« Un kamikaze au volant d'un véhicule piégé a frappé à l'arrière du poste de police » de Lakki Marwat, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, non loin des zones tribales, bastion des talibans, a déclaré par téléphone à l'AFP Gul Wali Khan, chef de la police du district. Parmi les victimes figurent neuf policiers et quatre écoliers qui attendaient leur bus, a déclaré Iftikhar Ahmad, un officier de la police locale.
L'hôpital principal du district, qui jouxte le poste de police, a été partiellement endommagé aussi.
Les insurgés reprochent à Islamabad son alignement sur Washington dans la « guerre contre le terrorisme » et visent régulièrement les forces de sécurité et les bâtiments officiels, mais aussi, de plus en plus souvent, les civils, en particulier les minorités religieuses, comme les chiites (20 % de la population).
Le district de Lakki Marwat a déjà été le théâtre d'attaques sanglantes, notamment le 2 janvier 2010 : un kamikaze a tué 99 personnes en précipitant sa voiture piégée dans une foule compacte qui assistait à un match de volley-ball dans le village de Shah Hasan Khan.
La vague de violences s'est intensifiée en une semaine, avec 108 morts dans six attentats-suicide en six jours. Vendredi, un kamikaze a fait exploser sa bombe au cœur d'un rassemblement de chiites à Quetta (Sud-Ouest), tuant 59 personnes. Et mercredi soir, à l'heure de la rupture du jeûne du ramadan, un triple attentat perpétré par trois kamikazes à pied a tué 31 personnes lors d'une procession chiite à Lahore, grande ville de l'Est.
Les zones tribales du Nord-Ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont le fief des talibans et d'autres groupes islamistes, mais aussi le principal sanctuaire présumé des cadres d'el-Qaëda qui y entraîne ses troupes, et notamment ses kamikazes. Les États-Unis ont récemment inculpé le chef des talibans pakistanais Hakimullah Mehsud pour l'assassinat de sept agents de la CIA tués par un kamikaze jordanien qui a fait exploser sa bombe en plein cœur d'une base américaine à Khost, dans l'est de l'Afghanistan, non loin de la frontière pakistanaise, fin décembre. Depuis cet attentat, la CIA a considérablement intensifié sa campagne de tirs de missiles par ses avions sans pilote sur les zones tribales pakistanaises, tuant des cadres des talibans et d'el-Qaëda, mais n'épargnant pas, selon les militaires pakistanais, de nombreux civils.
« Bientôt, nous viserons l'Amérique et l'Europe, nous nous vengerons des frappes de drone », a promis vendredi Qari Hussain, l'un des principaux commandants des talibans, chargé notamment de recruter et d'entraîner les kamikazes.