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Nos Lecteurs ont la Parole

Les maronites au sein de l’Orient

Par Sylvain THOMAS
Le Liban, carrefour des religions et des civilisations, apporte sa pierre à l'édifice de l'Église du Liban grâce à saint Maron que l'on fête le 9 février. Dans le même temps, ce Liban-là tend la main à ses frères musulmans pour une meilleure osmose des deux religions sur le plan politique.
Le Liban chrétien est né en même temps que le christianisme, puisque le Christ lui-même est venu à Tyr et à Sidon. Mais on ne peut fixer aucune date aux multiples rites représentés au Liban sous leur double forme orthodoxe et catholique, sans parier des Arméniens, des chaldéens, des orthodoxes et des protestants. Les chrétiens les plus nombreux sont les maronites. Ils forment la majeure partie de la population chrétienne et comme ils ont été le noyau constitutif de la nation libanaise, on a parfois confondu maronite et libanais.
Les origines de l'Église maronite remontent au IVe siècle, à saint Maron qui, après avoir reçu à Tyr une formation littéraire grecque et syriaque, se rendit à Antioche où il connut saint Jean Chrysostome dont il devint l'ami. Des montagnards chrétiens se groupèrent autour d'un monastère qui lui doit son origine et qui, au VIIe siècle, devint le foyer de l'Église maronite organisée par le moine Jean Maron.
Le chef de l'Église maronite, Jean Maron, commença à porter le titre de patriarche, lequel devint définitif à partir de 1608 dans la bulle du pape Paul V. L'Église maronite est la seule de toutes les Églises orientales qui n'ait pas une hiérarchie similaire dans le monde orthodoxe. Le patriarche maronite joue un rôle déterminant dans la vie de la nation. Il intervient pour apaiser les conflits de caractère temporel lorsqu'on le lui demande ou pas. C'est lui qui prend l'initiative. Il s'emploie à la réconciliation des différentes tendances politiques du pays.
Ce faisant, les patriarches maronites se sont inspirés, en premier lieu, des liens étroits qui les unissaient à leurs fidèles, dont ils furent pendant des siècles les protecteurs religieux et civils.
S'il y a dans le petit Liban multiplicité de rites chrétiens et d'obédience patriarcale (Antioche, Constantinople, Alexandrie, catholicossat arménien, etc.), il y a de la même façon multiplicité des rites musulmans. D'abord, les musulmans majoritaires, les sunnites et les chiites, formant une partie importante de la population y inclus les druzes qui sont issus de l'islam.
Nous tenons à affirmer avec force que les uns et les autres ont une vive conscience arabe. La population libanaise, dont les origines remontent aux Phéniciens, s'est tellement identifiée au monde arabe qu'elle a non seulement adopté l'arabe comme première langue nationale, mais encore pris des initiatives qui en font le porte-drapeau de « la nation arabe ».
La renaissance de la culture arabe est partie du Liban, de Beyrouth plus précisément. Les chrétiens y ont joué un rôle décisif. C'est Boutros Boustany qui, vers 1875, écrivit des vers enflammés pour glorifier la langue arabe ; c'est le lettré catholique Ibrahim el-Yazigi qui composa sous forme d'hymne un appel à l'indépendance : « Arabes, réveillez-vous ! ».
En parcourant l'histoire, on notera que le « Congrès arabe » qui se tint à Paris en 1913 comptait parmi ses huit membres quatre chrétiens. Ils signèrent un manifeste : « Nous, Arabes de Paris... nous montrerons aux nations d'Europe que la nation arabe vivante, indivisible, a parmi les nations une place à elle, une position de première importance. »
Depuis, les indépendances sont venues et avec elles, plusieurs nations arabes. Mais, dans ce monde arabe multinational, un esprit commun dépasse les frontières. Nul ne doit oublier et nul ne peut effacer la part originelle et fondamentale des Libanais dans cette histoire vivante.
Aujourd'hui comme hier, le Liban est fier d'être arabe et d'avoir lutté pour faire reconnaître son arabité. Les catholiques ont été à la tête du mouvement. C'est à Yazigi qu'on doit la traduction de la Bible dans un arabe considéré comme un chef-d'œuvre. Les différents rites chrétiens, y compris les maronites, ont peu à peu remplacé par la langue arabe leurs langues liturgiques anciennes, grecque et syriaque, qui restent théoriquement rituelles.
Bien qu'une grande partie de la population soit musulmane, ce sont les Libanais chrétiens qui donnent aujourd'hui à la société son caractère distinctif. Le Liban constitue un élément inappréciable dans le monde arabe car il est la porte ouverte aux idées neuves contemporaines et aux techniques modernes. Le monde arabe qui s'éveille a de plus en plus besoin du dynamisme des Libanais d'aujourd'hui et de demain.
Le Liban, carrefour des religions et des civilisations, apporte sa pierre à l'édifice de l'Église du Liban grâce à saint Maron que l'on fête le 9 février. Dans le même temps, ce Liban-là tend la main à ses frères musulmans pour une meilleure osmose des deux religions sur le plan politique.Le Liban chrétien...

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