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Nos Lecteurs ont la Parole

Être français

Par Nicolas ZAHAR
Être français, cela s'hérite ou se mérite. La France n'est ni une association ni un espace économique ; c'est la plus vieille et vigoureuse nation au monde, dont l'histoire est la plus riche, continue et extraordinaire ; je crois pour ma part celle dont la civilisation est supérieure à toute les autres. La France est le seul pays où le soleil ne se couche jamais ; lorsqu'il se couche à Nice, il se lève en Guyane (plus grand département français). Et lorsqu'il s'endort à Bora Bora, la vallée des Merveilles et Tende (dernière commune de métropole à être devenue française en 1947 après 150 ans de lutte héroïque) se réveille. Sans conteste, c'est le plus beau des pays, le plus riche des terroirs ; les filles y sont les plus belles et les hommes les plus élégants. Sa langue est la plus précise, la plus romantique, la plus universelle tout en étant la plus structurée ; c'est la langue diplomatique et celle des élites ; c'est la seule langue au monde construite par une armée de poètes.
La France est une puissance européenne, africaine, américaine, océanique, arabe, méditerranéenne... Notre peuple dispose de la meilleure et la plus robuste armée. Le cœur des Français est si rempli de générosité que son peuple pêche parfois par manque de lucidité à l'égard de ceux des immigrés qui, après trois générations, ne parviennent ni à s'intégrer ni à nous aimer ; la faute en revient malheureusement aux politiques et à ceux qui, par leur suffrage, ont appuyé l'élection d'hommes politiques qui pensaient davantage à se servir qu'à servir la France. Ayant travesti notre identité, ces hommes politiques ont vendu la nation et certains de ses pouvoirs régaliens pour un plat de lentilles, l'Europe à la sauce fédéraliste et décadente.
Je ne peux m'identifier comme républicain, démocrate ou humaniste ; cela n'a pas de sens et veut tout dire sans rien dire ; c'est même un peu débile. On ne peut pas se construire avec de telles fadaises et c'est nier les 1 000 ans de monarchie... Être français, cela s'hérite de ses parents ou se mérite. C'est adhérer à un passé commun, à des us et coutumes, c'est être libre et fier (franc signifie homme libre en franc salien) ; et c'est se construire en ayant conscience du peuple auquel on appartient. Être français, c'est comme devenir un homme ; cela s'apprend aussi.
Lorsque Nasser décida d'enrôler sa jeunesse dans une guerre contre « les juifs », ma famille paternelle retourna au Liban. Ma famille de la haute bourgeoisie d'Alexandrie, amie de celle de Moustaki, ne goutta guère la vague antisémite qui gagna le Moyen-Orient, et en particulier les entraînements guerriers de l'armée égyptienne qui consistaient à empaler avec une baïonnette rouillée au bout d'un fusil tordu un mannequin habillé d'une étoile juive. Bref, tout un programme.
Bien qu'ayant des beys (titre aristocratique ottoman) dans la famille, leurs biens furent réquisitionnés en partie. Ils débarquèrent à Beyrouth avec quelques valises et peu de fortune ; ils firent les démarches nécessaires pour venir s'installer en France tout comme de nombreux juifs d'Égypte d'ailleurs. Mes grands-parents, mes arrière-grands-parents paternels, bien qu'étant libanais, égyptiens, grecs, italiens (parents tout de même de grandes familles françaises comme les Portalis et les Pigneaux de la Roche), parlaient le français à la maison et apprenaient l'histoire de France ; ils vibraient aux victoires françaises et pleuraient à ses défaites. Grecs-catholiques melkites, pour l'essentiel d'entre eux, leur état civil même était enregistré en français aux évêchés.
Ils arrivèrent un 14 juillet 1966 par le port de Marseille ; au premier bistrot, mon père assoiffé commanda « un » pour deux demi. En demandant son chemin, mon grand-oncle, croyant bien faire, s'adressa à un agent de police : « Excusez-moi Monsieur le poulet, pourriez-vous m'indiquer ou se trouve telle rue ? » Le soir venu dans un restaurant ch'timi, mon grand-père n'hésita pas à commander des moules frites avec des frites.
Arrivé à Paris, mon père gravit les échelons d'une multinationale, et, quinze ans plus tard, il créa sa propre multinationale, devint multimillionnaire. À mon tour, je suis établi à mon compte ; j'ai effectué mon service militaire en tant qu'officier dans des troupes d'élite après avoir fait Sciences Po (Toulouse).
J'ai conservé la nationalité libanaise, mais je suis français par dessus tout et d'abord. Je me suis présenté deux fois à des élections. Je fus même l'un des plus jeunes candidats aux cantonales de 93, pour le Front national.
La France est une nation et à ce titre, les Français ont un passé commun qui remonte aux Gaulois, mais pas exclusivement ; un territoire qui déborde de l'Hexagone, mais aussi de ses frontières administratives, et une volonté de vivre ensemble dans le respect de son identité (ses us et coutumes, son histoire, son Église...). La France est judéo-chrétienne et l'islam de France ne peut ignorer cette dimension ; l'islam est pluriel. Quant aux alevis, alaouites et druzes, leurs pratiques de l'islam, généreuse et éclairée, favorise un lien avec un Dieu fait d'amour.
Être français, cela s'hérite ou se mérite. La France n'est ni une association ni un espace économique ; c'est la plus vieille et vigoureuse nation au monde, dont l'histoire est la plus riche, continue et extraordinaire ; je crois pour ma part celle dont la civilisation est supérieure à toute les autres. La France est le seul...

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