l'introspection.
Sa dernière exposition en date, qui se déroule actuellement à la galerie Agial, lance ainsi le débat sur un thème encore rarement défriché par les artistes locaux (à part quelques vidéos et des histoires pour enfants). La situation des employées de maison migrantes, variable à vrai dire, selon la résidence d'accueil. Mais quelles que soient leurs conditions de travail, qu'elles soient traitées équitablement ou d'une manière abusive, qu'elles possèdent deux appareils cellulaires et un compte Facebook (avec l'ordinateur qui va avec) ou qu'elles soient reniées leurs droits les plus élémentaires, ces femmes représentent un phénomène social indéniable.
Prenant pour support le tissu dont leurs costumes sont confectionnés, ou encore sur des tables à repasser, l'artiste a ainsi croqué une multitude de portraits de domestiques. Une toile, intitulée The Runaways (les évadées), donne à voir une grille de visages aux expressions plutôt paisibles. Le sourire, affiché sur la photo passeport de l'employée de maison, accentue d'une manière dramatique le contraste avec la condition de celle qui s'est évadée. La plupart des femmes peintes par ailleurs sont des figures solitaires, serrant dans leurs bras le bébé ou l'enfant de leurs employeurs. Car les travailleuses venant des Philippines, du Sri Lanka, d'Éthiopie ou du Madagascar ne s'acquittent pas seulement des tâches ménagères. Elles font souvent office de nounous et, dans des cas extrêmes, de mamans à la place des mères biologiques.
Mais il faudrait sans doute encore du temps pour que ces migrantes à la peau mate ou carrément chocolat accèdent à une reconnaissance sociale juste, à l'instar de celles réservées aux « fair and lovely ». Tel semble être le message - clair, joli et puissant - de Tagreed Darghouth.
* Jusqu'au 17 avril. Rue Abdel Aziz, Beyrouth. Tél. : 01/345213.
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