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Nos Lecteurs ont la Parole

La laïcité, seule planche de salut pour les chrétiens et pour le Liban

Par Joseph W. ZOGHBI
Les tiraillements internes entre les communautés deviennent insupportables. Toutes les formules constitutionnelles ont été essayées et ne réussissent pas. Nous n'allons pas revenir sur l'histoire depuis 150 ans, tout le monde peut la retrouver dans les livres et les encyclopédies. Quelle que soit la formule retenue, chaque communauté essaie d'une façon ou d'une autre de faire prévaloir son point de vue au détriment de celui des autres, quitte à s'appuyer sur des puissances régionales ou mondiales qui n'épargnent pas leurs efforts pour exaucer leurs désirs selon leurs intérêts, en utilisant quelquefois la violence.
Fréquemment, des incidents plus ou moins graves viennent illustrer cette évidence. Soyons honnêtes, notre système qui avance cahin-caha peine à trouver ses marques. L'unité nationale est un slogan de façade qui cache un profond désaccord sur la vision, dans la perspective de chaque communauté, dans ce qu'on appelle aujourd'hui les accords mal appliqués de Taëf qui ont remplacé le pacte national de 1943, qui lui avait remplacé le mandat français, etc.
En fait, ces accords, malgré la bonne volonté de certains pour les appliquer, ne sont pas applicables car ils sont basés sur le communautarisme qui, lui, ne peut ignorer les changements démographiques des habitants et des communautés présentes au Liban. On a beau parler des émigrés et de leurs droits à recouvrer leur nationalité d'origine, il n'est pas possible de baser la vie politique nationale sur des hypothèses complètement inapplicables. Nous avons tous émigré « temporairement », d'une manière ou d'une autre, mais il y a une grande partie des émigrés qui l'ont fait d'une manière durable. L'émigration est une vraie richesse, pour les émigrés eux-mêmes dans la plupart des cas, car elle leur ouvre des horizons que le Liban ne peut pas leur offrir. Ils sont aussi une richesse pour le Liban lui-même, mais les générations passent et leur allégeance au pays de leurs ancêtres s'estompe au profit de leurs pays d'accueil.
Alors la démographie des communautés comme base de la structure politique ? Il faut vraiment l'oublier. Toute notre volonté et notre stratégie doivent se baser sur la modernisation de la vie politique dans la perspective d'un dégagement progressif du communautarisme vers la laïcité, dans le respect des particularités de chacun, avec le droit à la différence, mais sous des lois civiles communes.
Alors pourquoi cette mobilisation contre la proposition du président de la Chambre des députés ? Au lieu de nager à contre-courant, lequel courant deviendra inéluctablement un torrent au cas où nous nous obstinerons à l'ignorer, soyons les moteurs de cette évolution pour qu'elle ne nous soit pas imposée par la loi du nombre ; déjà, nous en ressentons les premières secousses.
Soyons les moteurs pour l'élaboration d'un programme d'évolution de la vie sociale et politique ad hominem (pour l'homme) afin que ce programme soit pour tous, quelle que soit la religion des uns et des autres. Nous serons surpris du nombre de personnes qui appuient cette démarche, pour peu qu'elle soit placée dans la perspective d'un apaisement des tensions communautaires. N'oublions pas la première manifestation pour la laïcité qui a eu lieu récemment. Qui dit manifestation, dit un ras-le-bol face à la situation actuelle et un appui démultiplié (car tout le monde ne manifeste pas mais un grand nombre appuie) pour le changement vers la modernité. Être moteur dans l'élaboration c'est aussi être vigilant pour déjouer tous les pièges que pourrait comporter cette démarche. N'est-il pas préférable d'être au cœur de la prise de décision à nous la voir imposée ?
Si nous voulons avoir un bel avenir dans ce pays, il faut œuvrer pour l'obtenir. Audaces fortuna juvat.
Les tiraillements internes entre les communautés deviennent insupportables. Toutes les formules constitutionnelles ont été essayées et ne réussissent pas. Nous n'allons pas revenir sur l'histoire depuis 150 ans, tout le monde peut la retrouver dans les livres et les encyclopédies. Quelle que soit la formule retenue, chaque communauté...

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