Rechercher
Rechercher

Économie - Immobilier

À Pékin, l’inflation des loyers enfonce les pauvres dans les profondeurs

En Chine, ils seraient un million à s’entasser dans des locaux aux sous-sols. Peter Parks/AFP

Tout en bas de l'échelle sociale chinoise se trouvent les travailleurs migrants chinois comme Li Youhong, que la hausse des loyers pousse en nombre croissant à s'enterrer dans des logements sans fenêtre, dans les sinistres profondeurs de Pékin.
M. Li et sa femme Qi Shulai, qui ont quitté leur province natale de l'Anhui pour la capitale, ont emménagé il y a deux mois dans un réduit situé au troisième sous-sol d'un ancien abri de défense civile, un véritable décor de guerre froide, triste et mal éclairé.
Leur pièce à la peinture écaillée fait quatre mètres carrés. Ils disposent de toilettes partagées avec les autres locataires, qui sont situées à une cinquantaine de mètres de leur « logis ». Au moins leur chambre est chaude, alors que dehors le vent est glacial, par des températures nettement en dessous de zéro.
Pour cet espace, ils paient chaque mois 200 yuans (23 euros). Un loyer modeste qu'il faut comparer aux 2 000 yuans qu'ils arrivent à gagner les bons mois, en vendant des petits casse-croûte chauds dans la rue.
« Ce n'est pas l'idéal, mais c'est bon marché », explique M. Li, 41 ans, le visage marqué par les soucis alors qu'il s'assoit sur son lit, qui prend la moitié de la superficie de la chambre. « Voilà la situation dans laquelle nous sommes. À ce prix-là, voilà ce que vous avez », poursuit-il avec philosophie.
En Chine, les habitants des sous-sols sont surnommés, en argot, « les souris ». Ils seraient un million à s'entasser ainsi dans des locaux sans voir le jour, estime la presse officielle.
Après leur prise du pouvoir en 1949, les autorités communistes de la Chine ont ordonné la construction d'un vaste réseau d'abris de défense civile à Pékin.
Les années passant, les agences de gestion immobilière ont sous-loué ces espaces, créant un marché pour les classes paupérisées, en particulier les travailleurs migrants.
Certains abris ont tellement endossé leur rôle d'habitat permanent qu'ils sont maintenant dotés de supérettes souterraines et de cybercafés.
Pékin, mégalopole de 19 millions d'habitants, compte de cinq à sept millions de migrants, oubliés de la croissance, souvent exploités et considérés comme des citoyens de seconde zone.
Qin Qiming, 50 ans, originaire de la province orientale du Shandong, s'est installé le mois dernier dans une chambre en sous-sol du sud-ouest de Pékin, après avoir perdu son emploi de secrétaire. Il passe la plus grande partie de son temps à chercher du travail en ligne, relié à l'Internet par un câble qui pend du plafond.
Il pourrait toutefois être bientôt contraint de quitter les lieux. Le gouvernement compte en effet fermer des logements souterrains tels que le sien, après un récent incendie à Shanghai qui a fait 58 morts.
L'inflation en Chine a été supérieure en 2010 aux prévisions des analystes. Elle a été alimentée par la forte hausse des loyers.
Un responsable du Bureau de défense civile de la ville a refusé d'indiquer si tous les occupants des abris souterrains allaient être expulsés.
Mais cette menace inquiète. La police est intervenue la semaine passée pour disperser un rassemblement de « bailleurs » manifestant contre une possible perte de revenus.
Les locataires redoutent aussi d'être mis à la rue. « Où donc irais-je ? Le gouvernement n'a pas réfléchi à cette question », s'emporte une femme nommée Liu, acquittant un loyer mensuel de 320 yuans (37 euros) dans un abri.
Tout en bas de l'échelle sociale chinoise se trouvent les travailleurs migrants chinois comme Li Youhong, que la hausse des loyers pousse en nombre croissant à s'enterrer dans des logements sans fenêtre, dans les sinistres profondeurs de Pékin.M. Li et sa femme Qi Shulai, qui ont quitté leur province natale de l'Anhui pour la capitale, ont emménagé il y a deux mois dans un réduit situé...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut