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Liban - Éclairage

Deux thèses, mais un même résultat qui se fait attendre

Deux thèses opposées occupent actuellement la scène libanaise. Selon la première, les contacts syro-saoudiens auraient atteint un stade décisif et n'attendraient plus que le retour du roi Abdallah de sa période de convalescence pour être officialisés. Les partisans de cette thèse affirment ainsi que c'est pour l'informer de l'aboutissement de ces contacts que le roi d'Arabie aurait invité le Premier ministre Saad Hariri à le rencontrer à New York. La seconde thèse affirme au contraire que les contacts syro-saoudiens sont exagérés et qu'il s'agirait en réalité d'une illusion destinée à occuper le temps mort et à maintenir le Hezbollah en haleine, pour l'empêcher de procéder à une action concrète sur le terrain, visant à faire basculer le rapport de forces politiques internes en sa faveur. D'ailleurs, les partisans de cette thèse relèvent le fait que chaque fois que le secrétaire général du Hezbollah s'apprête à monter d'un cran dans ses attaques verbales contre le TSL et ses défenseurs, il reçoit aussitôt des informations le poussant à donner plus de temps aux négociations syro-saoudiennes...
Entre ces deux thèses, les Libanais vivent dans le flou, suspendus aux nouvelles concernant le bilan de santé du roi d'Arabie et attendant les fuites au sujet du contenu de l'acte d'accusation annoncé. Ils se posent toutefois une question cruciale : si les contacts syro-saoudiens commencés lors du sommet syro-saoudien du 29 juillet étaient sérieux, n'auraient-ils pas eu le temps de porter leurs fruits, surtout dans une période aussi cruciale ? Ne dirait-on pas plutôt qu'il s'agirait d'une formule magique pour permettre à chaque partie de gagner du temps, l'opposition pour laisser le TSL et ceux qui l'appuient s'enliser dans leurs contradictions et la faiblesse de leurs arguments et le camp du 14 Mars pour permettre la parution de l'acte d'accusation incriminant le Hezbollah et entraînant son affaiblissement de facto ?
Des sources proches de la Syrie réfutent cette hypothèse et affirment que les contacts syro-saoudiens sont très sérieux et ont enregistré récemment une grande percée. Ces contacts auraient même abouti à l'élaboration d'un document écrit qui comporterait une position claire de la part du Premier ministre au sujet du refus de toute accusation contre la Résistance et d'un engagement ferme à la protéger tout en rendant hommage à ses sacrifices, sans toutefois remettre en question le TSL. De plus, le document ne se limiterait pas à cette question, allant jusqu'à évoquer le système de gouvernement libanais, de manière à donner des garanties à la communauté sunnite, face à l'émergence de la communauté chiite, tout comme il réaffirme par la même occasion l'attachement aux accords de Taëf et de Doha, en réclamant la redynamisation des institutions. Mais fallait-il vraiment cinq mois pour aboutir à un tel résultat ? Les sources proches de la Syrie précisent à ce sujet que le Liban n'est pas le seul sujet sur lequel portent les contacts syro-saoudiens. De plus, en voulant assurer la plus large couverture possible à un accord interlibanais, il a fallu sonder les intentions iraniennes, qataries, françaises, américaines et turques. Même l'Égypte a son mot à dire et à travers ce large éventail de contacts, ce qui était au départ le règlement de la crise provoquée par la parution prochaine de l'acte d'accusation, est devenu un forum indirect pour évoquer tous les problèmes de la région. L'Iran par exemple appuie tout compromis au Liban mais souhaite entamer un dialogue global avec les États-Unis portant sur l'Afghanistan, l'Irak et le dossier nucléaire. La Syrie souhaite obtenir, grâce à ces contacts, un feu vert pour gérer politiquement la crise au Liban, tout en normalisant ses relations avec les États-Unis qui en sont encore au même point depuis l'élection du président Barack Obama. Les États-Unis, de leur côté, préfèrent dissocier les dossiers et conserver des cartes de pressions entre leurs mains, surtout depuis les échecs des négociations directes israélo-palestiniennes entamées sous leur égide. L'Égypte qui est en perte de vitesse dans l'ensemble de la région, en raison de ses problèmes de succession, espère se repositionner à travers le dossier libanais. La Turquie accentue son rôle de pôle incontournable dans la région et augmente son influence dans le monde arabe tout en restant proche des États-Unis. La France, qui a plus ou moins enterré le projet de l'Union pour la Méditerranée, cherche à travers le dossier libanais à retrouver un rôle dans la région, surtout depuis que les États-Unis sont en train d'y perdre du terrain. L'Arabie saoudite enfin veut protéger son influence au Liban, après avoir perdu une partie de son aura en Irak et alors que le chaos prospère au Yémen.
C'est donc dans ce contexte compliqué où les cartes semblent totalement mélangées que le Liban attend la publication de l'acte d'accusation du TSL. Les milieux proches du Hezbollah estiment à cet égard que cet acte a été quasiment publié, puisque grâce aux fuites qui ne sont nullement innocentes, tout le monde en connaît désormais le contenu. Mais ce qui compte, c'est le fait d'en neutraliser les effets. Une grande partie de cette mission a d'ailleurs été accomplie, puisqu'à force d'en parler, l'inculpation éventuelle de membres du Hezbollah ne sera plus une surprise et n'aura plus l'effet d'une bombe. De même, avec la campagne de discrédit menée contre le TSL et l'enquête internationale, de nombreux Libanais et Arabes n'accordent plus foi au contenu éventuel de l'acte d'accusation. Le gouvernement et l'ensemble du pays sont divisés à ce sujet. Par conséquent, aucune décision applicable ne peut être prise et les institutions sont paralysées. Pour les relancer, une seule voie est possible, celle du compromis. L'idéal pour les Libanais aurait été de le conclure entre eux. Mais à trop vouloir solliciter des aides étrangères, le règlement du problème n'est plus entre leurs mains. Il est devenu partie intégrante du fameux jeu des nations, qui, elles, ont un autre agenda et d'autres priorités. Les contacts syro-saoudiens sont donc probablement sur le point d'aboutir, mais pour se concrétiser, ils ont aussi besoin du feu vert de toutes les autres nations impliquées dans le dossier libanais...
Deux thèses opposées occupent actuellement la scène libanaise. Selon la première, les contacts syro-saoudiens auraient atteint un stade décisif et n'attendraient plus que le retour du roi Abdallah de sa période de convalescence pour être officialisés. Les partisans de cette thèse affirment ainsi que c'est pour l'informer de l'aboutissement de ces contacts que le roi d'Arabie aurait...
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