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Liban - Disparition

Madis Gemayel Assouad, une femme de silence

Pardon Madis. Pardon de parler de toi qui n'aimais pas ce genre d'exercice. Mais certains aimeraient savoir, et ce n'est que justice de te présenter un peu, juste un peu.
Une femme qui est restée debout toute sa vie, malgré les tragédies qui ne l'ont pas épargnée, ni elle, avec la mort de son fils encore dans la fleur de l'âge, ni sa famille. Debout malgré la maladie qui l'a minée. Jusqu'au bout, elle est restée droite, sans se plaindre. De rien. Silencieuse. Le silence aura été son bouclier principal.
Trois mots résumeraient cet être tout en discrétion s'excusant presque d'être là : action, présence, silence.
Dès son enfance, Madis Gemayel Assouad s'est engagée dans une action, politique soit-elle ou sociale. Toujours engagée, toujours battante et combattante sur plus d'un front. Elle a assumé des responsabilités au sein du parti Kataëb, initiant plus d'une activité.
Et quand le pays perdait ses jeunes et son âme, n'est-ce pas elle qui a créé Dar el-Amal, ce centre de recherches et d'études pour un Liban meilleur, un Liban dont nous rêvons tous ? C'est elle aussi qui a fondé le Centre des handicapés de Beit Chabab pour que ceux qui ont été touchés dans leur corps puissent continuer à vivre dignement.
Présente et généreuse, Madis l'était par sa disponibilité, son soutien. Allant à l'essentiel avec discrétion. Et c'était cela sa différence, son plus, son label.
Dans son quotidien, Madis n'a jamais oublié ni les siens ni les autres. Surtout les autres. Ces autres, des anonymes qui avaient recours à elle et qu'elle rassurait et assurait par plus d'un moyen, mettant même à contribution tous ceux, de ses connaissances, qui pouvaient être utiles. Parce que chaque requête était pour elle une bonne cause, sérieuse, vraie, « Jaddieh », comme elle disait.
Et dans cet élan, cette disponibilité à l'autre, cette femme que rien n'ébranlait comptait sur ce qu'elle appelait toujours la « délicatesse de Dieu ».
« L'être humain est pétri d'instincts, de "gharaez" », disait-elle aussi. En arabe, le mot recouvrait tout son sens. Et là, l'arme du silence était la plus redoutable chez elle. Un silence chargé de mots cruels parfois, incitant à la réflexion. Elle savait, oh combien, répondre et argumenter avec force, conviction et un ton qui ne laissait de place à aucune erreur ou discussion inutile. Acculée par trop de calomnies, excédée, elle l'a fait, mais si rarement. Elle préférait plutôt se contenir pour ne pas blesser, ne pas gêner, ne pas provoquer. À quoi bon, disait-elle. Seul Dieu sait !
Après le martyre de son fils Amine, elle a écrit Chemin de Croix, ou le destin d'un homme et d'un peuple. Dans sa retraite des dernières années de sa vie, elle a compulsé et expliqué très simplement les écrits sacrés afin que ceux qui les ignorent puissent y avoir accès, publiant chez Cariscript deux ouvrages : Extraits bibliques et Événements bibliques. Justement pour expliquer, simplement, ce que Dieu sait et dit.
Un Dieu qu'elle a placé au centre de sa vie et qui lui aura simplifié bien des situations et apaisé bien des douleurs.
Pardon Madis. Pardon de parler de toi qui n'aimais pas ce genre d'exercice. Mais certains aimeraient savoir, et ce n'est que justice de te présenter un peu, juste un peu. Une femme qui est restée debout toute sa vie, malgré les tragédies qui ne l'ont pas épargnée, ni elle, avec la mort de son fils encore dans la fleur de l'âge, ni sa famille. Debout...
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