Rechercher
Rechercher

Contre-offensive médiatique chinoise pour faire face au monopole occidental - Séminaire

Contre-offensive médiatique chinoise pour faire face au monopole occidental

Malgré les efforts des autorités chinoises à s'ouvrir au monde, le pays reste très mal vu de l'extérieur à cause d'une couverture médiatique qualifiée par les Chinois de « déséquilibrée et biaisée ».

La séance d'ouverture du séminaire pour les journalistes des pays en développement qui a eu lieu récemment en Chine. Photo Antoine Ajoury

L'année 2008 est considérée comme un tournant majeur dans l'histoire contemporaine de la Chine. En organisant les XXIXes Jeux olympiques, Beijing souhaitait ainsi ouvrir une nouvelle page avec la communauté internationale, alors que cette dernière espérait un changement radical en matière des droits de l'homme et de libertés. Face à ces attentes contradictoires, la déception fut au rendez-vous, alors que les critiques fusaient de toutes parts contre le régime chinois.
Malgré les efforts exceptionnels des autorités à offrir la meilleure image possible, les médias occidentaux ne parlaient que des couacs, l'opinion publique occidentale ne retenait que les aspects négatifs. Très vite, les Chinois comprirent qu'ils sont incapables de faire passer leurs messages, leurs idées. Un problème de communication est évident.
« Les informations sur la Chine sont déséquilibrées et biaisées. » Cette affirmation est presque sur toutes les lèvres des responsables chinois qui appellent à accroître les efforts « pour construire un nouvel ordre médiatique, parallèlement au nouvel ordre mondial ». Selon des statistiques chinoises, près de 80 % des informations sont contrôlées par les médias occidentaux. « Nous ne voulons pas détruire le mur. Il faut ouvrir une brèche, une fenêtre pour faire entendre notre voix, pour donner une alternative et offrir une autre version des faits », affirment certains responsables chinois de l'office de l'Information, ajoutant que pour arriver à ce but, « il faut un effort conjoint des pays en développement ».
Les Chinois sont néanmoins surpris de leur inefficacité en matière de communication. La Chine compte actuellement 2 000 périodiques dont 816 quotidiens. 9 000 magazines sont en circulation. Les stations radio se sont développées d'une manière considérable, surtout avec l'accès des Chinois aux voitures grâce au développement du parc automobile, entraînant surtout des embouteillages dans les grandes villes. Il y a aujourd'hui 673 stations radio en Chine. Le réseau de l'information s'est également développé avec l'accès à l'Internet de plus de 360 millions de Chinois, sans oublier le réseau de téléphonie mobile qui touche actuellement près de 720 millions d'usagers.
Malgré cette impressionnante évolution, le monde ne connaît toujours pas la Chine, regrettent les Chinois, officiels ou simples citoyens. Selon des sondages effectués avant les Jeux olympiques, parmi des échantillons de plusieurs ressortissants occidentaux et concernant des symboles chinois, la majorité des gens a donné de fausses réponses. Il y avait évidemment la nourriture, le panda, le dragon, mais aussi Bruce Lee, Nissan ou Nike...
Il va sans dire que le pays fut pendant longtemps cloisonné et complètement fermé au monde extérieur. L'ouverture, qui a débuté avec les réformes il y a 30 ans déjà, ne semble pas suffisante. Hu Kaihong, de l'office de l'Information, explique ce retard par le rôle de la presse en Chine. Durant des décennies, les médias étaient un instrument entre les mains du parti. « L'éducation et la mobilisation étaient le but principal des médias », affirme-t-il. « C'était un moyen utilisé par le parti pour éduquer la population. Les médias étaient les yeux et les oreilles du parti. La presse véhiculait exclusivement le point de vue du parti au pouvoir. Seules les informations qui intéressaient le parti étaient publiées, sans oublier les nouvelles sur les dirigeants et les responsables politiques », ajoute M. Hu. Or le rôle des médias est beaucoup plus vaste, explique le responsable chinois. Ils jouent d'abord un rôle d'information et de divertissement. Les journalistes doivent en outre aider les gens à avoir un sens critique. La presse a également le devoir de dénoncer la corruption, les scandales, etc. Enfin, elle est censée protéger et défendre les droits individuels.
« Aujourd'hui, les gens veulent des nouvelles, des informations. Et non plus la propagande du parti », affirme Hu Kaihong. D'où une lente évolution de la presse chinoise, d'un instrument idéologique à une institution professionnelle.
Malgré ce tableau bienveillant dessiné par les responsables chinois, il faut admettre l'existence de lacunes essentielles dans le système chinois. En effet, la place de l'initiative privée est toujours très restreinte. Les autorités justifient cette carence par l'appât du gain pour les organismes de presse et la corruption pour les journalistes eux-mêmes « qui ne pourront plus être objectifs si le but principal est la recherche du profit, et non de l'information ».
Il va sans dire que les appels des autorités chinoises à une presse plus objective et plus diversifiée au niveau mondial sont des demandes légitimes. Les exemples de manipulation dans les médias sont légion : la guerre contre le terrorisme, l'invasion de l'Irak, le conflit israélo-palestinien, etc. Tous ces sujets montrent la frontière très mince qui existe entre la propagande et l'information. Les Chinois citent souvent le cas d'un journal allemand qui avait publié la photo de moines bouddhistes brutalisés par des soldats. La légende de la photo explique qu'il s'agit de soldats chinois frappant des moines tibétains. Or la photo a été prise au Népal, lors d'une manifestation de soutien au Tibet, et les manifestants étaient brutalisés par la police népalaise.
Briser le monopole des médias occidentaux semble pour ainsi dire une demande parfaitement légitime. Il faut donc avoir la liberté de choisir. Il faut également avoir une alternative fiable pour pouvoir choisir. Or l'une des critiques majeures contre le gouvernement chinois sur ce sujet, concerne la censure sur Internet. Les sites des opposants sont fermés, Facebook, Twitter et Youtube sont interdits d'accès en Chine. Et ces transgressions des libertés reviennent régulièrement quand les défenseurs des droits de l'homme ou les gouvernements occidentaux veulent critiquer le régime chinois.
Reste enfin un barrage de taille qui handicape toute compréhension de la politique et de la société chinoises : la différence culturelle. Ce sujet reste toutefois très complexe et très controversé.
L'année 2008 est considérée comme un tournant majeur dans l'histoire contemporaine de la Chine. En organisant les XXIXes Jeux olympiques, Beijing souhaitait ainsi ouvrir une nouvelle page avec la communauté internationale, alors que cette dernière espérait un changement radical en matière des droits de l'homme et de libertés. Face à...