Même si l'ONU aura fini par tergiverser, hésiter, raturer mille fois le brouillon de la résolution avant de le valider, ce que le monde a déjà retenu c'est le courage inégalé de ceux qui se risquent à défier la chape de plomb du régime baassiste.
La Tunisie, c'était un rêve insaisissable, l'Égypte c'était un espoir un peu fou. Mais la révolte en Syrie, c'est proprement un petit miracle. Un choc culturel entre des jeunes qui se servent de tout ce que la technologie informatique peut offrir et une vieille caste politique qui croit encore qu'elle peut réitérer les horreurs perpétrées à Hama.
Mais c'est oublier deux éléments, deux forces motrices qui font que, dans cette région du monde, les révoltes ne parviennent plus à être étouffées dans l'œuf : d'abord le paysage audiovisuel arabe s'est métamorphosé ces dernières années. Là où les médias officiels nationaux continuent candidement à manier la langue de bois, les chaînes satellitaires, elles, se lâchent. Certes, parfois cela frise la désinformation. Mais ce too much a aussi un effet positif non négligeable pour les peuples arabes : il est drôlement libérateur.
Ensuite, il y a les téléphones portables et leur allié indéfectible et indispensable : l'Internet. Les vidéos amateurs comme seule source d'information, voilà qui est tout à fait politiquement incorrect en matière de journalisme, mais lorsque ces vidéos sont les seules sources disponibles, les médias n'ont plus vraiment le choix. Entre ne pas diffuser de l'information et courir le risque de verser dans le sensationnalisme, ceux-ci choisissent la deuxième option.
Alors même si en ce moment les morts jonchent les rues de Deraa et de bien d'autres villes syriennes, ces exactions ne pourront pas passer sous silence. Cela est aujourd'hui techniquement impossible.