La montée des extrémismes, principal combat de l’Unesco au XXIe siècle

Dans un entretien accordé à l'AFP, la nouvelle directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, voit dans la lutte contre les extrémismes le principal combat de l'organisation pour préserver la paix au XXIe siècle.
« Le monde change devant nos yeux, malheureusement nous voyons une accélération de l'incompréhension, de l'intolérance de certains extrémismes », a estimé Mme Bokova. « S'il y a vingt ans, on parlait de paix mondiale dans le sens de relation entre les grandes puissances - il y avait beaucoup plus d'idéologie -, aujourd'hui, nous voyons qu'il y a des dizaines de conflits dans beaucoup de régions du monde basés sur l'intolérance ethnique, religieuse, linguistique », a-t-elle souligné. Fondée pour « construire la paix dans l'esprit des hommes », l'Unesco « a pour mission primordiale de travailler pour la diversité culturelle et pour la tolérance », a-t-elle ajouté. Au-delà des programmes menés depuis des années dans le monde pour développer l'éducation ou faire valoir, par son travail d'inventaire bien connu, le caractère universel du patrimoine culturel de chaque pays, l'Unesco « doit redoubler d'efforts » contre les extrémismes, a-t-elle insisté.
Une des initiatives centrales de l'Année du rapprochement des cultures, dont l'organisation a été confiée à l'Unesco par les Nations unies, doit être la réunion d'un panel de personnalités du monde entier pour faire entendre la « voix forte » de la communauté internationale contre les extrémismes, estime-t-elle. Mme Bokova indique avoir lancé des dizaines d'invitations à des écrivains, intellectuels, mais aussi hommes ou femmes d'affaires engagés contre l'intolérance ; et avoir reçu l'assentiment d'une douzaine de personnalités. « Je le vois comme un forum qui va continuer à travailler à travers les années, en attirant des intellectuels respectés, hommes et femmes, des gens respectés des différentes régions du monde », explique-t-elle. Ce groupe d'experts se réunira pour la première fois au siège de l'Unesco à Paris le 18 février, lors de la présentation officielle de l'Année du rapprochement des cultures, a-t-elle précisé.
« L'Unesco existe déjà depuis plus de 60 ans, mais le monde change tellement vite que si nous ne pouvons pas nous adapter aux exigences du moment, elle ne sera pas en mesure d'être considérée comme une organisation pertinente », a-t-elle déclaré. Refusant de se prononcer sur le débat en France autour d'une éventuelle interdiction du voile islamique intégral, elle a toutefois souligné l'engagement de l'Unesco pour « l'égalité des femmes ».