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Nos Lecteurs ont la Parole

Un Liban aux couleurs de toutes ses communautés

Par Nayla TAHAN ATTIÉ
Cher Monsieur le Premier ministre Saad Hariri,
Je m'adresse à vous pour vous demander, en mon nom et au nom de nombreux Libanais, au Liban et dans le monde, ce que vous comptez faire de ce Liban qui, après tout, est nôtre aussi.
Il y a quelques années, juste avant l'assassinat de votre père, un bon pourcentage d'entre nous savait peu de choses sur vous. Le peuple libanais savait que l'ex-Premier ministre, M. Rafic Hariri, avait des enfants qui, eux, vivaient entre l'Arabie saoudite, la Suisse. Point à la ligne.
Vous êtes arrivé en février 2005 et nous vous avons
découvert.
À l'époque, nous ne savions rien de vous. Sauf que vous êtes le fils de feu Rafic Hariri.
Le peuple libanais n'a pas cherché à savoir un peu plus à votre sujet. Au fur et à mesure que le temps passait, le peuple s'est mis à placer toute sa confiance en vous et à vous confier le pays. Sans savoir ce que vous alliez faire de ce pays.
Aujourd'hui, vous êtes à la tête du pouvoir exécutif au Liban, puisque depuis les accords de Taëf, le président de la République libanaise a vu ses pouvoirs réduits.
Depuis quelque temps, dans tous les médias, nous lisons, nous voyons, nous entendons qu'une guerre va éclater au Liban, que l'acte d'accusation du tribunal international concernant l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri engendrera une guerre civile. Nous lisons les accusations échangées de part et d'autre, entre la majorité et l'opposition. Et cela paraît désolant, j'irai jusqu'à dire honteux certaines fois.
Lorsque votre père a été assassiné, vous avez pointé du doigt la Syrie. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Toutes les quelques semaines, on nous brandit des erreurs dans l'investigation.
Le tribunal a un coût, en dollars, qui pourrait sortir le Liban du trou dans lequel il se trouve. Je ne citerai pas les problèmes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement : électricité, eau, manque d'éducation civique, invasion de capitaux étrangers qui s'approprient le pays (dans certains de ces pays, un Libanais n'a même pas le droit d'être propriétaire).
Le général Aoun est rentré au Liban après un exil qui a duré une quinzaine d'années.
Les Libanais du Liban et de la diaspora se sont sentis euphoriques, libérés et libres.
Les élections ont suivi. Et l'euphorie a cédé la place à la déception.
Depuis, les choses ont beaucoup changé.
Je ne suis fan inconditionnelle d'aucun politicien, mais sachant que tout politicien a des pour et des contre, je remarque que vos supporters critiquent le général Aoun continuellement. Quand il va en Syrie ou en Iran, les vagues de critiques déferlent sur lui et sa politique. Et pourtant, systématiquement, quelques semaines après, vous vous êtes rendu, vous-même, dans les pays où s'était rendu le
général.
Je me permets de m'adresser à vous car depuis quelque temps je me demande s'il ne serait pas intelligent, patriotique et nationaliste d'œuvrer avec lui main dans la main, dans le respect mutuel de tous et de faire progresser ce pays pour qu'il prenne sa place parmi les plus grands, car il en a les capacités.
Je cite le général Aoun, sachant qu'il existe d'autres
opposants.
Il est vrai que la situation interne est complexe et compliquée. Mais à quoi cela servirait de chercher des appuis à l'extérieur si nous n'avons pas la paix à l'intérieur ? Ni la France, ni l'Iran, ni les États-Unis, ni la Syrie ne peuvent instaurer la paix chez nous. Lorsque l'avenir d'un peuple est en jeu, il est bon de n'épargner aucun effort pour rassembler ce peuple autour de sa personne, tout le peuple. Sinon, en essayant d'avancer, en laissant de côté une partie, on fait du surplace. On stagne. On patauge. Et on va chercher appui à l'extérieur, en maintenant l'ennemi à l'intérieur. Cela ne sert à rien.
Le Liban a été construit, depuis son indépendance, aux couleurs de toutes les communautés libanaises, chrétiennes, druze et musulmanes. Et en aucun cas, il ne peut continuer d'être ce qu'il est si l'une d'entre elles venait à être
éliminée.
À ce jour, vous avez fait preuve de sagesse. Continuez sur cette voie en vous entourant des vôtres, c'est-à-dire des Libanais. Tous les
Libanais.
Cher Monsieur le Premier ministre Saad Hariri,Je m'adresse à vous pour vous demander, en mon nom et au nom de nombreux Libanais, au Liban et dans le monde, ce que vous comptez faire de ce Liban qui, après tout, est nôtre aussi. Il y a quelques années, juste avant l'assassinat de votre père, un bon pourcentage d'entre nous savait peu de choses sur vous....

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