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Liban

Sur le littoral du Metn, un tableau défrisant parsemé de batailles

Le Metn, notamment son littoral, semble se diriger vers une sorte de préservation de « l'ordre municipal ancien ». S'il y aura en effet des batailles quasiment partout sur le littoral, la plupart seront presque symboliques, sans importance réelle - exception faite de Sin el-Fil, Zalka et Antélias. La quasi-totalité des présidents de municipalité sortants sont en effet assurés de se voir dotés d'un nouveau mandat au terme du scrutin. Ce qui veut dire d'ores et déjà que, dimanche soir, le député Michel Murr conservera son influence sur les municipalités du littoral, même s'il aura dû, pour cela, composer avec toutes les forces politiques en présence, aussi bien ses alliés des dernières législatives, les Kataëb, les Forces libanaises et le Parti national libéral, que ses adversaires, le Courant patriotique libre et le parti Tachnag - la seule composante politique exclue de cet arrangement global conduit par Michel Murr est le Parti syrien national social, pour des raisons qui restent non élucidées. Cette situation permettra au seigneur de Amaret Chalhoub de se recentrer dans le paysage metniote après la déconvenue de 2009, et de se remettre dans la position du négociateur et de celui-par-qui-les-choses-arrivent dans cette région. Dans l'immédiat, cela permettra la réélection de sa fille, Myrna Murr Aboucharaf, à la tête de la Fédération des municipalités du Metn et, à moyen terme, pour l'histoire, Michel Murr pourra dire qu'il conclut sa carrière politique en beauté et avec panache, en restant un passage obligé incontesté dans sa région de prédilection.
Une autre conclusion politique qui peut être tirée du scrutin à venir de dimanche est celle de la puissance du parti Tachnag, que tout le monde s'efforce de courtiser. Le parti arménien, qui avait déjà scellé la victoire de la liste du CPL durant les législatives 2009, a été à l'origine du consensus dans le Metn qui a permis d'éviter une bataille de front avec le CPL. Si bien que le clivage politique a été rompu et, qu'autour de Michel Murr, ce sont des coalitions politico-familiales qui se sont mises en place un peu partout sous le credo rassembleur du « développement ». Le parti Tachnag a d'ailleurs donné l'exemple à la municipalité de Bourj Hammoud, où une liste consensuelle regroupant toutes les parties a été élue d'office. Le parti consacre donc son rôle pivot sur le littoral et donc dans la région tout entière (au plan des résultats des législatives).
Mais cette formule de coalition dessert, par principe, les partis politiques, qui sont obligés de composer avec d'autres forces sociopolitiques. C'est ainsi que si les deux principaux partis présents au Metn, le Courant patriotique libre et les Kataëb, se verront représentés dans l'ensemble des municipalités, ce sera forcément en deçà de leurs aspirations. Sans compter que, du côté du CPL, le consensus réalisé avec Michel Murr et le 14 Mars - comme à Dbayeh par exemple - n'est pas du goût de tout le monde. Cela expliquerait la proportion importante de candidats de la mouvance aouniste sur des listes opposées à celles qui sont parrainées par Rabieh, qui, si elles ne font pas le bonheur du directoire orange, contribueront cependant à ce qu'il y ait ne serait-ce qu'une illusion de bataille, pour la démocratie. Mais, sur le plan politique, cela est largement interprété par divers observateurs comme une certaine érosion de la base aouniste, phénomène du reste constaté dans toutes les régions... et qui ouvre la voie à une sorte de « guerre de succession » au Metn, à l'avenir, entre toutes les parties pour s'acquérir les faveurs de cette base. Parallèlement, les FL affirment s'efforcer de maintenir une image de cohérence à l'échelle de cette région en empêchant la floraison de candidats proches du parti sur des listes autres que celles qui sont soutenues par Meerab.
Il reste que toutes ces pistes et ces interprétations politiques, même si elles pourraient contenir du vrai, sont falsifiables. Aucun théorème permettant d'évaluer réellement la capacité de représentation de tel ou tel parti ne sera possible au terme du scrutin du dimanche. Les enjeux ont donc été totalement faussés par le facteur des familles, transversal aux partis. Les familles sont venues une fois de plus prouver que, quel que soit le degré de polarisation idéologique et politique dans le pays, c'est elles qui restent le noyau politique le plus solide, surtout dans ce genre d'échéance micro. Et les partis ne peuvent pas, au final, se permettre de se mettre à dos telle ou telle famille pour des calculs d'intérêts liés à des échéances plus importantes, même si cela doit les conduire à des alliances contre nature et à des pertes temporaires d'influence à l'échelle des conseils municipaux.

Un tableau générique
Au-delà des tentatives de théoriser ce qui ne relève que de l'hybridisme politique le plus total, la situation sur le terrain est bien plus révélatrice de l'imbroglio actuel. À Dbayeh, le président sortant, Kabalan Achkar, réputé proche du PSNS, partira en position de favori autour d'une vaste coalition de familles face aux mêmes adversaires qu'il y a six ans, Milad et Sélim Massoud, qui ont formé une liste comportant des candidats proches du CPL et des Kataëb. Les Forces libanaises, elles, ne livreront pas bataille dans cette localité.
À Antélias, le président sortant, Élias Farhat Abou Jaoudé, proche de Michel Murr, a formé une liste avec les Forces libanaises et les Kataëb. En face, le CPL et le PSNS ont formé une liste autour, notamment, de M. Joseph Safi. Le Tachnag, lui, maintient le mystère, mais rejoindrait probablement la liste du CPL. À Jal el-dib, une liste consensuelle a été formée autour du président sortant, Édouard Abou Jaoudé, proche de Michel Murr. Mais il y aura vraisemblablement une bataille avec des sympathisants aounistes mécontents et le PSNS. Zalka sera le théâtre d'une des batailles principales du littoral entre la liste emmenée par le président sortant, Michel Assaf Murr, proche de Michel Murr, qui regroupe des candidats FL et Kataëb, et le CPL, qui a formé une liste présidée par Fady Abou Jaoudé.
Jdeideh/Sedd el-Bauchrieh a été le lieu d'un miracle consensuel entre toutes les parties autour du président sortant, Antoine Gébara, proche de Michel Murr, grâce au parti Tachnag - et en dépit d'un mécontentement aouniste. Mais il y aura quand même bataille, une liste d'opposition ayant été formée autour de César Auguste Bakhos. À Dekouaneh, le président sortant, Antoine Chakhtoura, proche de Michel Murr et du CPL, appuyé par les FL, sera tête de liste face à une liste de familles conduite par Joseph Abou Abboud et appuyée par les Kataëb. Enfin, Sin el-Fil sera l'arène de la bataille la plus significative (et la plus logique !) du littoral du Metn entre la liste du président sortant, Nabil Kahalé, soutenue par Michel Murr, les Kataëb, les Forces libanaises et le Parti national libéral, et celle d'un ancien PNL, Abdo Chaoul, soutenue par le CPL et le PSNS.
Un tableau défrisant, au final, et qui tient plus du surréalisme que du rationnel, dans une région où, traditionnellement, les structures politiques ont pourtant toujours eu un poids prépondérant par rapport aux appartenances résiduelles, contrairement au Kesrouan.

M.H.G.
Le Metn, notamment son littoral, semble se diriger vers une sorte de préservation de « l'ordre municipal ancien ». S'il y aura en effet des batailles quasiment partout sur le littoral, la plupart seront presque symboliques, sans importance réelle - exception faite de Sin el-Fil, Zalka et Antélias. La quasi-totalité des présidents de...

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