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Culture - Design

Matière noire et design de science-fiction

Chez les créateurs, les idées naissent de tout et de partout. Même de la matière noire, la « Dark Matter » qui englobe tout l'univers. Et qui, chez Wyssem et Cécile Nochi, donne...matière à certaines créations aux limites de la science-fiction.

Le « Body Bag », version acrylique, pièce centrale du thème « Dark Matter ».

«Dark Matter». Derrière cet intitulé plutôt angoissant se cachent des pièces de design, d'allures pour le moins futuristes et globalement dominées par le noir*.
Sauf que «Dark Matter» n'est pas affaire de couleurs, mais d'idées. Qui, de surcroît, sont expérimentales.
Ainsi, partant d'une théorie compliquée d'astrophysiciens sur une matière noire indétectable, qui recouvrirait tout l'univers, Wyssem et Cécile Nochi, un duo de designers (qui fait aussi tandem dans la vie), ont élaboré des créations, à mi-chemin entre design et art, qui expriment leur propre interprétation de cette
question.
«La matière noire - à ne pas confondre avec le trou noir - n'est pas visible, même par les télescopes des astronomes. Elle n'émet ou ne reflète pas assez de lumière pour être détectée et ne brille donc pas comme les étoiles. Les atomes, les molécules et les particules subatomiques sont de la matière noire. Vous et moi sommes de la matière noire. Tout l'univers est composé de matière noire. Les planètes, les astres peu lumineux, comme les naines brunes, les trous noirs, les étoiles à neutrons sont de la matière noire», indiquent, en substance, les scientifiques. Qui, jusqu'aujourd'hui, affirment ne toujours pas savoir ce qu'est exactement cette matière noire, dont ils mesurent la masse, toujours en expansion - dans un schéma appelé courbe de rotation - à partir des vitesses de rotation des étoiles et des galaxies.

«Body Bag»
Cette matière noire, qui reste ouverte donc à toutes les spéculations, a inspiré au duo de designers une interprétation toute personnelle quant à sa composition. Selon eux, ce serait «la totalité de la conscience collective ou, en d'autres termes, le vécu de l'humanité sur 40000 ans qui sommeille dans la mort qui composerait la matière noire». Une idée illustrée, dans leur design, par un diptyque suspendu, dont chaque pièce (aux formes rectangulaires, l'une pouvant faire office de couverture en cachemire, l'autre, en acrylique transparent, de sac) reprend, au moyen d'un tracé coloré, le schéma de la courbe de rotation.
Baptisées Body Bag, ces deux pièces qui s'ouvrent par un zip à la manière des sacs de couchage auraient, entre autres utilités, celle d'accueillir les corps des défunts avant la mise en terre et le retour au sein de la matière noire.
Autour de cette œuvre centrale sur le thème de la matière noire, le duo de designers a élaboré une série éclectique d'objets qui, «comme tout dans l'univers, sont donc constitués de matière noire», indique Nochi.

Inspiration locale et hommages
Souvent inspirés de leur quotidien, notamment des événements sociopolitiques, comme cette série de valises en vinyle noir qui forment en réalité un canapé et qui sont un clin d'œil à la guerre des «hakibats» (ou portefeuille ministériel) que le Liban a subie dernièrement, et qui délivrent le message subliminal qu'il faut toujours avoir sa valise sous la main en cas de conflit! Dans ce même registre - décidément très dark ! -, un bar à whisky à l'apparence de piste d'atterrissage, élaboré à partir d'un convoyeur d'aéroport, évoque, lui, la nécessité d'un aéroport de rechange dans ce pays secoué régulièrement par des turbulences et des blocus.
D'autres fois inspirés des créations de leurs prédécesseurs, à l'instar d'une série d'hommages à Michel Thonet et sa célèbre chaise de bistrot parisien que Wyssem et Cécile ont repris en version bambou, tout en courbes ou encore en lamelles de bois géométriques; à Arne Jacobsen et sa fameuse chaise Ant, ou encore à un cliché de Man Ray, Le mystère d'Isidore Ducasse, lui-même une illustration d'un vers d'Isidore Ducasse (ou le comte de Lautréamont) évoquant «la rencontre improbable d'une machine à coudre et d'un parapluie».
Enfin, il y a les œuvres ludiques, tels cette boîte de Pandore qui s'ouvre en tapis, ces chaises et tables d'artistes entièrement composées de toiles sur châssis détachables, ou encore les fameux luminaires Luffa qui, comme leur nom l'indique, ne sont autres que la traditionnelle éponge naturelle d'Orient. Elle-même, bien entendu, matière noire. À double titre, car repeinte en noir !
 
* À la galerie On-Off (88, rue du Parlement, au centre-ville, imm. Arab Bank) Jusqu'au 15 janvier. Horaires d'ouverture : de 11h00 à 19h00, ou sur rendez-vous au 03/204202. 
«Dark Matter». Derrière cet intitulé plutôt angoissant se cachent des pièces de design, d'allures pour le moins futuristes et globalement dominées par le noir*. Sauf que «Dark Matter» n'est pas affaire de couleurs, mais d'idées. Qui, de surcroît, sont expérimentales. Ainsi, partant d'une théorie...

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