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CD, DVD - Un peu plus de...

Everybody’s changing

On dit qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il n'y a probablement que les imbéciles qui ne changent pas tout court. Peu de gens aiment le changement. Ça déstabilise. Il est difficile de se remettre en question, de revoir son quotidien, de chambouler la routine. On préfère se figer, rester dans son moule, attaché à ses chaînes. Le changement fait peur. Il en faut du courage pour décider de tout bouleverser, de tout envoyer paître, de revisiter ses convictions. Il en faut des c... pour cracher un « merde » à la face du monde. Et changer de vie. Certainement que les choses immuables sont rassurantes, qu'on ne peut pas balayer d'un dos de main ce qu'on a construit pendant des années, mais il y a un moment où... Où ne plus avancer devient le frein de nos désirs, où refuser de voir certains échecs nous immobilise. Un moment où tout peut être possible, enfin. Où s'installer avec la personne qu'on aime est un grand pas fait dans l'âge adulte. Conquérir un espace, mettre sa brosse à dents dans le gobelet, faire une place à l'autre dans son armoire, dans son lit, dans sa tête, dans son cœur. Et puis settle down. On a déménagé, emménagé sans ménager. Tout changement, quel qu'il soit, est ardu. Faire un coming out, se trouver, se découvrir autre. Et assumer. Ne plus faire comme si. Comme si tout allait bien, comme si tout était comme avant. Changer son avenir, la voie qu'on a empruntée et claquer la porte ou l'ouvrir grand. Ne plus rester dans le gris, les demi-teintes et opter pour la couleur, le noir, le blanc, la plus extrême. Prendre un jour ses responsabilités et aller de l'avant. Quitter l'autre ou se réconcilier. Accepter enfin la différence et ne plus supporter la médiocrité. Ne plus juger...
Voilà, c'est décidé, je change de tête. Je redeviens brune. Je me fais couper les cheveux. Je bazarde mes vieilleries, je raccourcis mes jupes, je passe aux shorts. Je deviens rock, glam, bobo, casual chic, peu importe, mais je deviens autre. Un(e) meilleur(e) moi-même. Je troque la voiture familiale contre une deux portes égoïste. Un bolide dont j'ai toujours rêvé, l'objet de mes fantasmes d'adolescent. J'arrête de n'aller qu'à Paris, à New York ou à Londres et je m'aventure au Cachemire, à Oman, à Pékin, à Lhassa. J'abandonne mon 5 étoiles pour un sac de couchage, mon soda sucré pour une eau de source, tous mes refuges et mes lieux familiers pour un peu d'inattendu. Je regarde mes peurs, mes inquiétudes et mes frayeurs droit dans les yeux, et je vais loin, seul. Je me métamorphose. Je change de boulot. Présente ma démission, sors de derrière le guichet et deviens agriculteur. Je ne compte plus, je plante. Je change mes habitudes. Je prendrai ma douche le soir. Je boirai du thé, me mettrai au quinoa, éteindrai mon téléphone, n'allumerai plus mon ordinateur qu'une heure par jour. Je ne lirai plus la presse ni regarderai le JT, j'opterai pour un roman et un film de Kubrick... Je ne me laisserai plus bercer par les flots, je nagerai à contre-courant. Je rêve aussi d'avoir un jour un enfant, deux enfants, trois enfants jouant comme eux. Je vendrai mon petit appartement beyrouthin pour louer une grande maison en banlieue. Je m'y installerai avec les gens que j'aime, ma famille de cœur. Je ferai vaciller les préjugés et je choisirai la vie au lieu du rêve. Je sourirai au voisin belliqueux, pardonnerai à mes parents, arrêterai de prendre la tête de mes enfants, cesserai de leur mettre la pression. J'accepterai leurs choix et leur moyenne très moyenne. Je ne les comparerai plus entre eux, ni à leurs cousins et encore moins à leurs amis. Je changerai d'attitude et de comportement. Je bouleverserai mon ordre établi, mes priorités et mes certitudes. Je croirai en Dieu plus qu'Il ne croit en moi. Je croirai en moi, en toi, en nous. Et surtout en eux. Je ne me hâterai plus, je prendrai mon temps. Je ne râlerai plus, j'apprécierai. Je ne serai plus dans l'attente ni dans l'urgence, je serai dans le présent.
Je changerais probablement d'avis, reviendrais sur certaines de mes positions et peut-être même regretterais-je mes décisions. Mais au moins, j'aurais essayé. Même un peu, même mal, même seul(e)...
On dit qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il n'y a probablement que les imbéciles qui ne changent pas tout court. Peu de gens aiment le changement. Ça déstabilise. Il est difficile de se remettre en question, de revoir son quotidien, de chambouler la routine. On préfère se figer, rester dans son moule, attaché à ses...

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