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Culture - Rencontre

« Incendies », ou la folie de la guerre, d’après Denis Villeneuve

Le cinéaste québécois Denis Villeneuve a répondu présent à l'invitation de l'ambassade du Canada et c'est avec beaucoup d'émotion qu'il a présenté son récent film « Incendies » au public libanais. Une superbe adaptation de l'œuvre de Wajdi Mouawad à la fois touchante et troublante.

Denis Villeneuve : « Je suis ému de présenter ce film aux Libanais. » Photo Michel Sayegh

Après avoir participé à de nombreux festivals, été ovationné et sélectionné aux Oscars, Denis Villeneuve a tenu à présenter son film Incendies au public libanais et expliqué par la suite les intentions de l'œuvre. Si le film - dont le thème principal s'articule autour de la folie de la guerre, de la colère humaine d'une fratrie et d'une contrée - ne mentionne à aucun moment le Liban ou les Libanais, il n'en demeure pas moins une œuvre qui rappelle, à la mémoire du pays des Cèdres, les tristes événements qui ont suivi l'année 1975. Cette première d'ailleurs a été teintée d'émotions, car le film est un véritable retour aux sources pour tout un chacun.
«Lorsque j'ai vu la pièce de Wajdi Mouawad dans un petit théâtre au Québec, j'ai été très vite frappé par cette histoire qui me rappelait les grandes tragédies des Anciens. Il fallait absolument que je l'adapte au grand écran. Ayant été très touché que je veuille entreprendre cette aventure qui lui a tenu à cœur pendant des années, Mouawad a accepté mon offre, en me laissant la liberté totale quant au scénario. J'étais conscient du superbe cadeau qu'il me faisait, poursuit Villeneuve. Il fallait donc que je sois à la hauteur de la beauté du texte. »
Le cinéaste canadien a, bien sûr, élagué certaines images théâtrales qui ne pouvaient rendre service au grand écran et même certains caractères, ajoute le metteur en scène, tout en gardant les personnages principaux essentiels à la progression du film.

Réel et irréel
L'action d' Incendies se situe dans un lieu imaginaire, aux dates et noms irréels. « Certes, dit Denis Villeneuve, l'action évoque des faits réels et des personnages qui ont existé, mais on demeure néanmoins dans une situation irréelle qui semble se dérouler soit en Jordanie, soit au Liban, soit encore au Golan. D'ailleurs, précise- t-il, le choix du lieu qui est le nord de la Jordanie ressemble à s'y méprendre au Sud du Liban. »
Il était important pour le cinéaste de coller au texte de la pièce et traduire sur grand écran l'esprit et les idées de Wajdi Mouawad. « Avant de me laisser la liberté d'action, Mouawad m'a dit : c'est à toi de souffrir à présent comme j'ai souffert en écrivant la pièce. C'est d'ailleurs cette histoire sublime qui nous a finalement liés, même si on se voit rarement », ajoute Villeneuve.
L'histoire commence par la mort soudaine au Québec d'une maman, mère de deux jumeaux. Cette mère, qui est rentrée dans un grand silence avant de mourir, laisse derrière elle un lourd secret. C'est au tour des enfants d'aller le découvrir au pays de leurs ancêtres. Ce parcours initiatique, qui sera jalonné par des rencontres imprévisibles, voire choquantes, est alterné par la vie de la mère, cette phase qu'elle a vécue avant de s'exiler au Canada.
Le jeune cinéaste québécois, qui a déjà à son actif cinq longs métrages, avoue avoir vécu durant cinq ans de tournage la plus belle aventure de sa vie. « D'ailleurs, dit-il, j'aimerais non seulement travailler de nouveau avec Wajdi Mouawad, mais aussi réaliser la prochaine fois un film qui porterait carrément et directement sur le Liban. »
En effet, avant de venir au pays du Cèdre, Denis Villeneuve avait certaines appréhensions. Comment les Libanais allaient-ils accueillir ce long métrage qui leur rappelait tant de souvenirs douloureux ? Comment allaient-ils accepter que le mot Liban ne soit pas explicitement énoncé ? Autant de questions qui ont finalement succombé au parti pris par le cinéaste : la distanciation.
«Il était important de respecter ce recul pour lequel avait opté Wajdi Mouawad. » Plus que du recul, Villeneuve fait preuve d'humilité envers une histoire qui ne lui appartient pas. « C'est une guerre que je n'ai connue que de loin, je ne pouvais donc m'approprier ce drame. Avec une équipe de techniciens canadiens ouverts d'esprit, soutenus pour le décor par d'autres, libanais, nous avons entrepris de nous plonger dans cette aventure humaine - sur fond de musique occidentale du groupe Radio Head en contrepoint de l'image - qui porte non seulement sur la colère mais également sur le pardon et l'amour. Une leçon dont pourraient bénéficier les générations montantes. »
Porté par des acteurs émouvants, notamment Lubna Azabal, le film Incedies, qui aborde différents thèmes comme la famille, la condition féminine, la guerre et le pardon, est une de ces belles œuvres marquantes qu'on n'est pas près d'oublier.
Après avoir participé à de nombreux festivals, été ovationné et sélectionné aux Oscars, Denis Villeneuve a tenu à présenter son film Incendies au public libanais et expliqué par la suite les intentions de l'œuvre. Si le film - dont le thème principal s'articule autour de la folie de la guerre, de la colère humaine d'une fratrie et d'une contrée - ne mentionne à aucun...

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