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Lifestyle - Exposition

Tel père, telle fille

Regards croisés ou parallèles. Regards de photographes passionnés par la photo de presse, l'œuvre de Pierre Boulat et celle de sa fille Alexandra sont réunies au Petit Palais dans une exposition intitulée « 100 photos pour la liberté de la presse », comme un superbe dialogue à deux célébrant les 25 ans de Reporters sans frontières*.

Pierre Boulat : le premier jour, face à face d’une nouvelle recrue avec son capitaine instructeur (1957).

Le Petit Palais, grand et bel espace sur lequel planent l'ombre et la présence des impressionnistes, locataires permanents des lieux, est, depuis plus de 10 ans, ouvert à la photo et l'image contemporaines.
Beau contraste dans une cohabitation qui se fait tout en douceur, lorsque les toiles de Fantin-Latour, Sisley, Gauguin, Cézanne ou Pissarro côtoient les portraits de Fellini et d'Onassis saisis par l'objectif de Pierre Boulat, ou la photo « jour des femmes à la mosquée Mazar el-Sharif », en Afghanistan, d'Alexandra.
Soutien de Reporters sans frontières, il paraissait naturel que se tienne au Petit Palais l'exposition « Pierre et Alexandra Boulat, 100 photos pour la liberté de la presse ». Illustration d'un doublé talentueux, de parcours parallèles, de styles et de temps différents. « Deux sensibilités, deux époques, deux générations et deux façons de penser, de vivre », comme l'a souligné Annie Boulat, la veuve de Pierre et mère d'Alexandra, également fondatrice de l'agence Cosmos et commissaire de l'exposition. Toutefois mus par un souci commun, faire de la photo de presse, appuyer au bon moment sur le déclencheur et tenter la photo parfaite. « Qu'elle soit publiée et vue par le plus grand nombre », poursuit-elle.

Parcours et choix
Le père, d'abord. Pierre Boulat (1924-1998). Il a longtemps collaboré au mythique magazine Life, et saisi de nombreuses personnalités du monde de la politique, du cinéma, de la mode, mais aussi les années d'après-guerre et celles de 1947 à 1974 baptisées les Trente glorieuses. La fille, ensuite. Alexandra (1962-2007). « La Boulette », comme elle fut surnommée par la profession, se passionne pour le métier de son père, malgré lui. Elle fait les beaux-arts, s'adonne à la peinture durant 10 ans, avant de se lancer dans le photojournalisme. De 1991 à 1999, elle sillonne l'ex-Yougoslavie, l'Afghanistan, l'Irak, l'Indonésie, l'Albanie et la Palestine, en y ajoutant, à travers son regard de femme, une forme de douceur et d'intimité qui donnent à ses images, souvent violentes, une émotion supplémentaire. Extrêmement fière de son père, de cet héritage et de cette passion partagée, elle laissera tomber son appareil en 2007, victime d'une rupture d'anévrisme.

Valse à deux temps
Dans cette grande salle où sont présentés, de part et d'autre, les clichés du père et de la fille, un dialogue s'instaure à travers des images fortes, drôles, dramatiques, éloquentes. À droite, Pierre Boulat, qui n'aimait pas la guerre, mais plutôt les gens, envahit l'espace en noir et blanc. Gros grain, lumière subtile qui éclaire un visage surpris, précision, humour, tendresse, ses clichés font défiler des personnalités célèbres, Truman Capote, Juliette Gréco, Charles Ritz, Édith Piaf, des anonymes, danseuses à Barbès, anciens combattants, femmes américaines, amoureux du pavillon Baltard ou nouvelles recrues à l'académie militaire de West Point aux États-Unis.
En face, le travail d'Alexandra Boulat, plus actuel et violent, parle de guerre, de deuils, de femmes voilées, libérées, enfermées. Un travail précis, saisissant souvent le bon moment tant recherché, pour lequel la photographe a remporté de nombreux prix internationaux et les insignes de chevalier des Arts et des Lettres en juillet 2007, quelques mois avant sa mort.
Destins parallèles, qui se croisent en fin de parcours avec un accrochage sur le même thème : des portraits d'Yves Saint Laurent dans les coulisses de ses défilés, pris par Pierre Boulat en 1962, avant la présentation de sa première collection et 1974. Immortalisés par Alexandra en 2002, à l'occasion de la dernière collection du créateur. Une manière de réunir les talents du père et de la fille, au nom d'une passion pour la belle image. La parenthèse d'une vie est ainsi refermée en beauté...

* « Pierre et Alexandra Boulat, 100 photos pour la liberté de la presse » au Petit Palais, Musée des beaux-arts de la ville de Paris. Jusqu'au 27 février 2011. Entrée libre.

Le Petit Palais, grand et bel espace sur lequel planent l'ombre et la présence des impressionnistes, locataires permanents des lieux, est, depuis plus de 10 ans, ouvert à la photo et l'image contemporaines.Beau contraste dans une cohabitation qui se fait tout en douceur, lorsque les toiles de Fantin-Latour, Sisley, Gauguin, Cézanne ou Pissarro côtoient les...

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