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Économie - Liban - Initiative

L’agriculture, un secteur en mal de financement...

Dans le cadre de son plan de réforme quinquennal, le ministère de l'Agriculture a signé hier un accord avec la Fransabank qui devrait permettre de pallier - ne serait-ce que partiellement - les nombreuses failles d'un secteur qui ne représente plus que 5 % du PIB et où seuls 4 % des travailleurs ont déjà bénéficié d'un prêt bancaire.

De g. à d. François Bassil, Adel Kassar, Hussein Hajj Hassan, Riad Salamé, Joseph Torbey et Khater Abou Habib.

Bachir EL-KHOURY

Après plusieurs mois de négociations, le ministère de l'Agriculture et la Fransabank ont officiellement scellé hier leur accord portant sur le lancement d'un programme de financement dédié aux agriculteurs, au cours d'une cérémonie à la Banque du Liban (BDL) à laquelle ont pris part plusieurs responsables dont le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, le ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan, le directeur exécutif de la Fransabank, Adel Kassar, le président de l'Association des banques du Liban (ABL), Joseph Torbey, le PDG de la Byblos Bank, François Bassil, ainsi que le PDG de Kafalat, Khater Abou Habib.
Baptisé « Kard el-Khayrat » (le prêt des ressources), ce projet - le premier en son genre entre une banque et le ministère de l'Agriculture - s'inscrit dans le cadre de la stratégie quinquennale élaborée récemment par ce dernier et visant à consolider un secteur longtemps délaissé et dont la part du PIB n'a cessé de s'effriter au fil des ans.
Le plan de réforme, étalé sur la période 2010-2014, comporte en effet plusieurs volets dont le renforcement du rôle du ministère, l'établissement d'un partenariat avec le secteur privé, l'amélioration de la qualité des produits, la dynamisation des exportations ainsi qu'un meilleur accès au financement.
C'est dans cette optique-là que le partenariat avec la Fransabank a donc été conclu pour pallier, ne serait-ce que partiellement, l'absence d'une bonne canalisation des ressources financières existant dans le pays, notamment dans le contexte actuel d'excès de liquidités.
Aujourd'hui, l'emprunt dans le secteur agricole bénéficie seulement à 4 % des agriculteurs « alors que le secteur fait vivre près de 200 000 familles », a indiqué hier le ministre Hajj Hassan.
Ce constat non moins inquiétant que l'étude publiée il y a presque deux mois par le Centre de recherches et d'études agricoles libanais (Creal), selon laquelle la production agricole au Liban aurait reculé de 12 % entre 1970 et 2008 (contre une hausse respective de 436 % et 562 % aux États-Unis et dans l'Union européenne), marque le besoin pressant de voler au secours d'un secteur devenu par excellence le parent pauvre de l'économie nationale. Une tâche ardue à laquelle semblent vouloir s'atteler les secteurs public et privé, à en croire les participants hier à la conférence, qui ont souligné à l'unanimité l'engagement de l'État et des banques commerciales en faveur de l'agriculture au Liban...

Des crédits entre 3 et 25 millions de livres
Quoi qu'il en soit, l'accord conclu hier a pour objectif de contribuer au développement économique durable en aidant les agriculteurs - en particulier ceux vivant dans les zones rurales et au revenu limité - à démarrer des projets rentables et/ou à acquérir les moyens et techniques nécessaires à une optimisation de leurs projets en cours. Il vise en outre à freiner le mouvement d'exode rural, un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur depuis des années.
Concrètement, le plan prévoit l'octroi de prêts d'un montant variant entre 3 et 25 millions de livres à des conditions préférentielles, remboursables sur une période maximale de 42 mois. Selon le président exécutif de la Fransabank, Adel Kassar, la banque œuvrera à « assurer à travers ses 104 agences réparties sur l'ensemble du territoire une couverture optimale de toutes les régions agricoles du pays ».
Notons que ce plan, d'une durée d'un an renouvelable, sera en outre suivi par des accords similaires avec d'autres banques, a assuré hier le ministre de l'Agriculture. Il s'ajoute en tout cas à d'autres initiatives déjà mises en place pour soutenir les secteurs productifs, notamment le programme Kafalat, dont plus de 40 % des garanties ont déjà bénéficié au secteur agricole.
Il n'en reste pas moins que ces mesures - certes importantes - risquent de rester orphelines en l'absence des réformes structurelles nécessaires à la survie de l'agriculture et des agriculteurs au Liban. La modernisation de l'infrastructure, le renforcement du contrôle de qualité et la réduction du coût de production - qui nuit aujourd'hui dans une large mesure à la compétitivité des produits libanais - sont parmi d'autres mesures dont l'application revêt désormais un caractère urgent.
Avec l'accord conclu hier, il s'agit donc d'un pas sur un long chemin encore à parcourir avant que le secteur agricole ne s'élève au rang des secteurs « respectés » et ne devienne digne des capacités humaines et des ressources naturelles du pays de la fertilité et des terres cultivables...
Bachir EL-KHOURYAprès plusieurs mois de négociations, le ministère de l'Agriculture et la Fransabank ont officiellement scellé hier leur accord portant sur le lancement d'un programme de financement dédié aux agriculteurs, au cours d'une cérémonie à la Banque du Liban (BDL) à laquelle ont pris part plusieurs responsables dont...

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