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Liban - Santé publique

Tentative de sensibilisation du gouvernement au fléau de la toxicomanie

Du lundi 8 décembre à hier matin, un séminaire a rassemblé à l'École supérieure des affaires (ESA) tous les acteurs, libanais et français, engagés dans le combat contre la toxicomanie. À l'initiative de l'ambassade de France, un appel à souscription a été lancé en fin de conférence pour le financement de centres de soins.
« La lutte contre la toxicomanie est une affaire de synergie. » C'est ainsi que Denis Pietton, ambassadeur de France, a introduit le séminaire sur « la coordination des stratégies pénales, sanitaires et sociales dans le traitement de la toxicomanie ». Ces trois jours ont clôturé un programme de collaboration franco-libanais financé par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (MILDT) durant l'année 2009.
Car onze ans après le vote d'une loi sur la question, prévoyant plusieurs commissions de lutte contre la toxicomanie, son application est au point mort. « La seule avancée, c'est que le toxicomane est reconnu comme un malade, ayant droit à un traitement », a expliqué le docteur Samia Ghazaoui, chef du département Pharmacie au ministère de la Santé. Mais le nombre de centres d'accueil spécialisés est très insuffisant. « La création de centres hospitaliers de désintoxication est essentielle pour la reprise des activités de la commission », a-t-elle souligné.

Recrudescence de l'usage de drogues
Instances judiciaires, policières, médicales et associatives sont présentes pour faire l'état des lieux de la toxicomanie au Liban. « La sonnette d'alarme a été tirée, argue Jean Fahd, premier président de la cour d'appel de Beyrouth. Au Liban, la consommation de cocaïne est de cinq kilos par jour, taux en constante augmentation... » Si la précision des chiffres est souvent aléatoire, la recrudescence des usagers de drogue dans le pays est certaine.
Et le juge de rappeler les modalités pénales qui suivent l'arrestation d'un usager de drogue, ou toxicomane et/ou dealer. « La loi de 1998 permet à une personne interpellée de ne pas faire la peine de prison prévue, qui va de 3 mois à 3 ans, à condition qu'elle se fasse soigner dans un centre. » Le problème est toujours le même : les lits réservés aux toxicomanes dans les hôpitaux privés sont surpeuplés, les ONG débordées. Et aucun système de soins gratuit public n'existe, que ce soit pour la désintoxication ou la réhabilitation. Les toxicomanes se retrouvent donc la plupart du temps en prison.
Si le séminaire est centré sur le traitement de la toxicomanie, « il faudrait déjà réduire l'exposition à la drogue et réduire les cultures illégales », rappelle le général Michel Chakkour, sous-directeur du département des stupéfiants, des jeux et du trafic humain à la police judiciaire. Et parier sur la prévention et la sensibilisation, domaines dans lesquels le gouvernement français entend surtout collaborer. « Lors du programme de la MILDT, vingt policiers libanais ont été formés à devenir des formateurs antidrogue (PFAD) », explique Marc Pasotti, commissaire divisionnaire attaché de sécurité intérieure à l'ambassade de France et organisateur du séminaire.

Traitement de substitution
Tout au long de ce dernier, les méthodes pénales, mais aussi médicales ou carcérales françaises ont été mises en parallèle avec la réalité libanaise. Le rôle des ONG dans la réhabilitation des toxicomanes au Liban a été longuement salué et exposé. Depuis 2004, leur nombre croît. « La question de la toxicomanie reste taboue et stigmatisée, expose Nadia Mikdashi, de l'association Skoun. 30 % des hommes incarcérés à Roumié le sont pour des problèmes liés à la drogue, faute de place dans des centres ou d'argent pour financer les soins nécessaires ». Un progrès à souligner : l'État libanais a approuvé le traitement de substitution.
À la fin du séminaire, le commissaire Pasotti, avec beaucoup de prudence et de tact, a lancé un appel à souscription. « Nous voudrions explorer ensemble la possibilité de recourir au secteur privé français et libanais pour restaurer, créer et moderniser un ou plusieurs centres », a-t-il proposé. Si le directeur général de la police judiciaire, Anwar Yehya, et celui du ministère de la Santé, Walid Amar, étaient présents et ont donné leur approbation, aucun engagement précis n'a été pris. Le président de la MILDT est attendu au Liban en février prochain. Affaire à suivre, donc.
Du lundi 8 décembre à hier matin, un séminaire a rassemblé à l'École supérieure des affaires (ESA) tous les acteurs, libanais et français, engagés dans le combat contre la toxicomanie. À l'initiative de l'ambassade de France, un appel à souscription a été lancé en fin de conférence pour le...
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