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Nos Lecteurs ont la Parole

Quelles similitudes entre l’imam Hussein et Jésus-Christ ?

Par Marie-Thérèse NAJJAR
La comparaison établie par Michel Aoun entre le martyre de l'imam Hussein et la Passion de Jésus-Christ continue de susciter beaucoup de réactions, à juste titre. Sans vouloir réduire l'importance de l'un ou de l'autre pour leur communauté respective, la comparaison n'a lieu d'être ni sur le plan des faits historiques ni sur le plan théologique.
Alors que le martyre du premier a eu lieu suite à une bataille acharnée, la Passion du second s'est déroulée à la suite d'un procès expéditif instauré par les autorités juives et romaines de l'époque, sans aucune résistance de la part du condamné. Alors que le premier a dû se défendre héroïquement durant des jours avec une poignée de partisans, le second s'est totalement abandonné à ses ennemis, laissant même l'un de ses disciples le livrer et allant jusqu'à réprimander ceux qui, parmi eux, voulaient se défendre par les armes. « Mon royaume n'est pas de ce monde. Si Ma royauté venait de ce monde, J'aurais des gardes qui se seraient battus pour que Je ne sois pas livré», avait affirmé Jésus face à Pilate (Jean 18,36).
Alors que le martyre du premier avait pour fond une guerre de succession, la condamnation du second était la conséquence de son message jugé blasphématoire. Alors que l'un fut décapité suite à une bataille, l'autre fut crucifié après avoir été torturé. Donc rien ni dans les causes ni dans les faits ne permet la comparaison.
 Quant à l'interprétation théologique, la distinction est encore plus marquée. Si les chrétiens voient dans les souffrances de Jésus celles de Dieu Lui-même qui porte nos propres souffrances, cette interprétation ne peut être que rejetée par les musulmans pour qui il est inconcevable que le Dieu Tout-Puissant s'incarne et se laisse humilier de la sorte.  De plus, la mort de Jésus d'après la religion chrétienne n'est qu'un prélude à Sa Résurrection, signalée dans les Évangiles à travers la disparition de Son corps et les apparitions qui ont suivi. Cela n'est en rien comparable à la mort de l'imam Hussein, dont le deuil est encore porté par les chiites du monde entier et dont la tête décapitée est encore vénérée jusqu'à nos jours à Damas. La mort de Jésus a un sens essentiellement théologique dans la mesure où Jésus fait de la mort une simple étape qui mène à la résurrection à laquelle nous sommes tous invités, en suivant le chemin de l'amour tel qu'Il nous l'enseigne. La mort de Jésus telle qu'elle est perçue par les chrétiens devient ainsi un message d'espérance, alors que la mort de l'imam Hussein telle qu'elle est perçue par les chiites est douleur et désolation devant la dimension du drame vécu.
Alors qu'on arrête de chercher, pour d'obscures raisons politiciennes, des comparaisons là où il n'y en a pas. C'est manquer de respect à ces religions que de vouloir déformer leurs messages respectifs afin de leur trouver des similitudes. Le respect de l'autre ne passe-t-il pas par son acceptation avec toutes ses différences et non par la volonté d'en faire son semblable ?
Enfin, si la similitude entre le martyre de Hussein et la Passion de Jésus doit s'arrêter à celle d'un leader mort pour une cause juste, à ce moment-là pourquoi ne pas comparer aussi leur mort à celle de Gandhi ou de Martin Luther King, eux aussi lâchement assassinés ?
La comparaison établie par Michel Aoun entre le martyre de l'imam Hussein et la Passion de Jésus-Christ continue de susciter beaucoup de réactions, à juste titre. Sans vouloir réduire l'importance de l'un ou de l'autre pour leur communauté respective, la comparaison n'a lieu d'être ni sur le plan des faits historiques ni...

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