Elle a naturellement choisi la langue française comme mode d'expression, non seulement parce qu'elle est de mère suisse, mais aussi parce qu'elle a fait ses études dans un collège français à Beyrouth : « L'arabe est resté une langue que je parle mais dans laquelle je ne suis pas assez à l'aise à l'écrit », affirme-t-elle.
En 1975, tourmentée par la guerre qui faisait saigner son pays, Evelyne Accad commence à composer. Elle chante alors de sa voix mélodieuse son féminisme et sa révolte contre les oppressions infligées à la femme dans le monde. « Je veux vivre pour effacer la honte (...) je veux vivre pour apprendre à ma sœur à relever la tête », chante-t-elle. Ce sujet fait aussi l'objet de nombre de ses œuvres, dont L'excisée et Blessures des Mots : journal de Tunisie...
Et c'est en tant qu'hôtesse de l'air, révoltée contre les mariages arrangés et assoiffée de liberté, qu'elle quitte à bord d'un avion de la Middle East Airlines, très jeune, le Liban pour Chicago. « Le choc de deux cultures différentes et la marginalisation ressentie lors du voyage m'ont permis, dit-elle, de retrouver mon identité enracinée au Liban. » À la question de savoir ce que représente pour elle l'identité, l'auteure répond : « C'est un mélange harmonieux de cultures, de religions, de langues, de croyances et d'histoires. L'identité ne réside nullement dans l'appartenance à un groupe, qui se soucie uniquement de faire fructifier sa communauté au détriment des autres. Au contraire, elle requiert une grande ouverture d'esprit, une acceptation des différences et une tolérance inouïe. »
Dans sa littérature, Evelyne Accad apporte de l'originalité en associant au récit d'autres genres littéraires, notamment la poésie qui rappelle la tradition du « zajal » libanais (dans Femmes du crépuscule), et une terminologie scientifique qui aboutit au « roman médical » (dans Voyages en cancer).
Nada SLEIMAN
Étudiante en 5e année de littérature