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I – Assailli par les demandes, le bio se débat avec ses problèmes

Entre « bio », « naturel » et « baladi », le flou persiste

L'un des plus grands problèmes identifiés par les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête est la confusion qui continue de régner, dans l'esprit du consommateur libanais, entre produit biologique, produit naturel (cultivé sans pesticides, mais non certifié) et « baladi », une sorte de produit du terroir. Sans renier le fait que dans ces deux dernières catégories, on peut trouver des produits de qualité, il n'en demeure pas moins qu'ils ne sont soumis à aucun contrôle et n'obéissent pas à des normes préétablies, contrairement au bio, qui est un système avec ses normes, ses appareils de contrôle. Avec les scandales récents, les clients se sont rués sur tout ce qui paraît organique, mais comme le bio est nécessairement plus cher vu le coût de production, les producteurs de ce type d'agriculture se sont sentis lésés, surtout dans les endroits où sont vendus les trois sortes de produits.
« Il faut sensibiliser le public à cette différence, explique Rania Touma, directrice de « Healthy Basket ». On peut même envisager de créer un logo "organique"? national. Pour l'instant, le client doit rester vigilant et lire attentivement l'étiquette ou le certificat, en sachant que le service de protection du consommateur du ministère de l'Économie et du Commerce peut intervenir en cas de fraude, même en l'absence d'une loi. » « Le consommateur n'est pas toujours intéressé de s'informer, même quand le certificat est sous ses yeux », se lamente pour sa part Walid Nasreddine, un producteur d'agroalimentaire artisanal du Chouf.
Comment dissiper cette confusion qui règne ? Nous avons posé la question aux responsables du marché le plus célèbre du Liban, « Souk el-Tayeb », l'un des principaux points de vente directs pour les producteurs, pour nous informer sur les mesures qu'il adopte. La compagnie se définit elle-même comme un « marché fermier », même si elle est devenue synonyme de marché bio dans l'esprit de beaucoup de consommateurs, d'où la nuance.
Jihane Chahla, ingénieure agronome et responsable du contrôle de qualité à Souk el-Tayeb, confirme la confusion au niveau du consommateur et assure qu'il est très important de la dissiper. Elle explique que deux sortes de produits sont disponibles sur ce marché : les produits bio certifiés, différenciés par la couleur verte des stands (environ 30 %), et les produits naturels. À la question de savoir comment sont choisis les produits naturels, elle explique qu'elle effectue elle-même une inspection dans les fermes et fait appel à la surveillance du ministère de l'Économie et du Commerce en prélevant des échantillons arbitraires et en les faisant analyser. « Mais nous n'avons jamais trouvé de résidus de pesticides parce que ces produits proviennent de villages très lointains, dit-elle. En fait, beaucoup de producteurs travaillent selon des normes organiques mais n'ont pas les moyens de demander une certification. Il faut savoir toutefois que les produits organiques certifiés sont souvent les premiers à disparaître des étalages chez nous. »
Jihane Chahla révèle d'autre part que Souk el-Tayeb compte se lancer dans une campagne de sensibilisation pour mieux expliquer au public le processus de certification et travaille activement, en parallèle, avec d'autres acteurs pour faire adopter la loi sur le bio au ministère.
Cette confusion chez le consommateur, on s'en plaint jusque dans les commerces. « Non seulement nous subissons la concurrence des soi-disant produits de terroir, qui rend les consommateurs intolérants face à la différence de prix, mais nous devons faire face à d'autres malentendus, déclarent Sabine Kassouf et Layan Makarem, propriétaires du magasin certifié bio A New Earth. Certains nous confondent avec les "health shops"? , d'autres pensent que nous vendons des produits pour régime, d'autres encore croient que les produits bio se limitent aux légumes et fruits. Nous sommes heureuses de fournir des informations plus exactes, surtout depuis que notre clientèle s'est diversifiée, notamment pour montrer le lien entre bio et environnement, plus méconnu que le lien entre bio et santé. »
Le producteur Youssef Farès, qui a une exploitation d'oliviers et une industrie d'huile d'olives bio, pense pour sa part que « plus il y aura de la transparence, plus le public saura faire la différence et ira vers le bio ». 
L'un des plus grands problèmes identifiés par les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête est la confusion qui continue de régner, dans l'esprit du consommateur libanais, entre produit biologique, produit naturel (cultivé sans pesticides, mais non certifié) et « baladi », une sorte de produit du terroir....