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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourquoi l’ONU est nécessaire à la sécurité mondiale

Walid ARBID

Au regard de l'histoire, et au lendemain de la crise irakienne, de nombreux commentateurs ont proclamé  la mort de l'ONU, faisant écho au président américain George W. Bush qui avait évoqué le spectre de la SDN. Le directeur de l'IFRI, Thierry de Montbrial, écrit : « En réalité, l'acte de décès de l'ONU n'est pas près d'être signé car cette organisation est un forum indispensable, dans l'intérêt bien compris de ses 191 membres, pour négocier ou donner un habillage juridique à d'innombrables actes de la vie internationale. » Dans un monde plein de tensions, les Nations unies permettent des consultations immédiates entre gouvernements et offrent un lieu de discussion des problèmes à long terme. C'est pourquoi on répète souvent que si l'ONU n'existait pas, il faudrait l'inventer.
On n'oubliera pas que les hommes  réussissent mal à être eux-mêmes, surtout dans le domaine des relations internationales. En effet, après la chute du mur de Berlin, le monde semble radicalement différent. Rapports de force, utilisation de la force armée (actions extérieures, guerres civiles ou de voisinage, opérations de maintien de la paix, ingérences), emprise de l'économie sur les États, tous ces phénomènes se sont profondément renouvelés ou accentués.

Pourquoi l'ONU est-elle nécessaire à la sécurité mondiale ?
La réponse est simple. Il y a 64 ans fut créée l'Organisation des Nations unies, dont les grands principes, contenus dans sa charte, sont les suivants :
- l'égalité souveraine de tous les États, quelle que soient leur taille ou leur puissance ;
- la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque pays ;
- le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ;
- le règlement pacifique des litiges entre les pays.
La réforme du Conseil de sécurité fait partie des questions dont traite le rapport de 2005 du secrétaire général, intitulé : « Dans une liberté plus grande ». Entre-temps, le Conseil de sécurité a réformé ses méthodes de travail pour les rendre plus transparentes. Plusieurs modifications apportées en 2001 aux procédures ont modifié le déroulement des séances, la présentation des rapports et la documentation. Le Conseil continue à réfléchir aux moyens de rendre ses méthodes de travail encore plus transparentes.
L'ONU est-elle réformable ? À quoi servent les missions de maintien de la paix ? L'ONU est-elle menacée par l'unilatéralisme américain ?
L'ONU n'a pas été conçue pour être un gouvernement mondial. Organisation composée d'États souverains et indépendants, elle ne fait que ce que les États membres décident qu'elle peut faire : elle est leur instrument. La domination américaine est encore plus nette : elle se fait à l'échelle mondiale. Les États-Unis sont sortis renforcés de la guerre dans tous les domaines : économiquement, financièrement, militairement et culturellement. On peut donc parler de domination américaine sur le monde en 1945. Seuls les États-Unis sont capables de financer la reconstruction. Cette capacité devient une arme diplomatique qui installe dans l'orbite des États-Unis de nombreux pays d'Europe.
Après le 11 septembre 2001, les États-Unis n'auraient eu aucune difficulté à obtenir le feu vert du Conseil de sécurité pour attaquer les talibans, mais cette guerre n'a pas été jugée nécessaire, écrit Thierry de Montberial.
Toute l'histoire de la démocratie a consisté à lutter contre la confiscation du pouvoir par les plus riches ou les plus forts. On ne contestera pas l'idée de permanence de la puissance en dépit du fait que celle-ci est par nature éphémère. Les nouveaux pays que l'on admettrait dans ce club parce qu'ils sont les puissants d'aujourd'hui seraient doublés par d'autres plus puissants demain. Mais il faut surtout contester la puissance comme critère de désignation des responsables. À ce sujet, le président libyen Mouammar Kadhafi avait stigmatisé, dans son discours à l'ONU, les grandes puissances, les accusant d'avoir déclenché de nombreux conflits depuis 1945 pour poursuivre leurs propres intérêts.
Par ailleurs, le maintien de la paix des Nations unies est un instrument unique et dynamique conçu par l'organisation en vue d'aider les pays en proie à des conflits à créer les conditions d'une paix durable. La première mission de maintien de la paix de l'ONU a été créée en 1948, lorsque le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d'observateurs militaires au Proche-Orient afin de superviser la mise en œuvre de l'accord d'armistice signé entre Israël et ses voisins arabes. Avec la fin de la guerre froide, le contexte stratégique du maintien de la paix des Nations unies a profondément changé, conduisant l'organisation à modifier et étendre ses opérations sur le terrain à partir de ses missions « traditionnelles » impliquant des tâches strictement militaires vers des entreprises pluridimensionnelles complexes destinées à veiller à la mise en œuvre d'accord de paix globaux et à aider à bâtir les fondations d'une paix durable.
Finalement, l'organisation s'est activement employée à renforcer ses capacités de gestion et d'appui aux opérations sur le terrain. De cette façon, elle a contribué à la fonction la plus importante des Nations unies : le maintien de la paix et de la sécurité.

Walid ARBID
Professeur à l'Université libanaise,
avocat à la cour
de Beyrouth,
président de l'Association des universitaires libanais

diplômés des universités françaises (AULUF)

Au regard de l'histoire, et au lendemain de la crise irakienne, de nombreux commentateurs ont proclamé  la mort de l'ONU, faisant écho au président américain George W. Bush qui avait évoqué le spectre de la SDN. Le directeur de l'IFRI, Thierry de Montbrial, écrit : « En réalité, l'acte de...

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