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Liban

Un art de vivre

La pratique du yoga est à la mode et inspire souvent les pages « gym » des magazines féminins, l'éloignant des origines de la discipline. Retour aux sources avec Isabelle Melin Daniau, présidente de la Fédération française des professeurs de yoga.
Elle vous accueille avec son visage lumineux et ses yeux bleus qui sourient. Pieds nus sur un tapis de sol et vêtements amples et colorés. Elle s'assoit élégamment, trouve aisément comment placer ses jambes souples pour trouver une position confortable. Le dos bien droit, tout à votre écoute, alors qu'on se contorsionne en face d'elle pour s'asseoir en tailleur.
C'est le résultat de 34 années de pratique du yoga, qui l'ont conduite à prendre la tête de la Fédération française des professeurs de yoga. Une passion, un mode de vie, une philosophie, qu'elle ne se lasse pas d'expliquer à des non-initiés, brisant gaiement idées reçues et a priori, et jonglant avec aisance avec l'étymologie des mots de Hindi qui établissent les concepts de la discipline.
On pense toujours que le yoga, c'est le calme, un éloge de la lenteur, des exercices qui misent sur la concentration. On connaît cette image d'Epinal du yogi en tailleur, immobile, les mains posées paumes vers le ciel sur les genoux, en pleine méditation. « Le yoga s'adapte à la respiration et aux battements de cœur de chacun », dément-elle, toujours souriante. Un bon professeur de yoga est donc un professeur qui s'intéresse à vous, qui sait trouver les exercices qui s'adaptent à votre rythme et à votre état de santé pour obtenir les meilleurs résultats.
Les fameuses postures peuvent donc s'avérer extrêmement toniques et elles doivent surtout permettre à chacun d'aller vers l'étape suivante : la méditation, ou retrait des sens.
Le but, c'est prendre conscience de son corps, outil essentiel à la connaissance du monde qui nous entoure et, en conséquence, bien précieux à préserver. C'est l'objectif de la pratique des postures.
En exerçant son corps, on apprend à le connaître, à le sentir, à l'écouter, car « notre corps nous dit ce qu'on ignore de lui ». Plus important, la vie du corps ici n'est pas détachée de la vie de l'esprit : le travail du « hata », l'exercice des postures, a pour but de rendre complémentaire ce qui semble opposé.
Être dans son corps pleinement, c'est aussi savoir être au monde.
L'exercice du corps est partie d'un tout. Le yoga est une philosophie dont les éléments ne peuvent être séparés, un système de pensée entier, tourné vers la modestie. « Il y a un au-delà de moi, je ne maîtrise pas tout », sont des concepts-clés.
On croit encore que pratiquer le yoga pleinement, c'est se retirer du monde, dans un élan de renoncement à la vie en société. Elle répond encore :
« Non, le mot yoga signifie à l'origine "relié à". » Le but serait au contraire de trouver le détachement juste, prendre le recul nécessaire à l'action. En ce sens, le yoga consiste en un va-et-vient entre l'action et la réflexion, à un rythme naturel. Il s'agit en quelque sorte d'un retour à la juste allure, dans un monde où on nous impose la précipitation.
La pratique du yoga tend à nous faire vivre dans l'instant présent, pleinement, sans frustration.
C'est aussi ce que dit la théorie indienne des âges de la vie : chaque étape doit être vécue pleinement, afin de passer à la suivante sans frustration. Être présent au monde en y trouvant sa place, avec pour principe premier, ne pas nuire, ni à autrui ni à soi-même.

Elle vous accueille avec son visage lumineux et ses yeux bleus qui sourient. Pieds nus sur un tapis de sol et vêtements amples et colorés. Elle s'assoit élégamment, trouve aisément comment placer ses jambes souples pour trouver une position confortable. Le dos bien droit, tout à votre écoute, alors qu'on se contorsionne en face d'elle pour s'asseoir...
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