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Nos Lecteurs ont la Parole

II.- Analyse des soulèvements populaires arabes depuis décembre 2010

Par Dr Riad JREIGE
Comment de telles dictatures ont-elles pu résister autant de temps ? (voir L'Orient-Le Jour du mardi 26 avril 2011).
Un double mensonge peut en grande partie l'expliquer. Le mensonge interne ou local de la part des politiciens locaux, qui ont renversé les régimes en place il y a trente ans grâce à des coup d'État. Ils ont mobilisé les masses grâce à des slogans hostiles à Israël, en vue d'une guerre globale pour récupérer la terre spoliée à la Palestine. Ils ont fait peur à leurs populations et leur ont fait croire que la meilleure préparation à ce conflit majeur était une organisation militaire et dictatoriale. L'économie a été détournée. Les différents pays ont été appauvris. À signaler que plus aucune guerre avec Israël n'a eu lieu depuis 1973.
Le mensonge externe ou international de la part, cette fois-ci, des Occidentaux (USA, France, Italie, Royaume-Uni essentiellement). Ils ont justifié ces régimes totalitaires et ont fait croire à leur opinion publique que des régimes rigides sont de véritables remparts contre l'extrémisme religieux (Frères musulmans), l'obscurantisme et la dégradation de la condition humaine. Ce qui leur a fait fermer les yeux sur les arrestations, emprisonnements, exécutions d'opposants modérés ou non, comme le massacre de Hama, au début des années 80, des Frères musulmans (on a parlé de plus de 20 000 morts) qui ont osé s'opposer au régime de Hafez el-Assad.
Il s'est agi, de 1970 à nos jours, de museler toute critique, discussion ou liberté d'expression avec l'approbation pour ne pas dire la connivence des démocraties occidentales.
L'individu, partout dans ces pays, n'a jamais été considéré en tant que tel. Il a été fondu dans un cadre plus grand, manipulé en tant qu'opinion publique. La liberté individuelle réclamée par tous les manifestants montre à la fois cette volonté et ce besoin d'accéder à ce qui existe en Occident : la démocratie et la liberté d'expression, de pensée, de vote pour changer de régime ou pour réaliser de profondes réformes en plus de la lutte quotidienne pour se nourrir et vivre décemment.
Des documents sortis du secret sont venus révéler ce qui est commun à tous les pays : non seulement le langage diplomatique, souvent qualifié de « langue de bois », mais aussi les supercheries dont sont victimes essentiellement ces populations.
Elles se sont rendu compte qu'elles étaient manipulées.
Les documents « WikiLeaks » ont été révélateurs de mensonges mettant mal à l'aise les officiels - qui ne font pas ce qu'ils disent et ne disent pas ce qu'ils font pour des « raisons d'État ». L'on s'est rendu compte également que les ennemis jurés de toujours sont en fait des partenaires commerciaux ou économiques et que les populations étaient des
laissées-pour-compte et ne pouvaient plus espérer évoluer pour améliorer leur niveau de vie.
Et puis il y a indéniablement le véhicule de l'information représenté par Facebook et Twitter, ces outils de communication sociaux qui ont permis d'exprimer ce qui a toujours été interdit : son opinion, de la partager à grande échelle au sein d'un pays, voire au-delà, puisque les mêmes motivations ont conduit à se rendre compte que toutes les populations étaient logées à la même enseigne, celle de la pauvreté économique et culturelle imposée pour les rendre soumises et malléables.
La prise de conscience de ce décalage a rendu possible de tels soulèvements, qui allient des besoins vitaux, économiques et culturels non assouvis avec des responsables clairement identifiés qui sont les différents régimes et les gouvernants.
Il est à remarquer que jusqu'à aujourd'hui aucun slogan anti-israélien n'a été scandé dans les manifestations à travers le monde arabe depuis décembre 2010. Le problème du moment n'est pas Israël ni la Palestine, mais le besoin de s'alimenter et la soif de liberté.
Il reste cependant beaucoup de questions sans réponses, dont voici un
échantillon :
- Quelle est la place exacte, dans ces soulèvemens, des services secrets des différents pays démocratiques ?
- Est-ce que l'immolation par le feu de ce malheureux Tunisien suffisait pour mettre le feu à cette traînée de poudre qui est partie de la Tunisie pour s'arrêter on ne sait où ?
- Est-ce que le bombardement franco-britannique relayé par l'OTAN de la Libye n'a d'autre but que de venir en aide aux insurgés qui le leur demandent et en passe d'être massacrés ?
- L'avenir politique de la Syrie sera-t-il démocratique, et auquel cas l'OTAN interviendra-t-elle pour déloger Bachar el-Assad si les insurgés le lui demandaient ?
- Que dire d'Israël ?
Tire-t-il son épingle du jeu ? L'avenir lui sera-t-il favorable comme l'ont été les soixante dernières années ?
- À quand le soulèvement populaire en Israël, non pas des Arabes israéliens mais des Israéliens eux-mêmes, que leurs dirigeants font vivre en état de tension permanente depuis plus de soixante ans ? À quand le soulèvement populaire israélien contre des dirigeants démocratiquement élus, qui usent et abusent, eux aussi, de slogans mensongers et bellicistes dans un but d'expansion territoriale agressive, inacceptable et injuste, le mettant en permanence dans un état de guerre dont aucune des grandes nations démocratiques et protectrices des droits de l'homme ne se soucie ?

Dr Riad JREIGE
Montpellier - France
Comment de telles dictatures ont-elles pu résister autant de temps ? (voir L'Orient-Le Jour du mardi 26 avril 2011). Un double mensonge peut en grande partie l'expliquer. Le mensonge interne ou local de la part des politiciens locaux, qui ont renversé les régimes en place il y a trente ans grâce à des coup d'État. Ils ont mobilisé les masses grâce à des slogans hostiles à...

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