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Liban - Entraide

L’AFEL, ou comment donner un autre avenir aux enfants de la misère

Fondée il y a 34 ans initialement pour aider les enfants de la guerre, l'Association du foyer de l'enfant libanais (AFEL) poursuit son travail pour venir en aide aux tout-petits, victimes de la misère et de leurs familles.

Des activités pour les enfants accueillis au centre de Sin el-Fil.

Tous les jours après l'école, 110 enfants âgés entre 5 et 14 ans viennent prendre leur déjeuner au centre de Sin el-Fil relevant de l'Association du foyer de l'enfant libanais (AFEL). Ils restent au centre jusqu'aux alentours de 18 heures. Ici, ils sont pris en charge par des volontaires et des répétiteurs qui les aident dans leurs leçons et leur organisent des activités d'éveil. L'AFEL permet ainsi aux tout-petits d'être plus forts que la misère dans laquelle ils vivent.
Ici, devant des personnes qu'ils ne connaissent pas, les enfants racontent les vies auxquelles ils rêvent, mais qui ne sont pas les leurs.
Imad a 8 ans. Il montre fièrement son excellent carnet de notes et ses devoirs de grammaire et de vocabulaire. En classe de 10e, le français est sa matière préférée. Imad était un enfant battu, sa mère aussi subissait les violences de son mari, qui était très influencé par sa famille. De plus, Imad, ses frères et sa mère étaient parfois laissés plusieurs jours sans nourriture.
Pour sauver leur couple, les parents de Imad ont décidé de quitter leur Syrie natale pour venir au Liban. Aujourd'hui, le père du petit garçon est devenu moins violent. C'est à l'AFEL que le petit garçon mange tous les jours et est aidé dans ses leçons.
Samy a sept ans. Lui aussi est en classe de 10e. Il évoque une vie parfaite, où il vivrait dans une maison calme avec sa mère, son père et sa sœur, et où tous les week-ends il irait au jardin public et au parc d'attractions avec son papa. Samy rêve de devenir avocat.
Samy était lui aussi un enfant battu. Sa mère vient de quitter le domicile conjugal avec ses enfants pour se protéger des violences de son mari. Le garçon se rend à l'AFEL depuis plusieurs années.
Au centre de Sin el-Fil, il y a aussi de jeunes adultes, qui ont grandi à l'AFEL et qui reviennent pour aider à leur tour les petits victimes de la misère, travaillant ainsi auprès de l'association qui les a soutenus.
Yara a dix-neuf ans. Elle est animatrice sociale et suit des cours dans un institut technique. Elle a grandi au centre de Sin el-Fil et y travaille, ainsi qu'auprès d'autres associations tout en poursuivant ses études.
« L'AFEL m'a tout donné. J'avais cinq ans quand je suis arrivée au centre de Sin el-Fil », affirme-t-elle. Yara, dont la famille habite Nabaa, est issue d'un mariage mixte. Sa mère, musulmane, est mariée à un chrétien. Son père est alcoolique. Le couple s'est séparé alors que Yara était encore enfant. Sa mère s'est alors installée avec un autre homme et les enfants ont été placés chez leurs grands-parents maternels.
Même si elle dit qu'elle s'en est remise, Yara ne peut pas s'empêcher de pleurer quand elle se souvient de son enfance. C'est à l'AFEL qu'elle avait trouvé le soutien nécessaire pour qu'elle puisse tenir debout et faire sa vie, devenant indépendante et assumant ses responsabilités. « Je suis contente d'être là, d'aider à mon tour les enfants de l'AFEL, comme j'ai été aidée par le passé. D'ailleurs, même aujourd'hui si j'ai un problème ou si j'ai besoin qu'on m'écoute, c'est vers les monitrices et les responsables à l'AFEL que je me tourne », souligne-t-elle. « Je n'ose pas imaginer quelle aurait été ma vie sans l'AFEL. Un désastre, je pense. Je suis sûre que je n'aurais jamais poursuivi mes études, par exemple. L'AFEL, c'est ma famille », ajoute-t-elle.

Les divers centres et activités
Fondée en 1976 avec le début de la guerre du Liban, l'AFEL s'occupe actuellement de 500 enfants et de 220 familles. Depuis sa création en 1976, l'AFEL s'occupe des petits défavorisés et de leurs familles, œuvrant en premier lieu à rendre le milieu dans lequel ils évoluent plus apte à leur épanouissement. L'association assure le développement culturel et la formation professionnelle de l'enfant en contribuant aux frais d'études scolaires et techniques. Dans son centre de Sin el-Fil, elle assure aux enfants menacés par la délinquance un cadre, une écoute et un encadrement sécurisant et stimulant, et les aide à réintégrer leur milieu ambiant (famille, école). Les enfants qui fréquentent l'externat habitent Sin el-Fil, Bourj Hammoud et Nabaa. Ils sont accueillis d'octobre à juin, du lundi au vendredi, entre 13 heures et 18 heures. À leur arrivée de l'école, un repas chaud leur est servi, des répétiteurs et des volontaires les aident dans leurs études du soir. Un goûter ainsi que des activités d'éveil et des loisirs sont prévus. L'AFEL prévoit aussi divers programmes sociaux : alphabétisation des adultes, éducation populaire (des rencontres mensuelles et des conférences données par des spécialistes sont notamment prévues aux habitants de Sin el-Fil et alentours), ateliers protégés (du travail manuel est exécuté par les mères des familles de l'AFEL et le bénéfice des travaux leur procure des rentrées supplémentaires).
L'AFEL a un internat à Jouar el-Bouachec qui accueille des enfants en danger moral, physique et psychique. Elle travaille avec la famille dans le but de réintégrer l'enfant dans un cadre sain et stable à tous les niveaux.
L'association a été la première au Liban à mettre en place un service gratuit de rattrapage scolaire. Les cours, qui sont dispensés dans trois centres de l'association (deux externats à Bourj Hammoud et un internat à Raachine), permettent à des enfants qui ont un retard scolaire ou un léger retard mental de les dépasser et d'acquérir les rudiments de la lecture, de l'écriture et toute autre connaissance nécessaire à leur insertion sociale. Les enfants, qui sont au nombre de 75 actuellement, sont encadrés par une équipe multidisciplinaire : éducatrices, orthophonistes, psychomotriciennes, psychologues, assistantes sociales et personnel servant.

Enfants maltraités
Lors de son déjeuner annuel organisé en décembre, la présidente de l'AFEL Simone Wardé a affirmé : « Depuis 34 ans, nous poursuivons toujours notre mission qui est celle d'accompagner de nombreux enfants souffrant de problèmes familiaux au sein de leur famille et vivant dans un milieu malsain affectant leur bon développement. Depuis 34 ans, nous maintenons la flamme allumée, sans nous lasser, sans baisser les bras, sans perdre espoir. »
Elle a appelé à « unir les efforts pour alléger les problèmes vécus par les familles de l'AFEL car le marasme économique et la pauvreté ne font qu'augmenter de jour en jour, n'épargnant personne ».
La présidente de l'association a souligné que « l'AFEL a approfondi son intervention dans le domaine de la maltraitance dans le but d'assurer la protection des enfants et la réhabilitation des familles. D'où la décision d'organiser un colloque régional ayant pour thème « la maltraitance des enfants, entre protection sociale et protection juridique », en collaboration avec le ministère des Affaires sociales, le Conseil supérieur de l'enfance, ASMAE et avec le soutien financier de Global Fund for Children. Ce colloque a eu lieu à Beyrouth en mai 2009.
Elle a ajouté qu'un « guide paraîtra bientôt sur la maltraitance des enfants. Il sera édité par le ministère des Affaires sociales et l'AFEL. Il traitera des problèmes de la maltraitance des enfants, de leurs causes et des moyens d'y remédier. Ce guide s'adresse spécialement à toutes les personnes s'occupant d'enfants à problèmes sociaux ». Elle a remercié l'équipe de l'association pour tous les efforts déployés dans leur travail. « Nous constatons une évolution et une spécialisation positive dans les techniques d'intervention pédagogique auprès des enfants », a-t-elle ajouté.
Dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, la secrétaire générale de l'AFEL, Amal Bassil, a affirmé que dans le cadre de la lutte contre la maltraitance des enfants et grâce au soutien financier de Save the Children - Suède et conjointement avec l'Union pour la protection de l'enfance au Liban (UPEL), des séances de conscientisation, destinées notamment aux enfants et à leurs familles, ont pu être organisées au centre de Sin el-Fil. Elle a souligné que l'AFEL travaille de plus en plus sur la protection sociale et la protection juridique des enfants. « Nous œuvrons auprès des familles pour les sensibiliser au problème et réduire les facteurs de risque qui peuvent mener à la violence des parents. Nous travaillons également au niveau de l'enfant afin qu'il soit apte à se défendre, notamment en lui expliquant ses droits et ses devoirs », a-t-elle ajouté.
Mme Bassil a souligné que « quand la protection sociale ne suffit pas, on a recours à la justice, et ce dans l'intérêt de l'enfant, conformément à la loi 422 relative à la protection des jeunes ayant des problèmes avec la loi ou qui sont en danger ». « Il y a beaucoup de travail à faire dans se domaine », ajoute-t-elle.
Se penchant sur le guide que l'AFEL devrait publier en mars prochain, elle a indiqué qu'il « présentera notamment les techniques d'intervention en cas de maltraitance, les lois en vigueur au Liban, et le travail de protection sociale. Ce guide donnera des exemples et des moyens pratiques tirés à partir de l'expérience de l'association ».
Pour plus d'informations, appeler les numéros suivants : 01/481690 et 01/485066.
Pour vos dons : Emirates Lebanon Bank (ex-BNPI), compte numéro 128 249 00186, et Banque BEMO, compte numéro 03 00 3273661.
Tous les jours après l'école, 110 enfants âgés entre 5 et 14 ans viennent prendre leur déjeuner au centre de Sin el-Fil relevant de l'Association du foyer de l'enfant libanais (AFEL). Ils restent au centre jusqu'aux alentours de 18 heures. Ici, ils sont pris en charge par des volontaires et des répétiteurs qui les aident dans leurs...

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