« Par cette célébration tardive, et même très tardive, nous avons voulu remémorer nos victoires, pas seulement nous plaindre de nos tragédies. Mais c'est aussi une occasion pour réfléchir et nous poser la question de savoir pourquoi il ne reste plus de nos victoires que le souvenir et pourquoi les nouvelles générations doivent encore payer les prix qu'avaient déjà payés leurs pères et leurs aïeux », a souligné d'emblée Nadim Gemayel.
« Je veux revenir à l'image de Bachir levant son verre et disant : "Nous tiendrons bon". Avec tout ce qui se passe aujourd'hui, il semble que nous n'avons pas l'intention de tenir bon », a-t-il relevé.
« Nous ne pouvons pas tenir lorsque Habib Chartouni, le meurtrier de Bachir, est arrêté et que personne ne le juge. Nous ne pouvons pas tenir lorsque la rue chrétienne, qui a toujours été résistante, est détruite par des guerres absurdes. Nous ne tiendrons pas lorsque, tout comme la victoire du 23 août (1982) a été dilapidée, nous faisons aujourd'hui en sorte de dilapider les acquis de la révolution du Cèdre, le rêve du 14 mars (2005) et notre victoire aux élections du 7 juin (2009). »
« Nous ne tiendrons pas lorsque nous acceptons que la détention des armes soit partagée entre deux parties, que l'État soit à deux têtes et que le front obéisse à un double commandement », a martelé Nadim Gemayel.
« Nous ne tiendrons pas lorsque se produit un incident comme celui de Adaïssé et que nous perdons trois hommes pour qu'un arbre ne soit pas abattu et qu'il l'est le lendemain, sans que personne ne dise aux citoyens libanais laquelle des deux postures est la bonne, celle du premier jour ou celle du second », a encore lancé le député de Beyrouth.
Et d'ajouter : « Nous ne tiendrons pas quand la main qui a tué Bachir échappe à la justice et qu'elle tue ensuite René Moawad puis Rafic Hariri et tous les martyrs de la révolution du Cèdre sans que personne ne demande des comptes. Ces gens-là se sont habitués à l'idée de l'impunité : nous tuons des présidents et personne ne fait rien. »
« Aujourd'hui, sincèrement, ce qu'on tente de nous imposer, c'est le marché suivant : laissons tomber le tribunal, nous reviendrons comme cela à l'ancienne méthode : tue et va ton chemin, la justice est inexistante et le peuple oublie, a-t-il souligné. Mais aujourd'hui, nous disons que nous sommes un peuple qui ne veut pas oublier. »
Et d'ajouter : « Le TSL ne concerne pas seulement Saad Hariri et sa famille, ni Amine Gemayel et sa famille, ni les familles Tuéni, Haoui, Kassir, Eido, Hajj, Eid, Murr, Chidiac, Hamadé, Ghanem, Fleyhane et les autres. Le TSL ne concerne pas les sunnites, ni les maronites, ni les grecs-orthodoxes, ni les druzes, ni les chiites. Le TSL nous concerne à tous, à chacun et chacune de nous qui aspire à un État de droit où règne la justice. Il concerne ceux qui ont été assassinés et ceux dont le tour viendra si la justice n'est pas rendue. »
« Nous disons à ceux qui s'opposent au TSL : le tribunal vous protège comme il nous protège. Sans lui, le crime politique est légitimé au Liban. Des chefs d'État et de gouvernement, des ministres, des députés, des hommes de religion et des citoyens ont été assassinés et il y en a encore qui disent non au tribunal », a-t-il déploré.
« Nous sommes ceux qui rejettent une politisation du tribunal. Mais ceux qui ne veulent pas du tribunal cherchent à politiser le meurtre », a-t-il estimé.
« Cette question est trop importante pour que nous acceptions le moindre compromis. Même si Saad Hariri accepte, ce qu'il ne fera pas, et même si Amine Gemayel accepte, ce qui est également peu probable, et même si Walid Joumblatt pardonne et oublie ou feint d'oublier. Car l'abolition du TSL signifierait le début de l'élimination du Liban », a-t-il fait valoir.
M. Gemayel a conclu en rendant hommage à la mémoire de l'ancien président de la Chambre Kamel el-Assaad, récemment décédé, dont le rôle avait été décisif en 1982 pour l'élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République.