, il avait appris que des troubles avaient éclaté dans le pays, mais il ignorait l'ampleur du soulèvement qui secoue la Syrie depuis la mi-mars. Il dit avoir été touché par la détermination des protestataires.
"Les réformes réclamées aujourd'hui en Syrie reflètent les revendications que nous (militants des droits de l'Homme) présentons depuis des années", explique M. Bunni. "Et nous avons fait de la prison à cause de ces revendications".
Les trois frères et la soeur de M. Bunni ont également purgé des peines de prison, pour avoir eux aussi défendu les réformes. Son épouse Raghida a perdu son emploi dans l'administration en raison du militantisme de son époux et ses trois enfants ont passé la plus grande partie de leur adolescence sans leur père.
"Entre moi et mes frères et soeur, ainsi que mon beau-frère et ma belle-soeur, nous avons passé un total de 70 ans en prison", souligne M. Bunni, un homme aux yeux noirs et à la moustache taillée. "Depuis 1977, nous ne faisons qu'entrer et sortir de prison".
"Pouvez-vous vous imaginer que j'ai passé 18 mois dans la même prison que mon frère Akram sans être autorisé à le voir ?".
Aujourd'hui néanmoins, sa famille ne se sent plus isolée dans sa lutte et ceux qui tournaient la tête quand ils passaient près d'eux dans la rue n'ont plus peur d'exprimer leur soutien.
"Le mur de la peur s'est effondré", dit-il.
M. Bunni avait été emprisonné en 2006 pour avoir signé "la Déclaration de Damas", une pétition de l'opposition syrienne réclamant des changements démocratiques et des liens meilleurs avec le Liban.
Il a été accusé de propager de fausses informations et d'avoir porté atteinte à l'État.
En prison, M. Bunni dit avoir tué le temps en lisant des livres de droit, à travailler sur des législations pour des réformes et à faire de l'exercise pour rester en forme.
Ses codétenus étaient tous des criminels reconnus, dont plusieurs condamnés à mort pour meurtre.
"J'avais droit à des visites hebdomadaires de la famille mais un garde était toujours à côté avec un cahier et un crayon", explique M. Bunni.
Mais en dépit des rudes conditions, il dit n'avoir jamais perdu espoir.
"Dans les pires moments, j'attendais ce moment", dit-il faisant allusion au soulèvement pro-démocratie en Syrie. "J'étais derrière les barreaux mais je n'ai jamais perdu ma liberté intérieure". "Je ne me suis jamais senti brisé".
Le seul moyen de sortir de la crise actuelle est que le régime cesse sa violente répression, libère tous les prisonniers politiques et autorise un système multipartite avant de lancer un dialogue national, estime-t-il.
"L'État a besoin de comprendre que la violence ne fera pas taire les gens". "Nous avons toujours dit que museler les gens, en ne leur permettant pas de s'exprimer pacifiquement, (...) provoquerait des tensions et une crise dans la société".
M. Bunni affirme n'avoir d'autre choix que de poursuivre la lutte.
"Je continuerai le travail pour l'intérêt de nos enfants", explique-t-il, assurant qu'il ne quittera pas le pays. "Nous ne voulons pas que nos enfants aient la vie que nous avons eue".
"Nous devons au moins essayer. Nous ne réussirons peut-être pas mais nous aurons au moins essayé".
"Ma première préoccupation aujourd'hui est que l'on trouve un règlement pacifique aux troubles en Syrie, avec le moins de victimes possible", affirme M; Bunni dans une interview à l'AFP.Avocat et défenseur des droits de l'Homme, M. Bunni, 52 ans, a été libéré au terme de sa peine dimanche après cinq ans de détention dans la prison de Adra, près de la capitale.Dans sa cellule, il...