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Liban - Étude

Le Centre Carnegie de Beyrouth élu think tank numéro 1 au Moyen-Orient

Il y a quelques semaines, le centre de recherche Carnegie Endowment for International Peace a été élu 3e meilleur think tank au monde. Jusque-là, rien de très fracassant, sauf que le Centre Carnegie pour le Moyen-Orient a été élu, dans sa catégorie, numéro un au monde. Pour l'occasion, « L'Orient-Le Jour » a rencontré Paul Salem, directeur du Carnegie Middle East Center, qui est directement rattaché au prestigieux et désormais centenaire Carnegie Endowment for International Peace.

Paul Salem : « Ce qui s’est produit en Tunisie et en Égypte a calmé le jeu au Liban. »

Le Centre Carnegie est implanté dans cinq villes : Washington, Moscou, Pékin, Bruxelles et Beyrouth. Le choix de Beyrouth est justifié par le fait que « c'est la capitale qui jouit du plus haut niveau de liberté dans le monde arabe, même si elle n'est pas vraiment championne en matière de stabilité ».
« Beyrouth a une certaine dynamique qu'on ne trouve pas ailleurs, affirme Paul Salem, car un think tank a besoin d'être en vie, il a donc un besoin essentiel de liberté. »
Dans l'étude conjointement menée par l'Université de Pennsylvanie et l'ONU, le centre arrive en tête devant le Gulf Research Center, Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies, le centre Brookings de Doha et le Institute for National Security Studies. Elle se fonde sur des statistiques auxquelles ont répondu un milliers de journalistes, d'experts et de décideurs.
Mais comment définit-on un think tank ? Paul Salem explique qu'un think tank est en fait une organisation non gouvernementale. Carnegie a 101 ans d'âge, et « notre mission est d'effectuer des recherches concernant les politiques publiques, les affaires publiques. Nous cherchons également à influer sur les décisions des gouvernements » en interpellant le public, l'opinion publique. Il faut savoir que l'espace que nous occupons est un espace intermédiaire entre l'université et les gouvernements ».
Certes, pour toute l'équipe du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, le fait d'avoir été élu numéro un dans la région est très encourageant, reconnaît Paul Salem, qui précise que la plupart des chercheurs sont basés à Beyrouth et que d'autres se trouvent dans les pays arabes environnants et en Afrique du Nord. « Nous couvrons en profondeur les événements dans la région, le centre arrive à être présent partout où il le faut en temps réel, et notre site Internet est en deux langues », explique-t-il.
» C'est la seconde année consécutive où nous sommes classés numéro un sur 133 centres dans la région. Nous avons également été classés 29e au monde sur un total de 4 000 centres de recherches répartis en Amérique latine, en Asie et en Europe », se félicite enfin Paul Salem.

« Des réformes en profondeur sont nécessaires au Liban »

Pour Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, « il n'y a malheureusement pas de lien entre le Liban et ce qui s'est passé en Égypte et en Tunisie ». « Au Liban, il y a de nombreuses dissensions internes. Le climat de 2005 s'est dilué, laissant place à des tiraillements confessionnels », constate-t-il.
« Il n'y aura donc pas de traduction facile de ce vent d'intifada qui arrive d'Afrique du Nord. Mais ce qu'il faut noter, c'est une similitude : en Égypte, depuis Abdel Nasser, le système ne fonctionne pas. Au Liban, il en est de même, notre système confessionnel ne fonctionne pas non plus », note-t-il.
« Tôt ou tard, il y aura un gouvernement. On ne sait pas exactement comment encore. Paradoxalement, ce qui s'est produit en Tunisie puis en Égypte a calmé le jeu au Liban. Tout le monde a bien conscience que ce n'est pas le moment de faire monter les enchères. Cette simple constatation est en soi une prise de position importante », poursuit le directeur de Carnegie.

Un système de rechange
« En Égypte, on parle de réformes en profondeur. Il en et de même au Liban. Il ne s'agit toutefois en aucun cas de renverser la table, de tout reprendre à zéro, loin de là », affirme Paul Salem.
Pour lui, il faut « des réformes sérieuses » et adaptées qui auraient pour effet de corriger le dysfonctionnement étatique d'où découle une paralysie institutionnelle quasi permanente.
Ces réformes sont simples : une loi électorale nouvelle, équitable et adaptée. Dans ce cadre, M. Salem rappelle qu'il a lui-même planché sur cette question puisqu'il était membre de la commission Boutros chargée de mettre en place une nouvelle loi électorale.
La loi est prête donc. Il suffit de l'adopter, poursuit-il.
« Il faut d'autre part un système de parti qui soit complètement différent de celui qui prévaut aujourd'hui. Tous les partis ont une origine confessionnelle au Liban et cela ne doit plus continuer », indique-t-il.
Paul Salem aborde d'autre part le système législatif qui régit les médias. « Il faut une approche sérieuse aux problèmes des médias » qui demeurent aussi très confessionnels, communautaires. Chaque communauté dispose, schématiquement, de sa chaîne de télévision. Pour lui, le système médiatique tel qu'adopté en 1995 ne peut continuer à s'appliquer dans une société qui cherche à évoluer, à sortir de son carcan.
Enfin, de manière globale, M. Salem estime qu'il faut aborder frontalement et sans demi-mesures le problème de la corruption qui est endémique. « Tout ce qui se dit concernant la corruption et concernant la lutte contre ce fléau n'est que mensonges. La seule façon d'y remédier vraiment est de mettre sur pied une commission chargée de lutter contre la corruption ». Celle-ci serait composée de personnalités indépendantes et intègres qui disposeraient de la marge de manœuvre nécessaire pour mener ce combat de manière efficace.
Le Centre Carnegie est implanté dans cinq villes : Washington, Moscou, Pékin, Bruxelles et Beyrouth. Le choix de Beyrouth est justifié par le fait que « c'est la capitale qui jouit du plus haut niveau de liberté dans le monde arabe, même si elle n'est pas vraiment championne en matière de stabilité ». « Beyrouth a une certaine dynamique qu'on ne trouve pas ailleurs, affirme Paul...
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