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Lifestyle - Objets et histoire

Histoire de voir et d’être vu

S'il est certain aujourd'hui que les Romains et les Égyptiens pratiquaient déjà l'ophtalmologie, il faudra près de 13 siècles pour passer des loupes de l'antiquité aux binocles tant appréciés.
C'est en effet à la fin du XIIIe siècle qu'un certain abbé italien du nom d'Alessandro Spina inventa les lunettes possédant tous les attributs que nous leur connaissons aujourd'hui. Assimilés à des prothèses à leur début, le siècle des Lumières donnera aux lunettes leur titre de noblesse. Objet rare et onéreux, il était réservé à une certaine classe sociale. Il faudra attendre la dernière décennie du XIXe siècle pour que l'essor de la lunetterie prenne toute son ampleur. Lorgnons, lorgnettes, faces à main, monocles, binocles ou pince-nez, un large choix pour qui souhaite bien voir, ou plutôt mieux voir, car la qualité des verres restait médiocre. Les montures étaient essentiellement en métal, en écaille de tortues ou en corne jusqu'à ce que le plastique sous toutes ses formes fasse son entrée mettant fin à la suprématie du métal. Matin ou soir, au boulot ou en soirée, les lunettes solaires ou optiques sont de circonstance. Ce début de siècle se dessine sous le signe de nouveaux progrès techniques. Confort, esthétique, performance, les lunettes du XXIe siècle répondent à tous ces critères. Minimalisme ou extravagance (lunettes hublot, modèles mouche) aujourd'hui, les lunettes sont sans nul doute le « must » indispensable mettant en exergue notre personnalité. Dans Certains l'aiment chaud, Marylin Monroe n'affirme-t-elle pas craquer pour « les hommes sensibles et fragiles portant des lunettes »?
Parmi les nombreuses marques de lunettes de soleil existant sur le marché, la marque Ray Ban reste l'une des plus mythiques : à la suite de la traversée en ballon de l'Atlantique du lieutenant John Mac Cready, la firme Bausch & Lomb met au point des lunettes « protectrices, panoramiques et enveloppantes »... à une époque où la lunetterie solaire n'existe quasiment pas, les verres teintés étant alors inefficaces ! Nous sommes en 1930 : le fameux verre RB3, teinté vert, filtrant les ultraviolets et les infrarouges, garanti antiéblouissements est né. Afin d'être breveté, le RB3 est débaptisé : il passe du peu glamour verre « anti-glare » à Ray-Ban, contraction du slogan « bannir les rayons du soleil ». Celui-ci sera monté sur une lunette ergonomique, dite « large métal » apparue en 1937 et dessinée par Samuel Bouchard, designer américain d'origine française. Il prendra le nom d' « Aviateur », modèle encore aujourd'hui phare de la marque. Le succès est tel auprès des pilotes de l'Air Force que tous la porteront lors de la Seconde Guerre mondiale, le célèbre général MacArthur, Winston Churchill et Eisenhower en tête... La Libération et l'image des GI distribuant des chewing-gums aux enfants, Ray-Ban sur le nez, feront entrer la lunette dans la légende médiatique. Les Blues Brothers s'emparent des Wayfarer, Jack Nicholson endosse le rôle du Joker de Batman chaussé de Ray-Ban, et Kevin Costner les choisit pour accessoiriser ses costumes gris de procureur dans JFK, Tom Cruise les porte dans Top Gun, Will Smith dans Men in black... Ray-Ban n'a cessé d'innover et de créer des modèles toujours plus tendances.
Que vous portiez des Ray-Ban, des Persol ou autres Chanel sachez que derrière ces montures de rêves, il y a un homme : Leonardo del Vecchio.
Né à Milan en 1935, le jeune Leonardo, orphelin de père, est placé en orphelinat par une maman femme de chambre. Comme il faut un salaire d'appoint dans la famille, il commence à travailler à 14 ans, tout en suivant des cours du soir de dessin industriel. À 19 ans, il se découvre une passion pour les montures de lunettes. C'est l'époque où cet accessoire cesse d'être un moyen de surmonter un handicap pour devenir objet de séduction, attribut de mode. Del Vecchio s'installe à Agordo. Le jeune patron de Luxottica y instaure une certaine éthique de travail, mariant au management social (les salaires y sont plus élevés qu'ailleurs et la cantine est gratuite) une grande productivité, un contrôle rigoureux de la production et des marges élevées. Le siège de Luxottica à Agordo est blanc, lisse, propre et silencieux. Une sorte de grand labo informatisé, avec sa salle des prototypes, sa salle de contrôle numérique. Pour une paire de lunettes, 170 opérations, dont un bain électrolytique et un limage de douze heures avec du sable (pour les montures métalliques) et du bois de peuplier tendre (pour les montures en plastique). Et c'est toujours de là qu'il dirige Luxottica : cinq usines, 21 000 salariés et 8 000 points de vente, pour 2 250 types de montures.
Le « second Léonard », comme on l'appelle en Italie, est sûrement plus riche que le premier (Léonard de Vinci). Et peut-être encore plus laborieux : il continue de faire ses vingt heures par jour dans ses usines, contrôlant production et commercialisation. Outre ses propres marques (Luxottica, Sferoflex, Vogue, Persol ou T3...), le groupe fabrique des lunettes signées Armani, Saint Laurent, Genny, Brooks Brothers, Sergio Tacchino, Web, Moschino, Klein, Bulgari, Ungaro, Ferragamo, Chanel,Oakley (rachetée en 2007) et bien d'autres... Il est le leader mondial de l'optique avec des milliards d'euros de chiffres d'affaire annuel. J'ai bien dit milliards, pas besoin de chausser vos lunettes !
S'il est certain aujourd'hui que les Romains et les Égyptiens pratiquaient déjà l'ophtalmologie, il faudra près de 13 siècles pour passer des loupes de l'antiquité aux binocles tant appréciés.C'est en effet à la fin du XIIIe siècle qu'un certain abbé italien du nom d'Alessandro Spina inventa les lunettes...

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