Il y a en effet une vie dans Beyrouth by day, des lieux à découvrir autres que Gemmayzé la surmédiatisée, de Ras-Beyrouth à Manara, en s'arrêtant à Basta, Mar Mitr, Tallet el-Druze-Snoubra ou Ghabeh. Des héros ordinaires, le « Abaday », le « Hakawati », le « Moukhtar, Malek el-Falafel », les épiciers, les boulangers, tous les gardiens de notre mémoire. Des légendes à connaître, des histoires à raconter et des formules types qui font encore sourire. Sur un ton léger, qu'elle n'a pas voulu nostalgique, sa balade, accompagnée de photographies de Ghadi Smat, décrit l'âme de la capitale.
« L'idée de faire ce livre remonte à 10 ans, précise l'auteur. J'avais alors une rubrique, "Beyrouth dévisagée", qui paraissait dans Magazine et qui m'avait poussée à arpenter ses rues. Bien que née à Beyrouth, j'ai constaté que je ne la connaissais pas du tout. » L'urgence a sonné au constat de tous les changements qui surviennent quotidiennement, les disparitions de maisons et les quartiers entiers qui se vident de leurs habitants. « Pour la première fois, j'ai éprouvé un sentiment d'irréversibilité que nous n'avions jamais ressenti auparavant, même durant la guerre. Le décor devenait alors hostile, mais il reprenait vite sa place. Aujourd'hui, quand on détruit un immeuble, c'est l'épicier du coin et les petits commerces pleins de charme qui disparaissent. Et un grand nombre de Beyrouthins que l'on déplace. » Durant près de deux mois, le duo Mehanna-Smat, parti en repérage à la découverte des quartiers de la ville, a marché, marché du matin au soir... Munis de toutes les informations recueillies durant des années de travail, l'auteur part alors à la recherche de ses mots, le photographe de ses images.
Le livre se monte d'une façon complémentaire. Les textes en français, traduits en anglais par Marilyn Zakhour, sont également une belle promenade. « J'ai essayé d'être circonspecte, souligne Tania. Les gens sont tristes, mais ce n'est pas le ton que j'ai voulu employer. J'ai préféré parler de rencontres privilégiées, d'amitié qui lie les gens, d'hospitalité et de cette magnifique coexistence, en dépit de tout. J'espère que ce livre va générer une énergie nouvelle et qu'il va entraîner Libanais et étrangers dans une redécouverte des lieux. » « Beyrouth n'est pas une œuvre d'art, conclut-elle très justement dans un ultime message d'amour. C'est une ville vivante, généreuse, même si elle est sale, bruyante. Elle donne, elle inspire, elle nourrit. »
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