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Moyen Orient et Monde - Conflits

Les enfants de la guerre à la recherche d’une voix

Alima raconte devant l'ONU comment les talibans hantent encore ses nuits.
Parmi tous les accords de l'ONU, protocoles et mécanismes qui tentent de défendre les quelque 13,5 millions d'enfants déplacés dans les conflits à travers le monde, aucun ne mentionne le droit à l'amour d'un parent. Or c'est exactement ce que Joseph et Alima disent avoir perdu, lorsqu'ils ont été appelés à témoigner devant un panel très officiel de l'ONU sur les enfants déplacés par les guerres.
Joseph est l'un des très nombreux « enfants perdus » du Soudan. Aujourd'hui âgé de 32 ans, il en avait sept lorsque des soldats du gouvernement soudanais les ligotèrent, lui et sa mère, dans une hutte en feu. « Nous devions brûler vivants. Je ne sais pas ce qui s'est passé, peut-être Dieu est-il intervenu, mais il y a eu une tempête. La pluie s'est mise à tomber, les soldats se sont enfuis et ma mère nous a sortis de là », dit-il. Tous les deux ont été séparés, n'ont repris contact qu'en 2005 et ne se sont pas revus depuis.
Entre 7 et 10 ans, il a vécu avec les soldats de l'Armée populaire de libération du Sud-Soudan (SPLA). « Ils étaient comme mes parents. Là où ils allaient, j'y allais aussi. S'ils combattaient, je combattais aussi. J'ai vu de nombreux innocents tués », dit-il. Il a rencontré son père, un soldat de la SPLA, mais en 1990, ils ont été séparés aussi et Joseph a rejoint 30 000 orphelins envoyés dans des camps aux frontières du Soudan. Il a été accueilli aux États-Unis en 2001 et étudie maintenant le droit à Washington. Son père est toujours dans les forces armées du Sud-Soudan. Joseph dit qu'il est trop dangereux de retourner là-bas et il ne peut pas s'offrir d'emmener toute sa famille. « J'ai l'impression de ne jamais avoir été un enfant, que j'ai toujours été un adulte. J'ai l'impression d'avoir perdu toute ma vie », dit-il.
Alima, c'est dans l'Afghanistan des années 1990, celui des talibans, qu'elle a grandi. Le conflit a forcé la petite fille, ses parents et ses sept frères et sœurs à quitter la ville septentrionale de Mazar-i-Sharif, d'abord vers Kaboul pour ensuite rejoindre les millions de réfugiés dans les camps au Pakistan et en Iran avant d'être réinstallés aux États-Unis. Aujourd'hui, âgée de 21 ans et étudiante en pharmacie, Alima dit que les talibans hantent encore ses cauchemars. « Ils maltraitent les femmes, ils les violent. J'ai vu comment », dit-elle. Elle était avec l'une des meilleures amies de sa mère dans un marché de Kaboul lorsque cette femme fut battue pour ne pas avoir couvert ses pieds. « Je me souviens d'eux, je me rappelle à quoi ils ressemblaient. Je me souviens de leur manière de parler, de ce qu'ils ont fait. C'est quelque chose qui me hante et je ne peux pas l'oublier. C'est pourquoi je veux en parler. » Alima dit qu'elle veut s'exprimer au nom des « millions là-bas qui vivent encore ces tourments, comme moi et Joseph ». « Ils n'ont pas de famille et ils n'ont pas de voix. Personne à aimer et aimés de personne. Nous devons les aider », dit-elle.
En Somalie, au Népal, au Burundi et ailleurs, d'innombrables enfants déplacés vivent sans leurs parents. 56 États membres de l'ONU n'ont pas encore ratifié la convention sur les droits de l'enfant et sur l'implication de l'enfant dans les conflits armés.
Parmi tous les accords de l'ONU, protocoles et mécanismes qui tentent de défendre les quelque 13,5 millions d'enfants déplacés dans les conflits à travers le monde, aucun ne mentionne le droit à l'amour d'un parent. Or c'est exactement ce que Joseph et Alima disent avoir perdu, lorsqu'ils ont été appelés à témoigner...

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