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Liban - Texto

Amertume

Le timing a été tellement bien choisi. À la mi-décembre, les rues de Beyrouth grouillent de voitures, les embouteillages sont monstres, les avions n'arrêtent pas de se poser, les uns après les autres, sur le tarmac de l'aéroport international Rafic Hariri, et les Libanais, de manière générale, ne songent qu'à pouvoir fêter le mieux possible, sans se ruiner, mais sans, d'autre part, ruiner l'ambiance de fête qui règne sur leur capitale. Et c'est pour cette dernière raison qu'ils délaissent, plus que jamais, leur petit écran et leurs journaux pour se plonger dans une atmosphère ô combien plus rassérénante : celle de Noël bien sûr, mais aussi et surtout celle de cette année qui s'achève avec son lot de déceptions et d'occasions bêtement manquées. Le timing de cette visite effectuée par le Premier ministre à Damas est donc magistralement bien choisi, puisque, de manière générale, les citoyens sont, heureusement ou malheureusement, c'est selon, occupés à autre chose. De bien plus agréable, il faut le dire. Ce timing a permis à cette visite historique de se dérouler au milieu d'une indifférence presque généralisée de l'opinion publique. C'est sans encombre que l'objectif premier a été atteint. Deux ans plus tôt, un tel happening politique aurait eu pour effet de pousser une bonne partie des Libanais à prendre les rues d'assaut en guise de protestation. Mais la lente agonie de l'alliance du 14 Mars était en marche car soigneusement orchestrée et minutée.
Certes, se réconcilier avec son voisin est toujours une bonne chose, surtout lorsqu'une nouvelle année se profile et qu'il est toujours plus agréable, et rassurant, de mettre à exécution ses bonnes résolutions avant même que l'aube de 2010 ne se lève sur Beyrouth. C'est ainsi qu'en décembre 2009, après quatre années de brouille, le Liban officiel a choisi de se réconcilier avec cette Syrie à la fois sœur, amie, ennemie et confidente. Le geste est fort, courageux, symbolique et historique, cela reste indéniable. Avec toutes les plaies qu'elle a ravivées, toute la douleur qu'elle a réveillée en lui, cette visite est sans doute ce qui a permis à un jeune Premier ministre souvent perçu comme politiquement inexpérimenté de devenir réellement mature.
Oui, mais voilà. On ne réconcilie pas deux peuples ni deux visions politiques divergentes, voire contradictoires, du jour au lendemain. Sans passer par les sujets qui fâchent. Sans les régler en profondeur, sans tabous ni amertume mal dissimulée. Cela, l'un des députés de la minorité - pourtant favorable au déplacement effectué par le Premier ministre à Damas - l'a bien compris : il n'y aura pas de véritable normalisation des relations libano-syriennes tant que le dossier des prisonniers et disparus en Syrie n'aura pas été totalement résolu et tant que le monstre juridique que constitue le Conseil supérieur syro-libanais n'aura pas été carrément, et sans autre forme d'appel, mis à mort.
Le timing a été tellement bien choisi. À la mi-décembre, les rues de Beyrouth grouillent de voitures, les embouteillages sont monstres, les avions n'arrêtent pas de se poser, les uns après les autres, sur le tarmac de l'aéroport international Rafic Hariri, et les Libanais, de manière générale, ne songent qu'à pouvoir...
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