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Moyen Orient et Monde - Pédophilie

Des voix réclament une vaste « opération vérité » dans l’Église

Une attaque en règle du « New York Times » contre Benoît XVI suscite polémique et indignation de toutes parts.

Mis en cause par le « New York Times », le pape est à son tour éclaboussé par les scandales d’abus sexuels ; mais le Vatican crie à la « persécution ». Tony Gentile/pool/AFP

Après la cascade de scandales pédophiles qui ont fini par éclabousser le pape en personne, le Vatican crie à la persécution de Benoît XVI, mais de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer la fin de l'omerta et une « opération vérité » sur le fonctionnement de l'Église.
Hier, pour le deuxième jour consécutif, le New York Times a publié des informations embarrassantes pour le Vatican. Selon le quotidien, en janvier 1980, le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, alors archevêque de Munich, a dirigé une réunion au cours de laquelle le transfert d'Essen à Munich du prêtre Peter Hullermann, accusé de pédophilie, a été validé. Il sera destinataire ensuite d'une note dans laquelle on l'a informé que le père Hullermann avait repris son service pastoral, alors qu'il était supposé suivre un traitement. En 1986, ce prêtre sera déclaré coupable d'avoir agressé sexuellement des garçons dans une autre paroisse bavaroise, après son transfert à Munich. « L'article du New York Times ne contient aucune nouvelle information. L'archevêché (de Munich) confirme que l'archevêque d'alors (Joseph Ratzinger) n'a pas eu connaissance de la décision de réinsérer le prêtre H. dans l'activité pastorale de la paroisse », a réagi l'archevêché de Munich dans un communiqué, cité dans une déclaration du porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. « L'archevêché rejette toute autre version comme étant de la pure spéculation. Le vicaire général de l'époque, Mgr Gerhard Gruber, a assumé sa pleine responsabilité pour avoir pris la décision erronée de réinsérer H. dans la paroisse », conclut le communiqué.
Jeudi déjà, le New York Times avait publié des informations selon lesquelles le cardinal Ratzinger s'était abstenu de toute sanction contre un prêtre américain accusé d'avoir commis des viols répétés sur 200 enfants sourds, entre 1950 et 1974. « Une tentative ignoble d'atteindre à tout prix » le pape, s'est insurgé hier l'organe officiel du Vatican, l'Osservatore Romano. Ces révélations, venant après la découverte de multiples scandales pédophiles en Europe, ont suscité émoi et colère dans le monde entier, certains caricaturistes figurant le pape les yeux aveuglés par sa mitre. Avvenire, le quotidien des évêques italiens, a également dénoncé hier, avec virulence, la « lapidation », la « frénétique volonté de salir et toucher » le pape et l'Église dans son ensemble. Les Églises de France et d'Angleterre ont également apporté leur soutien au pape. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, est venu lui aussi à la rescousse, s'indignant contre « des attaques scandaleuses, honteuses et dangereuses ». Le vaticaniste de l'Espresso (hebdomadaire de gauche), Sandro Magister, a jugé également « injuste » que « le pape qui s'est le plus activé contre la pédophilie soit le plus attaqué ».
De fait, Benoît XVI n'a eu de cesse de condamner ces abus. Et samedi dernier, dans une lettre aux Irlandais, traumatisés par des abus perpétrés pendant des décennies par des prêtres sur des centaines d'enfants, il a demandé que les coupables soient traduits en justice. Mais aujourd'hui, pour les victimes et nombre d'observateurs, cela ne suffit plus. D'autant que chacun s'attend à une poursuite de l'avalanche de révélations, maintenant que la boîte de Pandore est ouverte. Selon le Vatican, 3 000 accusations sont remontées au Saint-Siège - de 2001 à 2010 - pour des crimes commis par des prêtres ou religieux au cours des 50 dernières années.
Le Vatican doit maintenant « ouvrir ses archives », estime Marco Politi, vaticaniste d'Il Fatto Quotidiano, selon qui le pape se trouve maintenant à un « carrefour ». « Soit il continue dans la voie de la transparence, soit il ignore le passé et suit le conseil de ceux qui entonnent le chœur de la persécution. » D'autres vont plus loin. Dans la Stampa, Gian Enrico Rusconi estime que l'Église ne pourra s'épargner une réflexion sur le droit canon et son « inadéquation absolue » face au problème de la pédophilie, dont « l'exceptionnelle gravité morale n'est pas mentionnée ». Pour lui, un « approfondissement radical du thème de la sexualité serait la réponse appropriée ». Pour Giancarlo Zizola, de la Repubblica, c'est « le fonctionnement structurel de l'Église » qui a laissé s'instaurer un système où « l'autodéfense de l'institution, la culture du secret et de la négation ont fini par prévaloir sur les valeurs de justice, transparence et droits humains des innocents ». Et selon lui, « l'opération vérité » ne doit pas s'arrêter là. Car lorsque Joseph Ratzinger traitait les cas d'abus sexuels en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, de 1981 à 2005, il en référait à son supérieur : le pape Jean-Paul II, dont le processus de béatification est en cours.
Après la cascade de scandales pédophiles qui ont fini par éclabousser le pape en personne, le Vatican crie à la persécution de Benoît XVI, mais de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer la fin de l'omerta et une « opération vérité » sur le fonctionnement de l'Église.Hier, pour le...

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