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Culture - Opéra

La Cour suprême américaine donne aussi de la voix...

Faisant face au Capitole, l'impressionnant bâtiment de la Cour suprême US avec la devise sur le fronton : « La justice, gardienne de la liberté. » Liberté aussi de savourer l'art lyrique entre un jugement et l'autre.

L’imposant bâtiment de la Cour suprême.

La Cour suprême des États-Unis est imposante par ses pouvoirs (sommet du pouvoir judiciaire, elle est compétente sur tous les cas relevant de la Constitution ou des lois des États-Unis et des traités conclus) et par le bâtiment qui l'abrite (architecture inspirée des temples corinthiens, dans le style de l'église de la Madeleine à Paris). Ses membres, neuf juges triés sur le volet, donnent certes de la voix, mais sont aussi sensibles à d'autres vocables beaucoup plus mélodieux et harmonieux, comme en témoigne la récente transformation de leur salle de conférence en salle de concert. Et là s'est déroulée une performance de deux grands noms de l'art lyrique: la soprano Denyce Graves et le ténor Lawrence Brownlee. Un récital en bonne et due forme qui s'est déroulé dans un cadre qui semblait fait pour murs recouverts de bois de chêne, lustres impressionnants qui ornent un plafond aux moulures bleu ciel et ocre. «Cela nous fait une merveilleuse coupure dans nos séances de travail», dit la juge Ruth Bader Ginsburg, qui est une fervente de l'art lyrique, à l'instar de son collègue Antonin Scalia. À tel point que tous deux n'ont pas hésité à participer à une des productions de l'Opéra de Washington, en campant néanmoins des rôles «non chantants». À noter que Ginsburg a souvent dit que si elle avait la voix adéquate, elle aurait certainement fait une carrière de bel cantiste.

Le printemps musical des juges
Ces résonances d'arias, de lieds et autres mélodies à la Cour suprême remontent à plus de 20 ans. La tradition veut, qu'avant de boucler leur tâche juridique de l'année (qui se termine fin juin), ses membres aient leur printemps musical. Elle avait été initiée en 1988 par le juge Harry Blackmun qui en avait assuré l'organisation. Lui avait succédé à ce poste d'imprésario à la juge Sandra Day O' Connor qui, à son tour, a passé le bâton à Ruth Bader Ginsburg. Ont répondu à leur appel de grandes vedettes: la soprano Renée Fleming, le ténor Marcello Giordani, le chef d'orchestre Leonard Slatkin, le chanteur-pianiste Bobby Short, Marian McPartland, la pianiste de jazz. Au cours du concert de cette année, animé donc par la soprano Denyce Graves et le ténor Lawrence Brownlee, messieurs et mesdames les juges sont tombés sous le charme du talent de conteur (qu'ils ignoraient) de l'un de leurs collègues, John Roberts. À la fin de la performance, il leur a rappelé qu'il y a 122 ans, jour pour jour, la Cour suprême avait émis une décision, qui était la première du genre: elle avait trait à une affaire «opératique». Il s'agissait d'une fraude dont avait été victime une diva de l'époque, Adeline Patti, surnommée «Wonderful songstress» (La merveilleuse chanteuse). Un escroc avait falsifié des billets pour un pseudoconcert de Patti, censé avoir lieu à Mexico City, et était arrivé à en vendre pour la somme de 30000 dollars, à l'époque. Si l'affaire était arrivée en si haut lieu, c'est parce qu'il fallait déterminer si la définition de la loi générale sur la falsification incluait les faux imprimés ou se limitait aux apocryphes faits à la main. Pour finir, la cour s'était prononcée pour une plus large définition.
Affaire classée. Entre-temps, les arts ont eu largement droit de cité au pays de l'Oncle Sam. Ses citoyens, aussi sérieux et décideurs qu'ils soient, ont ainsi la marge de s'y adonner en toute liberté entre une tâche et une autre. Récemment, on a évoqué dans cette même page des membres du Congrès maniant le pinceau. Sur le fronton de la Cour suprême n'est-il pas gravé: «La justice, gardienne de la liberté.»
La Cour suprême des États-Unis est imposante par ses pouvoirs (sommet du pouvoir judiciaire, elle est compétente sur tous les cas relevant de la Constitution ou des lois des États-Unis et des traités conclus) et par le bâtiment qui l'abrite (architecture inspirée des temples corinthiens, dans le style de l'église de la Madeleine...

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