Cette année, et comme chaque année, il y a bien sûr les designers, habitués ou nouveaux venus, qui proposent leurs idées et leurs créations à la boutique du musée, parée des couleurs de Noël, avec une belle sélection de bijoux, vases, sacs brodés, assiettes en métal ou verre soufflé, bloc-notes recyclés, céramique blanche, argenterie, bougies, carrés de soie et bougeoirs rivalisant d'imagination, pour le plaisir des acheteurs à court d'idées, surtout à la veille des fêtes, et qui ont envie de quelque chose de différent.
Et, cette année, pour la première fois, une invitation à pénétrer les coulisses de ce Musée national, qui n'est pas seulement un lieu à visiter, figé dans le temps, mais une mémoire en perpétuelle mutation. Outre les différentes opérations en cours, longues, difficiles et délicates, à savoir, la restauration des fresques romaines de la tombe de Tyr conservée au sous-sol du musée, ce sont les travaux pour la réouverture de la salle d'Hygeia, prévue en 2011, qui seront exceptionnellement dévoilés au public durant la Nocturne. « Cette année, nous explique Anne-Marie Afeiche, conservatrice du musée, nous avons voulu montrer le travail en cours de réalisation et notamment le travail de restauration des mosaïques, opération nécessaire en aval de toute exposition dans un musée.» Pour accomplir ce travail minutieux, mené par une équipe de professionnels sous le label « Conservation SARL » et dirigé par Isabelle Skaff, il s'agit d'enlever les panneaux de bois, inspecter l'état, analyser les dégâts et entamer un travail de conservation, dans le respect de l'œuvre. « Ces pièces n'ont pas été vues depuis le début de la guerre, poursuit la conservatrice. En 1996, au moment des travaux pour la réouverture du musée, elles avaient été scellées par des panneaux en bois pour les protéger. »
En pénétrant cette salle sacrée, depuis trop longtemps silencieuse, et qui cache une dizaine de mosaïques retrouvées à Beyrouth, Byblos, Tyr et Jnah, et quelques témoignages de guerre, le bruit délicat des marteaux, les éclats de poussière, les restaurateurs en blouse blanche, concentrés sur leur œuvre, plongent la pièce et le visiteur dans un sentiment de sérénité. Arrêt devant la Mosaïque du Bon Pasteur. Tout un symbole, d'une qualité exceptionnelle, en dépit des dommages de guerre, elle dévoile enfin ses secrets et ses blessures. Le regard se promène sur cette grande pièce suspendue au mur, éclairée comme une star, avant de s'arrêter, interrogateur, sur un trou, en bas, à gauche. L'«œuvre» d'un franc-tireur installé à l'intérieur du musée qui a défiguré la pièce pour pouvoir, avec le plus grand cynisme, shooter plus facilement les passants... « Ce trou ne sera pas comblé, il fait partie de l'histoire du pays et de la mémoire du musée. »
Dernières retouches à l'ensemble. Le ministère de la Culture, la Fondation nationale du patrimoine, la Direction générale des antiquités et même les sculptures phéniciennes seront les parfaits hôtes de cette Nocturne musicale...
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