À Gaza, les coupures d’électricité peuvent durer une dizaine d’heures par jour... Mahmud Hams/AFP
L'an dernier, 87 personnes sont mortes dans des incendies provoqués par des générateurs ou asphyxiées par des émissions de monoxyde de carbone, selon Mouawia Hassanein, le chef des services d'urgence de la bande de Gaza. Vingt-trois autres ont été tuées au cours des quatre premiers mois de 2010.
Nassim Abou Jamei, 48 ans, a perdu trois de ses six enfants dans un incendie provoqué par une fuite de fioul stocké dans sa cuisine et destiné à un générateur. Les trois autres enfants ont été blessés.
Enaam Abou Nada et sa fille de 20 ans ont échappé de peu à la mort. Par une nuit de février, elles se trouvaient, porte fermée, dans leur sous-sol où un générateur était en marche. Quelques heures plus tard, la fille de Mme Abou Nada s'évanouit. Elle-même lutte pendant 20 longues minutes pour se lever. Son mari fait alors irruption et les emmène d'urgence à l'hôpital.
« Aujourd'hui, nous allons très bien, grâce à Dieu, et nous faisons passer un message très important : nous disons à tout le monde de ne jamais utiliser un générateur dans un local fermé ou près d'une flamme », témoigne Mme Abou Nada.
Oxfam a distribué 20 000 brochures à des hôpitaux, écoles et autres lieux publics, qui indiquent la procédure à suivre pour une utilisation sans risque des générateurs.
Les coupures sont loin d'être nouvelles dans l'enclave, mais elles ont été particulièrement fréquentes cette année, augmentant la demande pour ces générateurs relativement bon marché.
Pour le mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007, c'est Israël qui est responsable de cette situation, en imposant au territoire un blocus renforcé ces derniers mois par la décision de l'Égypte de garder sa frontière avec Gaza fermée quasiment en permanence. Depuis que le Hamas est au pouvoir, l'État hébreu a limité la quantité de fioul industriel destiné à la bande de Gaza, ce qui a contraint la seule centrale électrique du territoire à diminuer drastiquement sa production de courant.
Israël affirme de son côté que les problèmes de la centrale électrique ont été provoqués par des rivalités interpalestiniennes entre l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah (Cisjordanie), et le Hamas à Gaza.
Mounir Abou Hissera, patron d'un restaurant-poissonnerie à Gaza, reste inquiet. « Les coupures de courant nous font perdre beaucoup » d'argent, dit-il. Avant de fermer la nuit, il remplit ses congélateurs de glace, mais tous les poissons ne résistent pas. « J'essaie de ne pas stocker trop de poisson parce que je ne sais pas combien durera la coupure. Parfois ça dure 8 heures, parfois 12, parfois même 24 », assure-t-il.
Patrick Moser (AFP)
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