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Liban

Le Liban n’est pas à l’abri de la tourmente au M-O, prévient Roed-Larsen

Le Liban est-il, paradoxalement, à l'écart des transitions turbulentes sans précédent que vit le monde arabe ? C'est probablement une « illusion », car « presque tout ce qui se passe au Moyen-Orient reste extrêmement lié ». « Tous les ingrédients pour une crise larvée au pays du Cèdre se trouvent réunis avec la polarisation politique entre les principaux camps et le retard dans la formation d'un nouveau gouvernement, créant un vide sécuritaire qui risque d'être exploité par des extrémistes et groupes armés », a prévenu vendredi Terjé Roed-Larsen, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'application de la résolution 1559, venu présenter le treizième rapport de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité, réuni en consultations privées. Mettant en garde le Conseil, il a indiqué que la « situation est imprévisible ». « Ce n'est que le commencement et non la fin. Au pire, nous nous retrouverons devant un mégadésastre à l'échelle non seulement locale et régionale, mais aussi mondiale », a-t-il dit.
La réunion à huis clos du Conseil de sécurité pour discuter du dernier rapport de Ban sur la situation au Liban a failli prendre une autre tournure à la lumière de l'évolution de la situation en Syrie. La Russie a prévenu la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne de ne pas « insérer la Syrie dans ces consultations ». Mais les ambassadeurs européens en ont profité pour soulever la question de la répression sanglante syrienne qui sévit depuis le 15 mars dernier contre les manifestants pacifiques dans plusieurs villes de Syrie. Le représentant de la Russie auprès de l'ONU, Vitaly Churkin, a « rappelé à l'ordre » ses homologues européens, prétendant que « la Syrie n'est pas au programme du jour », les invitant plutôt à « se limiter uniquement à la situation au Liban », a indiqué une source diplomatique onusienne. Ce qui n'a pas empêché les ambassadeurs européens d'exprimer leur inquiétude face aux répercussions que pourrait avoir la répression syrienne sur le Liban. L'ambassadeur de France, Gérard Araud, a pour sa part indiqué aux journalistes que « la situation en Syrie est inquiétante, et nous considérons que c'est bien le moment d'en discuter au Conseil ».

Vive préoccupation
Dans son rapport, Ban a exprimé sa « vive préoccupation » au sujet du regain de tension, alimentée, entre autres, par la spéculation et les déclarations publiques concernant les travaux du Tribunal spécial pour le Liban « qui provoquent la division du pays ». « Les divergences entre les camps politiques ont provoqué la polarisation du pays, retardant la formation d'un nouveau gouvernement, a-t-il dit. En outre, la prolifération généralisée des armes qui échappent au contrôle de l'État, conjuguée au maintien des milices lourdement armées, menace la paix et la prospérité au Liban. » Le secrétaire général reste convaincu que « le désarmement des groupes armés au Liban, en particulier le Hezbollah, peut être réglé à travers un processus politique libanais ». Il a appelé les dirigeants libanais à reprendre le dialogue national sous les auspices du président Michel Sleiman.
Le secrétaire général s'est félicité du fait que depuis l'adoption par le Conseil de sécurité de sa résolution 1559, le 2 septembre 2004, plusieurs de ses dispositions ont été appliquées. Mais il déplore que sous l'effet de la crise politique que connaissent les deux pays, le Liban et la Syrie ont interrompu discussions et échanges de vues sur la délimitation de leur frontière commune, conformément à la résolution 1680 (2006). « Plus important est le fait que la présence et les activités de milices libanaises et non libanaises continuent de constituer une menace sur la stabilité du pays et de la région, et mettent en relief la nécessité pour le gouvernement et l'armée libanaise d'exercer le monopole de la force dans tout le pays, a souligné Ban. La commission frontalière conjointe syro-libanaise chargée de cette question n'a pas encore été convoquée. Jusqu'à présent, seul le Liban a désigné sa participation au comité frontalier. Tout en reconnaissant le caractère bilatéral de la délimitation de la frontière, les progrès sur cette question demeurent une obligation des deux pays en vertu de la résolution 1680 (2006), provenant de la 1559. »

La Syrie
La réaction de la Syrie ne s'est pas fait attendre. « Nous reconnaissons que la Syrie a mis en application toutes les dispositions que lui impose la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU. Il est inacceptable de continuer à mentionner la Syrie dans le rapport semestriel du secrétaire général sur l'application de la 1559 », a déclaré le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies, Bachar el-Jaafari, dans une lettre, datée du 5 mai 2011, adressée au secrétaire général de l'ONU et au président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de France, Gérard Araud, dont le pays assure la présidence pour le mois de mai. Car pour la Syrie, « la question de la délimitation de la frontière commune avec le Liban est une question bilatérale entre les deux pays », a affirmé l'ambassadeur syrien. « Le problème principal réside dans la persistance de l'occupation par Israël du Golan syrien, des fermes de Chebaa et du territoire libanais, a-t-il ajouté. La délimitation de la frontière de cette région à l'ombre de l'occupation est une affaire impossible. La communauté internationale devrait mener à bien sa tâche en faisant pression sur Israël pour qu'il se retire des territoires libanais et syrien conformément aux résolutions 242 et 338. Ceux qui cherchent à protéger la souveraineté et l'unité territoriale du Liban devraient œuvrer pour assurer la sécurité et la stabilité du Liban », a relevé l'ambassadeur syrien.
« Quant à la présence palestinienne au Liban, des mesures libano-palestiniennes ont été prises qui n'ont rien à voir avec la Syrie, a affirmé l'ambassadeur Jaafari. Au sujet de la mention des camps palestiniens dans le dernier rapport, nous pouvons vous assurer que tous ces camps se situent à l'intérieur du territoire libanais. Par conséquent, la Syrie n'interfère pas dans cette question », a-t-il prétendu. Et de conclure : « Il est important de respecter l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban qui occupe une place centrale dans la résolution. »
Le Liban est-il, paradoxalement, à l'écart des transitions turbulentes sans précédent que vit le monde arabe ? C'est probablement une « illusion », car « presque tout ce qui se passe au Moyen-Orient reste extrêmement lié ». « Tous les ingrédients pour une crise larvée au pays du Cèdre se trouvent réunis avec la polarisation politique entre les principaux camps et le retard...
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